La destinée de l'Erade
Bienvenue à toi, étranger !
Œuvre du hasard ou du destin, tu viens d’arriver aux portes d’un monde nouveau, celui d’Erade ; un univers aux secrets innombrables où cohabitent des cultures différentes et où la magie se lie à chaque être, dés sa naissance. Tu connaitras l’amour, l’amitié et de grands moments que tu n’oublieras jamais mais aussi de la tristesse, une noirceur dont tu ne te connaissais pas l’existence et qui sommeille pourtant en toi. Ce monde possède des horizons différents, des histoires liées entres elles et tu apprendras par la suite que rien n’arrive par hasard. Tu peux fuir ou rejoindre l’aventure mais n’oublie jamais qu’ici, chacun de tes actes changera le cours de notre histoire, celle que l’on écrit tous ensemble, la destinée de l’Erade.
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 Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)

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Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) _
MessageSujet: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeVen 27 Nov - 19:29

Le corps sans vie d’un lieutenant s’affaissa devant le général de l’infanterie et de la stratégie de Rugillian. Le reste des officiers présents, bien qu’impassibles, n’en étaient pas moins terrorisés par le regard assassin que leur lançait le général. Questionner un ordre était déjà risqué en soi, le contester ouvertement était carrément suicidaire comme venait de le découvrir à ses dépends le corps encore tiède du dernier à avoir tenté l’expérience. Personne n’osait dire ou faire quoi que ce soit et un silence de mort tomba dans les quartiers du général… Avant qu’un officier plus téméraire que les autres ne prenne la parole, brisant le silence qui s’était jusqu’alors installé.

Sous-lieutenant Hallenus Ortavius : « Mes troupes feront comme vous l’avez ordonné mon général. Vous pourrez compter sur notre soutien et ce quels que soient les risques. Je ne partage pas l’avis de feu mon supérieur hiérarchique et j’ai une foi aveugle en vos talents de stratège et de tacticien. Comme nous tous je dirais… »

Le reste des officiers hocha la tête et plusieurs prirent la parole en même temps pour manifester leur accord. On craignait le général Caym Symanth avant de le respecter. Contrairement à son frère qui suscitait l’admiration chez ses hommes, le général de l’infanterie et de la stratégie ne s’était jamais donné cette peine… Hochant la tête tout en rengainant sa cimeterre, l’intéressé posa un regard inquisiteur sur le sous-lieutenant Ortavius avant de prendre la parole.

« Vous prenez la place de cet imbécile, Ortavius, et tâchez de suivre les ordres mieux que lui. Je ne me sentirai peut-être pas aussi clément la prochaine fois. Maintenant, si personne d’autre n’a de commentaires imbéciles ou flagorneurs à passer, nous avons du travail. Comme vous le savez, le corps d’armée le plus efficace en ville c’est le notre. Le peuple est mécontent et la situation pourrait devenir pire qu’en ce moment. Il va falloir porter un grand coup et vite. Je veux que chaque homme, chaque femme, chaque personne sous mes ordres soit prête à intervenir sur un claquement de doigt. Jusqu’à nouvel ordre, toutes les permissions sont suspendues. Tous les blessés doivent être remit en état le plus vite possible, si blessés il y a et je veux que vous doubliez tous les effectifs nécessaires à une patrouille autour de notre casernement. Maintenant, j’ai à faire. Déguerpissez et retournez à vos unités. Mon temps est précieux. Très précieux… »

Comme un seul homme, les officiers sous la charge de Caym fuyèrent, littéralement, les quartiers de leur officier de commandement. Satisfait de voir enfin de la progression dans ses petites affaires, il se surprit à sourire : la purge qu’il avait commencé à implanter au sein de son corps d’armée fonctionnait à merveille. Des simples soldats à ses plus anciens vétérans, il avait fait un ménage radical et le nombre de morts avait été significatif. Décidément, les standards de l’armée étaient bien trop généreux… faisant signe à deux fantassins (car Caym Symanth ne faisait pas confiance à la garde, uniquement à ceux qui servaient sous ses ordres) de disposer du corps et hélant d’une voix tonitruante pour un serviteur qui nettoierait le plancher, il alla rejoindre son aide de camp qui l’attendait non loin à l’extérieur.

Va faire mander une douzaine des membres de mon unité d’élite. Je veux aller voir cette souillure à la lignée de laquelle je descends qui est en ce moment dans nos geôles. Comme je ne veux pas être dérangé par ces imbéciles qui servent de gardes, je veux avoir les hommes nécessaires pour monter qui a le vrai pouvoir par les armes ici… »

Après un salut militaire impeccable, l’aide de camp alla chercher les hommes demandés et le général Caym Symanth prit la direction des cachots. Sans même s’arrêter pour s’identifier ou quoi que ce soit, il se rendit d’un trait jusqu’à la cellule de sa sœur… Arrêtée par son frère bien aimé… Dans le sens respecté évidemment. Les gardes qui essayèrent de lui barrer le chemin se retrouvèrent avec une lame sous la gorge… Et une partie des hommes mandés par le général étaient d’excellents tireurs d’élite. Faute d’avoir des mousquetaires dans ses rangs, il avait misé sur les arbalétriers… Et ces derniers pouvaient donner des leçons aux meilleurs tireurs ici bas… Le chef de la garde de la prison tenta de se faire entendre et pour toute réponse, il se fit saisir dans une étreinte de fer par le général de l’infanterie et de la stratégie qui lui jeta un regard assassin.

« Un mot de plus et je te tue. Je ne reçois d’ordre que du roi et du conseil… Et tu n’es ni un ni l’autre. Maintenant, disparais avec tes laquais et laisse-moi seul. Sergent Turonan, si quiconque tente d’entrer ici, en dehors d’un conseiller ou du roi, autrement dit si quelqu’un tente d’entrer ici sans mon autorisation, vous avez ordre de l’empêcher d’entrer et même si pour ce faire vous devez le tuer. C’est clair? »

Après un salut rapide, le bloc carcéral se vida et le général put être seul avec l’unique occupante. La tension pouvait se couper au couteau… Et il démangeait énormément au général de ne pas rappeler un de ses arbalétriers, prendre son arme et envoyer un carreau entre les deux yeux de cette personne haït… Conditionnement paternel oblige. Pendant un long moment, Caym Symanth ne dit mot, observant en fin stratège qu’il était la personne de l’autre côté des barreaux. Un demi millions de choses voulaient sortir en termes de mots, tant des insultes que des questions… Et au bout d’un interminable moment, il se décida à prendre la parole.

« Il fut un temps jadis où l’on pouvait avoir une conversation en privé avec les prisonniers sans avoir à user de moyens aussi drastiques. Mais bon, c’est sans intérêts et sans importance. Venons-en au fait : je suis déçu que ce soit notre frère qui t’ait mit la main au collet… J’aurais voulu avoir cet honneur… Mais bon, tu dois te douter du pourquoi. De nous trois, j’ai toujours été le petit malin de la famille, le stratège, le planificateur. Celui qui réfléchit malgré un tempérament de feu, comme l’élément de ce royaume… Et en ce moment, ce sont des questions que j’ai à poser, malgré l’envie difficilement répressible de te mettre un carreau d’arbalète entre les deux yeux. Père serait si fier de moi si j’étais celui qui finissait le ménage de l’énorme tache qui souille l’arbre généalogique des Symanth… Mais ce serait lâche. »

Malgré la petite voix qui lui disait de mettre de côté la… Diplomatie pour les actes, il se disait que si Sparda et ses hommes n’avaient pas fait le travail, ce n’était pas nécessairement à lui de le faire non plus… Et il était bien trop désireux de l’entendre proférer ses mensonges pour se priver de ce petit divertissement. Ensuite, seulement ensuite, il finirait le travail, deviendrait le préféré de leur père et qui pouvait savoir, héros du royaume… tout un programme en perspective…


Dernière édition par Caym Symanth le Dim 29 Nov - 16:35, édité 3 fois
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Luhiel Symanth

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Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) _
MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeDim 29 Nov - 15:41

Se réveillant à peine d'un cauchemar sans nom suite à sa malheureuse chute, Luhiel avait un mal de crâne carabiné et aucune envie de comprendre ce qui se passait. Plongée dans sa torpeur elle avait senti qu'on l'a transportait on ne sait où, mais trop faible à cause du choc violent de la taverne, elle n'avait pas opposé de résistance tant que ce n'étaient pas des mains malsaines. On l'avait transportée comme un sac de patates et balancée sur sa couche comme un poids mort... elle s'était rattrapée in extremis sur le mur pour ne pas à nouveau se faire mal, cependant cela avait plus tenu du réfléxe et de l'instinct de survie que d'une action calculée. Quelques blessures d'usage furent les présents des soldats qui la rossèrent, probablement en vengeance des coups bien sentis échangés un peu avant. Cependant aucun d'eux n'avait osé la toucher, probablement parce que les ordres venant d'en haut l'avaient ainsi voulu. Les cheveux blonds virant rouge à cause du sang qui commençait à coaguler, et faible parce qu'elle se retrouvait sans repères, Luhiel survivrait mais aurait besoin d'un temps pour se reprendre... surtout pour ce qui était de ses facultés intellectuelles. Tentant de reprendre des forces depuis son arrivée, elle demeurait dos au mur, le souffle court et les paupières fermées. Aucune tristesse pas plus que de la résignation... juste la patience de celui qui sait que son heure viendra. Et la vengeance serait à la hauteur de sa migraine, elle se le jurait.

Pourtant étrangement une voix se fit entendre, ainsi que pas mal de grabuge dans les couloirs... Qu'y avait-il encore? Encore une volée de prisonnières qui allait débarquer?? Non... c'étaient des hommes, et de par le cliquetis, c'étaient sûrement des soldats. Merde... tout ce qu'elle demandait c'est qu'ils ne viennent pas pour elle, elle avait besoin de rester tranquille dans son coin. Celui qui donnait des ordres était en train de beugler comme un âne, ou du moins c'était l'impression que ça lui donnait si on alliait l'acuité de son ouïe à son mal de tête... Mais quelque chose de plus dérangeant encore lui titillait les neurones. Cette voix... c'était trop familier pour être une coïncidence. Sparda à nouveau? Était-il venu lui rendre une visite de courtoisie? Non... ça y ressemblait fort mais ce n'était pas lui. Quelque chose de froid dans la tonalité, d'impérieux dans l'autorité, de presque noble... Merde. Les Dieux semblaient vraiment vouloir s'acharner sur elle aujourd'hui. Voilà qu'après le surexcité impulsif, on aurait droit au glaçon pompeux. Par les pénates Malariannes... Voilà qu'en plus il dispensait les rampantes choses les suivant. Elle aurait en plus droit à la discussion formelle en tête à tête, quel plaisir infâme !

Il est vrai que la demoiselle avait beaucoup changé, et il aurait certainement un choc en la voyant. Elle n'était plus la chétive gamine de treize ans avec ses nattes jumelles descendant infiniment... elle n'était plus cet enfant angélique aux prunelles infiniment bleues qui donnait des envies de protection à tout ce qui l'entourait, elle n'était plus cette fillette fragile qui avait tant subi lorsqu'il se débrouillait pour laisser ses consanguins assumer sa part de punition. C'était devenu une femme vigoureuse et en armure bien qu'elle ait été dépouillée de sa colossale épée... C'était une guerrière et cela transpirait par tous ses pores... Et ce n'était pas la seule chose qui se faisait ressentir. Outre la tension évidente, la geôle était glaciale... au sens propre du terme. Les murs étaient couverts d'une fine couche de givre, et sur les barreaux de la fenêtre unique les gouttes de rosée s'étaient figées en des mini stalactites. Ouvrant un seul œil (l'autre étant ensanglanté), Luhiel ne bougea pas et dévisagea celui qui était son frère aîné d'un œil critique. Ouais il avait du style, ça ne s'était pas perdu avec les années... mais ses airs faussement nobles alors qu'il était aussi paysan qu'elle lui insupportaient. Quel pathétique pédantisme ! Attendant résignée l'ouverture des hostilités, la Malarian s'était déjà faite à l'idée d'être encore une fois bafouée et insultée comme l'avait fait Sparda. Oui certes ce serait sûrement avec un peu plus de subtilité, mais dans ce genre de cas elle préférait encore la franchise ouverte que cette espèce de vipère sournoise qui lui faisait face. Le silence régna alors en maître quelques instants paraissant trop longs, jusqu'à ce qu'il parle enfin... mais ne soit interrompu en plein milieu de manière volontaire par un faible murmure las, qui pourtant n'avait rien à envie à la froideur ambiante.

- Le malin, le stratège, le planificateur... autant dire le faux cul, le lâche et l'égoïste. Mais oui, je suppose qu'on ne peut pas t'enlever l'intelligence, dommage qu'elle ne soit utilisée qu'à mauvais escient. J'aurais cru également que vous passeriez votre temps à des jeux plus amusants et constructifs que simplement voir qui est capable de la plus grande lâcheté en usant de ses hommes pour me mettre une rouste. J'aurais cru que vous seriez capable d'avoir le courage de le faire vous mêmes, mais visiblement je me suis trompée. Je m'attendais à plus d'honneur venant de ceux qui sont si fiers de porter le nom de Symanth! Père ne serait pas fier de toi d'user de la facilité pour exterminer un ennemi, mais après tout je te laisse rendre culte à ton Dieu de pacotille comme il te plaira, tu sais sans doute mieux comment interpréter ses sacro-saintes paroles. Enfin... Trève de balivernes et autres sornettes dont tu détiens aisément le monopole. Si tu n'as pas encore pris la décision de me tuer tant que tu le peux, que veux-tu... frère?

Douce ironie qui ne manquait pas d'air, surtout qu'en cette position de faiblesse, elle n'était pas vraiment en passe de pouvoir se défendre si il décidait faire appel à la force. Quoi qu'il en soit, tout cela prouvait bien qu'elle n'était plus la même... plus de douceur séraphine, plus de soumission à la figure paternelle... sur laquelle elle crachait sa verve, abondamment et avec plaisir. Cependant bien que son côté féminin demeure, elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa mère, Hielyn Symanth... ciment du bonheur familial qui s'était évanoui en donnant naissance à sa seule fille. Détractrice des jumeaux et coupable de tous les crimes, elle avait posthumement été chargée de toutes les fautes, et des faiblesses de Gil... Alcool, violence et à l'occasion drogue...
Mais Luhiel elle ne comprenait pas pourquoi toutes ces accusations... la dernière chose dont elle gardait le souvenir c'était de ses deux frères partant pour intégrer une armée inconnue, quittant ainsi l'Otian définitivement. À cette époque ils étaient encore en de bons termes et les deux grands frères étaient protecteurs à souhait, surtout Sparda. Mais depuis elle était partie elle aussi, appelée par le feu Malarian, choisie parmi tout le royaume afin de servir la Justice. La demoiselle avait trouvé là la parfaite porte de sortie pour fuir le foyer et la tyrannie devenue exacerbée de son père, maintenant qu'elle était devenue la seule à l'endurer sans devoir partager les pénitences... Mais seulement ses frères gardèrent un lien et gagnèrent la fierté patriarcale, alors qu'elle avait été vendue telle une chose, un bien dont on a juste du mal à se séparer. Un fossé désormais créé entre elle et ses aînés était visible, même si elle en ignorait encore les raisons... douloureuse évolution...
Désormais une seule question demeurait opérante: Qu'en serait-il maintenant?
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Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) _
MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeDim 29 Nov - 16:21

Un sourire aussi glacial que la température de la geôle se dessina sur les lèvres du général de l’infanterie et il aurait bien laissé échappé un petit éclat de rire si cela n’avait pas été donner crédit à cette sœur haït, conditionnement paternel oblige. Non… Au lieu de lui donner cette satisfaction, le stratège de Rugillian se contenta de la regarder de ce regard calculateur tant haït, celui qui avait toujours été associé à une punition de plus qu’il s’éviterait… Sauf que cette fois le regard calculateur faisait le détail des changements chez sa sœur cadette. Oui, elle était devenue une fière guerrière, un peu ce qu’il avait toujours espéré, bien que cela alla complètement contre les principes de son père. Il restait curieusement une once d’amour fraternel au milieu d’un maelstrom de haine… D’ailleurs, quand il répondit, ce fut le fantôme d’un bon sentiment qui passa dans la voix du général… Et cela le fit se raidir imperceptiblement. Il pensait avoir depuis longtemps torturé à un tel point cette part de lui-même à suivre aveuglément une foi creuse qu’elle en était définitivement morte… Apparemment il n’avait pas été assez drastique, assez expéditif dans ses méthodes… Ce qui était peut-être un bien.

« Allons petite sœur… N’ajoute pas au poids de tes fautes l’imbécillité. Nous savons tous les deux que là où vont mes hommes je vais et que je me bats avec eux sur le terrain. C’est dans le grand jeu de la politique que je prends ces défauts, jamais dans le fracas de l’acier et du hurlement des mourants... Et tu peux me croire, si je t’avais mit la main au collet avant Sparda, j’aurais tué n’importe lequel de mes soldats qui aurait voulu m’enlever le privilège de te faire la peau. Si ce n’était pas du ressort de la haute trahison, j’irais faire quérir le meilleur guérisseur du royaume, je te ferais soigner et je te montrerais que je suis parfaitement capable de venir à bout de toi sans escorte ni soutien. J’ai changé moi aussi… Mais pourquoi me est-ce que je me donne la peine de le mentionner? Tu es une sale égoïste qui nous a abandonné, tu ne penses donc qu’à ta petite personne… Pendant des années j’ai gardé dans un coin de ma tête le fait que ce put être une erreur d’interprétation des dogmes de notre père… Mais à t’écouter parler, je ne sais pas si c’est un soulagement de savoir que j’avais tort… Ou un grand sentiment de perte. Quoi que… Non, tu n’apprécierais pas la douce et cruelle ironie que je me suis moi même imposé pour être sûr et certain de ne jamais t’oublier. »

Laissant échapper un reniflement dédaigneux, le général Symanth sembla batailler ferme avec lui-même pendant un instant, comme si, derrière le mur réputé infranchissable érigé par des années de propagande paternelle était assaillit par le petit Caym qui vivait encore derrière, celui qui aurait volontiers ouvert la porte de la geôle pour prendre sa sœur dans ses bras… Mais ce Caym là resterait enfermé également pour toujours, il ne pouvait se soustraire à la volonté de son père… Et il ne voulait pas décevoir Sparda non plus. Il avait déjà perdu une sœur… C’était amplement suffisant.

« Apparemment… J’avais raison. Tu te souviens sans doute de comment je t’appelais lorsque nous étions encore enfant. Petit roseau. Te souviens-tu du pourquoi? Sans doute. C’était une fable bien connu dans notre royaume d’origine. Le chêne et le roseau par le grand poète De La Fontaine… Je l’ai toujours dis, tu plies mais tu ne romps pas. Tu es plus forte qu’on ne le pense. Combien de fois aies-je été derrière toi jadis malgré ma traitrise ponctuelle pour m’éviter les emmerdes? J’ai toujours fait amende honorable auprès de toi, pour autant que je me souviennes. C’était le bon temps… »

Tic nerveux remontant à des années en arrière : quand Caym Symanth en avait sur le cœur, c’était systématique, il grattait une vieille cicatrice qu’il avait à la main droite. Immanquable, coup sur coup, il grattait cette cicatrice. Si Luhiel pouvait entendre l’écho du combat intérieur de son frère, sa tête explorait sûrement sous l’intensité du vacarme… Bien que Caym arbora encore le masque tant connu et hait de sa sœur… Si elle se concentrait suffisamment, elle pourrait voir les craquelures de ce dernier, ce qui différenciait Caym en mode défensif de Caym, frère dévoué et aimant.

« Pourquoi nous as-tu quitté et trahis, petit roseau? La perte de mère ne suffisait pas? Il fallait que tu fasses montre de faiblesse toi aussi? Tu n’as pas idée de la punition que je me suis prise en te défendant au début, refusant de croire que tu puisses nous avoir laissé tombé toi aussi. Toutes ces nuits à me questionner, mon esprit lentement rongé par un sentiment de gratitude et de dévotion envers notre géniteur… Jusqu’à ce que même les souvenirs changent et se transforment pour devenir ce qu’il nous disait être… Je suis loin d’être exempt de toute faute, petit roseau. Loin de là et de nous trois tu as toujours été la plus droite et la plus pure, battant Sparda sur ce terrain. Tu ne m’as même pas écrit pour me dire au revoir, tu as disparu du jour au lendemain… Pourquoi avoir fait une telle chose? Je ne fus peut-être pas le frère idéal… Mais tu sais que je ne t’aurais échangé pour rien au monde malgré nos disputes… Pourquoi, petit roseau, pourquoi? »

Nouveau tic imputable à Caym Symanth quand il avait peur. Pas des coups, pas des mots, non, on pouvait le blesser de toutes les façons sans qu’il ne bronche. Cependant, Caym Symanth, dans ses illusions de grandeur et de noblesse, avait toujours été mortifié à l’idée d’avoir fauté face à sa famille. Certains disaient qu’il était plus loyal à sa famille qu’à la couronne… Et il aurait sacrifié sa carrière pour les siens, c’était on ne peut plus vrai. Pendant totues ces années sans Luhiel, il s’était demandé ce qu’il avait ait de mal. Il avait été traître et retors oui mais tant Sparda que Luhiel avait comprit le pourquoi, cette peur obsessionnelle de l’échec et du déshonneur face à la famille. Ila vait fait de son mieux pour se racheter et être un meilleur frère… Combien de nuit s’étaient soldées par Caym se réveillant en sursaut, cimeterre à la main, se débattant contre des fantômes issus de ses pires hantises pour se retrouver avec des draps déchirés, un oreiller crevé et le corps en sueur? Combien de fois avait-il prié à aucune divinité spécifique plutôt toute et aucune pour des réponses, pour le retour de sa sœur? Oui il la haïssait, on l’avait conditionné à la détester. Mais d’un autre côté, la peur elle ne partait jamais vraiment, elle restait là et vous dévorait les entrailles. Il pensait s’y être suffisamment préparé mais non… Apparemment non. Ah et ce tic? Il touchait une autre cicatrice, sur la gorge cette fois, toujours cachée par le gorgerin de son armure. Mais Luhiel connaissant très bien son frère, elle ne manquerait pas de le remarquer. Le gros problème de Caym? Souvent il pensait trop et cela avait son lot d’inconvénients. À trop vouloir se cacher derrière un masque, son subconscient laissait voir ce genre de tics malgré toute sa volonté de vouloir les réprimer. Curieusement, ces tics ne se déclenchaient que devant les membres de sa famille sans qu’il ne puisse l’expliquer…

Il attendit donc, déchiré par un sanglant conflit interne, la suite des paroles de Luhiel, sa petite sœur, son petit roseau, espérant des réponses auxquelles son brillant intellect n’avait jamais trouvé de réponses…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeDim 29 Nov - 17:42

Luhiel fronça les sourcils d'un air intrigué... et le geste lui arracha un léger grognement car la peau blessée lui faisait mal. Bon, il faudrait faire sans les habituelles démonstrations faciales... Ce qui en soit était assez handicapant pour quelqu'un qui à l'origine était si spontané. Mais avec les années et les épreuves tout l'avait écartée de cette ancienne fillette rêveuse, suivant son père par fidélité lors des longues parties de chasse... lors des interminables mises à mort de loups et autres créatures innocentes qui n'avaient rien fait d'autre que d'être au mauvais endroit au mauvais moment... ou de ne pas courir assez vite. Qu'auraient dit Sparda et Caym en voyant à quel point la jeune fille qu'elle était perdait son entrainante joie de vivre de jour en jour, en voyant comme elle se faisait robotique et machinale pour se construire une carapace, un rempart aussi futile et fragile soit-il pour l'empêcher de sombrer dans l'horreur provoquée par ces effluves de sang? Qui sait... peut être auraient-ils fini par approuver les traitements paternels en leur reconnaissant je ne sais quels mérites?... Soupirant d'une lassitude lourde, Luhiel se sentait peinée par ce qui allait venir, mais elle s'interdisait sommairement de le démontrer par quelque biais que ce soit. Elle avait commis cette erreur avec Sparda mais elle ne recommencerait pas... surtout que la véhémence de ses insultes lui était encore restée dans l'oreille... comme un navet que l'on repasse sans fin par habitude. Pourtant les paroles et le ton de Caym fut agressif mais... ambigu. Ses paroles ne tardèrent pas à lui répondre, bien que malgré sa véhémence, son ton soit plat et monotone... le ton de celui qui économise ses forces pour ne pas en oublier de respirer.

- Je ne suis pas plus imbécile que les crédules se prosternant béatement et aveuglément devant les idoles éphémères d'un Dieu déchu. Par ailleurs je n'ignore pas ton énorme envie de te battre et prouver au monde entier ta suprématie... tu n'as certainement pas perdu les vieux réflexes qui faisaient de toi ce que tu étais. Et puis de quel droit m'accuses tu d'égoïsme...? N'est ce pas vous, toi et Sparda qui êtes partis dans un au revoir bref sans jamais avoir écrit le moindre mot... j'ai longtemps attendu... mais jamais je n'ai lu un mot de toi pas plus que de lui. Ensuite j'ai été en exil pendant 7 ans... et je n'avais que 10 jours par an pour retrouver l'extérieur...J'étais censée voir la famille, mais qui m'attendait dehors? Personne ! C'est vous qui êtes partis les premiers, mais c'est moi qui vous ai abandonné... De quelle subtile logique tu fais preuve, frérot... Seulement c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Bien sûr je n'ai pas adressé de missive à père, mais comment pourrais-je regarder en face quelqu'un qui m'a vendue telle une vulgaire marchandise? Non... plutôt que de déshonorer la famille par un crime parricide, je préfère m'éloigner de notre domaine et ne plus jamais le revoir. Voilà la raison, la vraie raison qui m'a écartée de lui.

Profondément essoufflée car elle fut trop tentée d'accélérer le débit de sa tirade sur la fin, comme de peur que Caym ne veuille pas l'écouter jusqu'au bout, la demoiselle voulait s'assurer qu'il entende tout, même si très probablement il nierait tout en bloc et refuserait ne fusse que de concevoir ce qu'elle lui apprenait. Bien sûr jamais il ne la croirait, surtout qu'elle contredisait ouvertement la parole de leur père. Toussant suite à son impatience téméraire, elle se plia en deux pendant quelques instants, secouée par cette quinte qui lui fit cracher un peu de sang. Voilà ce qui arrivait quand on se faisait passer à tabac sans chances de se défendre... Jurant entre dents, elle se redressa dignement, ne voulant surtout pas d'aide pour s'en sortir... mais son unique œil ouvert ne quittait pas chaque geste de l'Acrimonieux. L'écoutant aborder les vieux souvenirs, elle serra pourtant les dents... car c'était réconfortant et aigre-doux, dans un mélange indissociable et paradoxal lui remuant les tripes. Le voir tenir les mêmes gestes qu'il y a plus d'une décennie était touchant, mais elle ne savait pas encore si elle pouvait vraiment se permettre d'être attendrie... car si jamais elle avait un geste plus affectueux ou pacificateur il risquerait de mal l'interpréter, l'accusant de manipulation ou autre ineptie. Luhiel se devait de rester sur la défensive... c'était devenu une question de survie.

- Pourquoi me parler de Mère? Crois-tu que je ne me sente pas assez coupable d'avoir causé sa mort? Crois-tu que je n'aurais pas aimé avoir votre chance d'avoir vu son visage au moins une fois?? Que sais-je d'elle au fond? Ce que père a bien voulu en dire, soit rien du tout. Je sais son prénom et je sais qu'elle me ressemblait puisque évidemment vous me détestez tous pour cela... Mais en ai-je fait le choix?? - sa voix s'éteignit un instant, voilée de regret.
Je n'ai pas eu le choix de vous contacter physiquement, et je vous ai laissé des lettres, gardées par père... Mais on dirait encore une fois qu'il a décidé de faire sa loi. Tu peux croire que je te mens, mais réfléchis un instant avant de m'accuser, qu'aurais-je à gagner à faire ça maintenant? Je ne crains pas pour ma vie, de toute façon je mourrai bien à un moment où a un autre... probablement et de préférence sur le champ de bataille. Alors fais comme ça te chante, continue de croire les évidences forgées par lui, ou décide de croire ce que voient tes yeux et te dicte ton cœur. Crois tu que je sois dans cet état parce que je ne sais pas me battre, ou tout simplement parce que j'ai refusé de porter la main sur notre frère...?

Retournant à son silence pesant tout ramenant un genou contre sa poitrine pour s'appuyer, elle y posa sa tête pour éviter de la laisser retomber mollement et se cogner... Dieux que cette dernière semblait bourdonner... pâle comme un fantôme, elle commençait à sentir le stress d'être enfermée entre quatre murs trop proches les uns des autres... mais elle ne pourrait jamais l'avouer, même sous la torture. De toute façon elle n'avait même pas le temps de se poser autant de questions qu'elle ne devrait d'après la situation étant donné que son cerveau mal oxygéné ne voulait plus fonctionner à plein régime. La main se portant naturellement à l'arrière de son crâne, elle toucha la blessure poisseuse d'un discret gémissement plaintif... Ça c'était rouvert... génial. Prions donc juste pour qu'elle ne reperde pas connaissance avant la fin de la conversation, ce serait... pitoyable.


Dernière édition par Luhiel Symanth le Lun 30 Nov - 2:07, édité 1 fois
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Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) _
MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeDim 29 Nov - 18:26

« Mais je t’ai écris! Si tu savais le nombre de messagers que j’ai soudoyé pour que mes lettres se rendent, combien de litres d’encre ont passé en missive… Le boisé dans lequel nous avons si souvent joué aurait pu passer en feuilles tant j’ai écris. Des histoires et des récits, comme quand nous étions enfant, des missives pleines de mots réconfortants, des petits mots d’encouragement pour toi… Je porte encore les marques d’avoir fait passer la famille avant l’armée et les dieux seuls savent combien de fois j’ai échappé in extremis à un officier de quart pendant que je faisais livrer toutes ces lettres… Comment peux-tu croire ne serait-ce qu’un instant que je t’aurais laissé tombé? Je t’ai même donné plusieurs rendez-vous suivant mes permissions… Et c’est à chaque fois le cœur brisé que je suis repartis, ayant eu le vain espoir de t’attendre. Tu le sais. J’ai toujours tenu à toi. Malgré les mots de père, malgré ce qui fut dit contre toi… Je voulais tant te revoir… C’en est devenu une obsession avant que l’amour fraternel ne tourne aux envies de meurtre, produits de la propagande de père… Veux-tu voir à quel point j’ai tout tenté pour me rappeler ton souvenir? Tu veux voir jusqu’où ton frère est allé pour retrouver cette sœur perdue, tant aimée et paradoxalement haït? Je ne sais même pas si j’aurais le courage de te le montrer et je doute même que… »

Le général s’interrompit dans sa tirade en voyant sa sœur cracher du sang et on pu pratiquement entendre son cœur se déchirer entre amour fraternel et haine commandée… Il tendit la main, toucha les barreaux… Et ce fut comme s’il avait reçu une décharge électrique. Luhiel pu alors distinctement l’entendre murmurer lui avait répété à lui et à son frère pour les conditionner à haïr leur sœur… Non pas qu’il ne voulait pas retrouver ce lien perdu. C’était hors de propos. Simplement… Dans l’état actuel des choses, sa tête et son cœur se livraient un furieux conflit. Entre obligations filiales et devoirs de frère… Plongeant la main dans une bourse pendue au côté de son armure, il en tira une petite fiole avec laquelle il joua pendant un long moment. Moment pendant lequel il gratta longuement la cicatrice qu’il avait sur la gorge… Il était excessivement rare que Caym Symanth ne trouve solution à un problème mais Luhiel comme Sparda savaient en reconnaître les signes avant coureur. Cela finissait par une crise de panique : respiration irrégulière, transpiration abondante, étourdissements… Si habitué à planifier, si conditionné par sa propre personne à tout anticiper, à tout prévoir, quand une brèche se présentait dans sa belle vue d’ensemble, il était incapable de le tolérer, de l’accepter. C’était arrivé une fois dans leur jeunesse où par accident, Luhiel avait mangé une baie toxique pour les humains et que les connaissances de bases de Caym n’avaient pas suffit, sur le moment, à apporter de solution. Ironiquement, ce fut une Luhiel affaiblie qui avait soutenu son frère en panique… Et au final, Caym avait trouvé la solution. Il n’en avait jamais parlé à leur père et Caym ne l’avait jamais dit ouvertement, se réfugiant derrière son masque mais imaginer la vie sans son frère ou sa sœur lui était insupportable. Et cela lui avait valut bien des ennuis avec son père par la suite. Le Caym conditionné à détester sa sœur entendit le Caym qu’il tait supposé avoir éliminé prendre la parole.

« Je ne te perdrai pas. Pas encore une fois. J’en serais incapable. Comment pourrais-je vivre la conscience tranquille en me sachant l’architecte de ta destruction? Je dois t’haïr, père en a voulut ainsi. Mais en mon âme et conscience je l’entends encore. Elle qui nous disait de prendre soin de toi… Dès que la haine est trop forte je l’entends nous dire de veiller sur toi… Mais j’entends aussi notre père m’exhorter à t’oublier et à développer un sentiment de haine… Peut-on demander à un frère de commettre une telle atrocité et à un fils un tel crime que de désobéir à son père? Je ne sais pas, je ne sais plus… »

Ce furent deux moitiés de Caym qui luttèrent : l’une lui hurlait à la trahison, l’autre de le faire car c’était la chose à faire. Le oui l’emporta sur le nom et le général posa la fiole du côté des barreaux de sa sœur. Elle put voir sans mal tous les efforts que Caym déployait pour faire ce qu’il aurait fait de façon naturelle une décennie plus tôt… Il fallait donner du crédit à leur père, il avait merveilleusement bien travaillé pour faire de ses fils les marionnettes de sa colère… Mais pas assez pour supprimer totalement l’instinct fraternel qui habitait et qui avait toujours habité Caym Symanth…

« Prends, cela va t’aider. C’est une potion de soin. Tous les officiers de l’armée sont tenus d’en avoir une sur eux à tout moment en cas d’attaques en traitre… Et pour le cas où un soigneur ne serait pas à portée de main. Pour en avoir fait un savant usage lors de diverses campagnes, je peux te garantir que c’est efficace. Ne le prends pas, je t’en supplie, ne prend pas mon geste pour de la pitié. Et tu sais lire en moi mieux que quiconque ici. Tu sais que je n’essaie pas de te tendre un piège. Tu connais mon esprit retors… Tu en as si souvent fais les frais… La partie en moi qui continue de nourrir ce lien qui nous unit, ce que je fus jadis… Je ne peux supporter de te voir dans un tel état. Et à dire vrai, même la partie de moi sensée t’haïr trouve la chose… Improbable, impensable… Tu parles de retrouvailles, pas vrai petit roseau? J’aimerais savoir quoi faire c’est le bordel en moi… Un maelstrom chaotique et conflictuel, je… »

Étape un : les étourdissements. Il lui sembla que la pièce commençait à bouger toute seule et malgré tout ses efforts pour tenter de stabiliser sa vision, rien n’y fit. Il connaissait cet état et le craignait comme la peste. Il perdait possession de ses moyens devant l’absence de lumière au bout du tunnel. S’agrippant aux barreaux pour garder un semblant d’équilibre, il dû en lâcher un pour s’éponger le front soit l’étape deux, la transpiration abondante. Ensuite, ce fut comme si on lui avait envoyé un coup dans les jambes car il s’effondra comme une masse de son côté des barreaux. Étape trois : respiration irrégulière. Caym regardait Luhiel et il cherchait une solution au dilemme qui le rongeait comme de l’acide. Mépris, compassion, peur, joie, haine… Tous les spectres des émotions humaines dansaient de manière endiablés dans sa tête sur fond de son père qui criait quelque chose d’incompréhensible et le fantôme de sa mère qui disait quelque chose d’un ton plaintif qu’il ne put entendre… Il cru entendre Luhiel lui parler… Mais ce devait être un effet de la crise. Luhiel était partie… Partie pour toujours. Jamais il ne reverrait son petit roseau… Dans sa confusion, ce fut comme s’il cauchemardait en étant éveillé et au milieu de l’horreur il revoyait ce qui l’avait tant de fois fait se réveiller trempé de sueur : une pierre tombale nue avec le nom de sa sœur dessus et avec pour épitaphe le récit de la trahison de son frère Caym…

Tout s’entremêlait dans cet esprit où la froideur et la logique avaient toujours tout fait pour garder en joue tous le reste, comme des animaux en cage ou des prisonniers dans un cachot. On n’échappait pas à ses démons et à ses squelettes : le destin avant voulu que la rencontre se fasse ici et maintenant avec les conséquences que cela pourrait avoir… Pour le meilleur et pour le pire, maintenant et à jamais, jusqu’à ce que la mort les sépare…


« Luhiel... Luhiel... Reviens petit roseau.... Je t'en prie, reviens...»

Implora le général dans sa confusion.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 30 Nov - 4:19

Si Luhiel avait tendance à se laisser porter par sa méfiance exacerbée, elle n'en sentait pas moins que celle-ci était caduque dans ce cas. Même un fieffé menteur comme Caym ne pouvait simuler pareille véhémence, et de toute façon ses sens décuplés lui auraient apporté les preuves irréfutables de sa culpabilité si tel avait été le cas. Seulement non, rien ne se passait comme elle l'aurait espéré ou voulu... Leurs retrouvailles n'avaient dans leurs circonstances rien à voir avec la douceur pacificatrice dont elles devraient être chargées... Non pour l'instant ce n'était qu'un complet listing de reproches réciproques, une sorte d'incompréhension mutuelle qu'ils auraient simplement aimé bannir d'un revers de main,... mais qu'ils ne pouvaient pas ignorer car elle baignait trop durablement dans l'idée qu'ils s'étaient faite l'un de l'autre pendant la dernière décennie. Comment revenir en arrière, comment remonter le sablier du temps pour le faire rebrousser chemin et leur rendre leurs candides enfances perdues...? Ils avaient pourtant sept ans de différence, mais en réalité ils avaient quand même traversé les mêmes obstacles, seule l'adolescence et leurs respectifs départs avaient causé cette scission dans leurs vies, les amenant à creuser un fossé sans même le savoir. L'ironie de la vie qui avait voulu faire d'eux des vulgaires pions, de banales marionnettes que Gil Symanth avait instrumentalisé à sa guise sans rendre de comptes à personne. Où était donc la Justice... l'Honneur tant de fois prôné au dessus de toute autre valeur, et brandi fièrement en bannière? Sûrement perdu quelque part dans le gouffre de son égo démesuré d'ivrogne et éternel veuf. Comment avait-il pu leur faire vivre pareil calvaire juste par chagrin?

Le destin pour autant qu'il existe avait voulu que Luhiel connaisse également les silences et solitudes causés par le veuvage, mais jamais elle ne pourrait blâmer ou déverser son mal être sur d'autres personnes pour se sentir mieux. Jamais ce ne serait pour elle une option de s'en prendre gratuitement à des gens innocents, encore moins pour des raisons personnelles aussi privées. Femme discrète et renfermée à cause des épreuves traversées, elle était devenue une fervente défenderesse des principes qui lui étaient chers et s'était noyée dans le travail et les dangers pour oublier. Son surnom de "  La Suicidaire " en témoignait encore mieux quiconque...
D'ailleurs malgré la totalité des muscles qui lui faisait mal la demoiselle ne se plaignait pas, et malgré la difficulté, elle se gardait de montrer partie faible et ravalait les grimaces. Uns simple réponse pudique démontra qu'elle était touchée par ce discours qu'elle n'aurait plus depuis longtemps espéré entendre avant sa mort...

- Je ne vous ai jamais oubliés, jamais. J'ai tant espéré vous retrouver...

La toux lui avait scellé les lèvres mièvres, pendant quelques instants avant qu'elle ne reprenne difficilement ses esprits et son souffle. Mais ce qui lui importait réellement était loin d'être si terrestre, si anodin et bancal. Ce qui occupait son esprit était simplement le besoin impérieux et faire taire cette inquiétude que tout ne vole en éclats d'un instant à l'autre. Comment pourrait-elle supporter de se rendre compte que tout cela n'était qu'un délire onirique, qu'une espèce d'hallucination procurée par le choc? Comment s'en relèverait-elle? Jamais elle ne pourrait. Trop fatiguée pour se perdre en élucubrations et autres divagations diverses, elle laissait vaguer son regard sur le visage désormais adulte de son consanguin, examinant sa silhouette ferme et pour le moins masculine. Elle se demandait même si désormais il avait trouvé une femme et des enfants... Comme leur père l'aurait souhaité. Prolonger la lignée, voilà encore une jolie de ses lubies. Heureusement qu'il n'avait pas su pour... Pourquoi fallait-il toujours qu'elle ne revienne toujours à ce même point... inévitablement? Merde.
Expirant profondément, elle glissa une œillade inquiète vers le damoiseau... Interdite et soucieuse à la fois, la Malarian tenta de se pencher vers lui tout en ignorant ses plaintes musculaires... prenant appui sur le sol crasseux de suie recouverte de givre, elle fit de son mieux pour s'enquérir de son état...Fatiguée autant moralement que physiquement, la blondine se demandait ce qu'il fallait qu'elle fasse d'une part pour améliorer leurs rapports et d'autre part pour répondre à cette nécessité de trouver enfin un semblant de tranquillité d'esprit, une certaine paix qu'elle recherchait depuis un an et demi maintenant, en vain.

- Fais ce qui te semble Juste, frère. Je n'ai plus la force morale pour lutter... contre père bien sûr je peux toujours puiser dans la révolte et la colère, mais contre vous que puis-je? Que puis-je faire pour apaiser vos ressentiments après tant d'années sans une seule chance de m'expliquer? Quel crédit peut bien avoir ma parole face à la sienne? Tu ne me perdras pas non... et tu ne m'as jamais perdue en réalité. Mais il se peut que moi je vous aie perdu depuis longtemps déjà, ce pourquoi si tu décides de te laisser aller à la haine, je ne t'en empêcherai pas. De toute façon plus rien ne me retient... On ne peut pas faire souffrir quelqu'un qui n'a plus rien à perdre...

Les prunelles saphir ou plutôt l'une seule d'entre elles se posait sur Caym de manière fiévreuse, étudiant tantôt la mine angoissée, tantôt les tremblements... en bref tous les signes avant coureurs de ce qui pourrait être une catastrophe si jamais elle ne parvenait pas à trouver un moyen de le calmer. Pourtant elle ne savait pas trop quoi faire, surtout en prenant en compte le fait que son côté suspicieux risquait de prendre le dessus à tout instant. Peut être croirait-il qu'elle tentait de le ramener à sa cause ou bien qu'elle tentait de l'endormir pour mieux s'évader. Cependant cette dernière idée sonnait presque rigolote étant donné que s'enfuir dans son état sous la barbe d'un Général était pour le moins ironique. Ceci dit pour l'instant il n'avait pas tenté de l'agresser pas plus qu'il ne l'avait accablée de paroles dures, alors elle n'avait aucune raison de se plaindre. La question était juste de savoir combien de temps durerait l'accalmie...
Une fiole fut alors déposée à terre... une simple potion qui pourtant relevait un bon nombre de questions dans sa tête. Que devait-elle penser de cette simple offrande témoignant de manière contradictoire de ses égards? Certes oui elle ne doutait pas qu'il n'userait pas d'un moyen aussi bas que le poison s'il désirait la faire passer de vie à trépas, cependant c'était troublant de passer d'un extrême à l'autre en si peu de temps. Faisant des tripes bon cœur pour ne pas trop y réfléchir, elle décapsula rapidement la boisson et l'avala d'un trait en espérant que cela ferait rapidement effet... mais tout dépendait de sa qualité... Et elle en ignorait tout. On verrait bien de toute façon quelle importance?

Tentant alors de le calmer, elle se rabattit sur l'expression de son faciès se voulant réconfortant, dépourvu de toute ombre de reproche ou de rancune. Au fond même si elle s'était sentie abandonnée depuis des années, elle ne pouvait pas leur en vouloir maintenant qu'elle voyait le capharnaüm qu'était devenu leur jugement biaisé par les règles strictes qui leur avaient été inculquées... Maladroitement elle tenta de s'approcher plus, mais manqua de se casser lamentablement la tronche car ses bras peinaient à la soutenir. Pourtant paniquée à l'idée de le voir souffrir sans pouvoir l'aider à en sortir, la demoiselle serra les dents un grand coup et se lança en avant dans un mouvement qui ressemblait fortement à une manière de ramper. Lasse mais digne, la guerrière faisait de son possible... et parvint alors enfin tout près de lui. Ne sachant pas trop quoi faire, elle tendit juste la main lentement... comme de peur qu'il ne la refoule dans un rejet qui lui serait insurmontable. Comment serait-ce gérable de vivre un énième abandon? Touchant sa main tremblante de la sienne sale et souillée de sang séché, Luhiel le berçait de douces paroles, les seules qu'elle puisse trouver bien qu'elles lui semblent toutes dérisoires.

- Je suis là grand frère... je ne suis jamais vraiment partie. Je t'en prie calme toi, reprends toi...

La panique venait et allait montante, au même rythme que son inquiétude montait en flèche en voyant l'était de fragilité extrême dans lequel il se trouvait. Fort heureusement aucun de ses hommes ne le verrait à cet instant, car dans le cas contraire il aurait certainement préféré le tuer de ses mains que de le laisser se moquer de lui... cependant Luhiel elle n'avait même pas pensé à de tels détails puisqu'elle voulait surtout que son état s'améliore. Voyant que le dialogue semblait rompu par son espèce de transe, elle l'attira à elle par un bras pour essayer de l'enlacer... Soufflant à cause des efforts, elle tenait à peine assise sans appui, mais ne pensait pas du tout à son confort en ce moment. Le berçant alors doucement comme une mère l'aurait fait à son fils, celui là même qu'elle n'avait jamais pu mener à terme, Luhiel fredonna la berceuse que leur mère leur chantait pour les aider à s'endormir... la seule trace qu'elle ait encore gardé avec ce lien précieux qui lui avait été volé depuis sa naissance, en une inexpliquée injustice. C'était tout ce qui lui était venu comme inspiration, mais ce n'était pas dit que cela ne joue pas en sa défaveur... Comment réagirait Caym à cette initiative?
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 30 Nov - 13:56

Il sembla évident que la sorte de crise qui frappait le général Caym Symanth était plus grave qu’à l’habitude. Il fallait reconnaître que la charge émotionnelle était bien plus importante et que mine de rien… On touchait quand même à quelque chose d’assez important dans sa vie et les conséquences des actes posés ici pourraient le hanter toute sa vie. Le contact physique posé par sa jeune sœur sembla le calmer et changer un tant soit peu son état mental car il se retrouva à revivre un vieux souvenir remontant à au moins quinze ans en arrière si ce n’était plus encore…

Près de quinze ans plus tôt…

Confortablement installé dans sa chambre, un jeu de dards posé à sa droite, un livre devant lui et sa cimeterre à sa gauche, ou plutôt le cadeau que son père lui avait offert en vue de son entrée future dans l’armée, Caym Symanth, fils de Gil Symanth, étudiait la stratégie. Plongé dans son ouvrage, on aurait pu croire qu’il était trop absorbé par sa lecture pour remarquer quoi que ce soit… Mais dans un mouvement fluide, il s’empara d’un de ses dards et se retournant dans le même temps, l’envoya se ficher dans le mur à quelques centimètres de la tête de sa jeune sœur qui avait tenté d’entrer par surprise. Acte dangereux? Certes non. Caym savait ce qu’il faisait et pour qu’il touche sa sœur, il aurait vraiment fallu qu’il le veuille… Et jamais Caym n’aurait désiré une telle chose. Souriant devant l’air stupéfait de sa sœur, il prit la parole d’un ton très fraternel certes mais teinté d’une forte nuance d’amusement… Ce qui contrastait avec le ton qu’il pouvait employer d’ordinaire, bien plus calme, posé et surtout froid…

« Petit roseau, combien de fois devrais-je te le répéter : quand ton grand frère travaille, frappe avant d’entrer. Maintenant… Tu veux me dire quel score j’ai fait s’il te plaît? Tu es de nous deux la plus près du mur… »

Eh oui! Comme vous l’aviez deviné, la cible pour le jeu de dard de Caym était fixée juste à côté de la porte, histoire de surprendre ceux qui entraient par surprise certes mais également par rituel si on pouvait dire. Depuis que Luhiel savait marcher, elle venait souvent faire des visites à Caym pendant qu’il étudiait et depuis des années il lui répétait inlassablement la même chose : de ne pas entrer par surprise dans sa chambre pendant qu’il travaillait. Réprimant l’élargissement de son sourire car il connaissait parfaitement son pointage, un centre parfait, il attendit le verdict de sa sœur avant de L’inviter à entrer dans sa chambre. Quelque chose sur le visage de sa sœur lui disait que quelque chose n’allait pas ce qui fait que le futur général de l’infanterie et de la stratégie de Rugillian alla s’asseoir à ses côtés. Passant un bras autour des épaules de sa jeunes sœur dans un geste réconfortant, il prit la parole, se doutant bien de quoi il était question.

« C’est au sujet de notre départ prochain à Sparda et à moi pour devenir militaires, c’est ça? Ne t’en fais pas petit roseau, je te promet que je t’écrirai au minimum des minimums une fois par semaine même si pour seule encre je dois prendre mon propre sang et pour support ma propre peau. Tu auras des nouvelles et tu recevras de belles lettres, je te le promets. Et quand tu auras notre âge, qui sait, tu viendras peut-être servir avec nous! Lorsque je serai officier, il y aura toujours une place pour toi dans mes rangs. Tu auras toujours une place de premier choix dans mon cœur, quoi qu’il arrive. »

Il lui donna un petit baiser sur le front, geste fraternel pour la rassurer avant de lui demander de fermer les yeux. Une surprise, avait-il dit. Se levant de son lit, il se dirigea vers le tiroir de son petit bureau pour en sortir un quelque chose sur lequel il travaillait depuis qu’il avait annoncé tout comme Sparda leur volonté de se joindre à l’armée… Des heures de patient travail qui pourtant ne collaient pas du tout avec les talents de Caym… Et si son père l’apprenait, il risquait de s’en prendre toute une!

« Tu connais le fils du forgeron, l’ancien orfèvre qui a juste changé de métier pour manier un différent type de métal? Et bien même si je ne suis pas grand partisan des jeux de hasards, j’ai joué contre lui et j’ai gagné en échange de quoi il me fournissait une liste préétablie de matériaux… Et sa collaboration pour te confectionner ceci. »

Il tendit à sa jeune sœur une belle chaine en argent avec un petit pendentif au centre représentant le symbole de leur royaume imaginaire quand les trois enfants Symanth jouaient au soldat. Où Caym avait pu récupérer un tel matériel, il ne le dirait pas mais il y avait fort à parier qu’il avait fait plus que simplement gagné à un jeu de hasard… En fait, il avait dû mettre son nez en bien des endroits préalablement et finir par cette étape…

« Chaque fois que tu t’ennuieras de moi, touche le symbole et pense à toutes les aventures que nous avons vécues ensemble et la douleur passera. Je l’ai fait moi-même et ce ne fut pas sans mal, tu connais mes euh… Prédispositions artistiques… Et ce qui est génial c’est qu’il ne sera jamais trop petit pour toi. C’est une bonne idée non? »

À ce cadeau en viendrait un autre plus tard de la jeune Luhiel pour son frère avant son départ : un bracelet que Caym portait encore aujourd’hui et la rumeur voulait qu’il ait manqué de perdre un bras en combat pour protéger l’objet lors d’un affrontement…

Retour dans le présent…

Ré émergeant tranquillement après ce souvenir et la berceuse de leur mère chantée par sa sœur, la haine voulu s’emparer de lui et le faire injurier sa sœur d’utiliser ce chant de faible sur lui… Mais il supprima froidement ce sentiment étranger qu’on lui avait imposé. Sa dévotion à son père était totale… Mais des pièces de puzzle manquantes se mettaient en place et il commençait tranquillement à se poser des questions… Souriant à sa sœur alors que les dernières brumes de la confusion quittaient son esprit, il lui montra son poignet droit qui arborait toujours fièrement le bracelet que lui avait donné Luhiel Comme au premier jour. Souriant faiblement, il reprit la parole.

« Père ignore tout de ce bracelet et je te dirais que c’est le cas de Sparda également. Si tu savais comme je chéris ce trésor Luhiel… Même les paroles de père ne suffirent pas pour que je m’en départisse. Tu vois? Tu es restée très importante à mes yeux Luhiel… Je t’en prie Luhiel, laisse-moi m’occuper de Sparda, je ferai en sorte que l’on te laisse sortir et nous irons confronter père. Je préfère jouer ma carrière que de laisser ce merdier diviser et déchirer notre famille plus longtemps. Je convaincrai le roi de te faire sortir, je ferai usage de mes propres troupes s’il le faut! Mais ne repars pas, je ne veux pas encore te perdre, te savoir quelque part là dehors sans te savoir saine et sauve… »
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 30 Nov - 15:42

Les souvenirs qui effleuraient momentanément l'esprit de la demoiselle étaient sans nul doute bien moins réjouissants, mais quelque part ce n'en était que prévisible. Parfois dans ses moments de désespoir, lorsque le sentiment de perte et de solitude devenait trop fort, elle en venait à se demander si les femmes de la famille n'étaient pas sous une étrange malédiction... Comment se persuader du contraire alors que chaque génération était frappée par le fléau de la mort? Avant ce fut sa mère, il y a un an son futur époux et son enfant, consécutivement. Que pouvait elle penser de tout cela... quelle image devrait elle garder bien vivante en son esprit afin de ne pas être envahie par l'aigreur et l'amertume? Toutes les maigres images de son enfance, ou du moins les quelques moments dont elle se souvenait encore étaient un mélange inextricable de mélancolie et de sentiment de solitude. Bien sûr que ses frères étaient le seul soutien, la seule source de compagnie protectrice et d'affection... La nourrisse qui lui avait été assignée par son père n'avait aucune surveillance et ignorait l'enfant qu'elle avait été dès qu'elle le pouvait, ce qui en soit était très loin de combler la disparition maternelle. Mais peut être qu'au fond c'était la rancune infantile qui lui faisait porter des jugements aussi empressés sur un sujet aussi délicat...

Le berçant dans ses bras reprenant un peu de leurs forces, elle le serra contre elle comme si elle avait peur qu'il ne disparaisse subitement... Tout n'était que fantômes, que chimères vicieuses et aériennes s'évanouissant chaque fois qu'elle esquissait un geste pour tenter de les retenir. Une main timide effleura la chevelure noire de Caym un peu hésitante, mais emplie de tendresse... cela ressemblait étrangement aux moments ou Luhiel jouait les soigneuses lorsque petits les deux jumeaux s'affrontaient dans des combats à l'épée en bois qui se terminaient toujours avec les deux s'étant blessé de manière plus ou moins égale et ne voulant pas s'admettre vaincus... C'était dans ces brefs moments de calme, lorsque la fatigue les rendait moins ronchons et lorsqu'ils la laissaient enfin (après une longue période de protestation) s'occuper de leurs plaies, lorsqu'elle pansait leurs blessures et discutait de choses sans importance pour essayer de leur changer les idées qu'elle se sentait réellement utile... Ironique qu'elle se redécouvre les mêmes envies maternalistes qu'il y a tant d'années. La clepsydre semblait presque s'être figée, et pourtant....

- Je n'ai jamais retiré ton présent moi non plus... pas plus que je n'ai oublié sa signification. Quelque part je n'ai jamais cessé de rêver à ce royaume féérique qui pourrait nous accueillir tous les trois... Ce endroit utopiste et pourtant si réel au fond de moi. Tu sais je ne sais pas si Sparda est autant enclin à remettre en cause les dogmes de père,... je le sens vraiment comme une sorte de fanatique qui se complait dans sa vision hermétique des choses. Comment pourrait-on lui montrer à quel point cette vision est limitatrice et obtuse? Peut être que toi tu peux lui faire entendre raison, mais quoi qu'il en soit je ne veux pas que tu t'attires des ennuis inutiles pour moi. Je pense qu'il suffit... Je ne suis plus en quête d'approbation, ce temps est révolu. Je n'ai plus cette idéal de simplement vouloir satisfaire qui que ce soit, j'ai tracé ma route... Toujours dans l'effort, parfois dans le sang, mais jamais dans le déshonneur. J'ai du bâtir le peu que je possède de mes mains, et je dois me battre chaque jour pour que tout ne tombe pas en ruines, soufflées et anéanties avec facilité par le vent hivernal. Ceci dit je ne veux pas que tu parles au roi, je ne veux pas que tu prennes des risques pour moi... Je suis grande maintenant et je vais trouver par mes propres moyens une solution à ce problème. Je me sens déjà un peu mieux, alors ne t'inquiète pas... Mais je t'en prie... ne cède pas à la peur qui tente de te corrompre les entrailles. Ne reprends pas cette graine d'espoir que tu as semée ici parmi le givre, car si tu me la reprends je ne sais pas ce qu'il adviendra...

C'était davantage une supplique que quoi que ce soit d'autre... et cette longue tirade témoignait de l'exceptionnel de la situation. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas parlé aussi longuement sur un sujet où il n'y avait pas à discourir... il était bien question de vécu et de sentiments... des choses qu'elle n'avait jamais partagées, enfin du moins seulement en toutes petites parties avec Syl, son ex compagnon. Secrète Luhiel était devenue farouche et avait souvent été considérée par ses pairs comme sauvageonne et peu ou pas civilisée. Il n'en était rien... elle avait hérité de son frère l'amour de la lecture, et en plus d'être devenue une combattante plus qu'aguerrie, elle était également une aède en herbes et une historienne passionnée. En amateur il est certain, mais c'était bien parce que sa carrière était fermement reliée aux armes, car autrement si jamais elle devait en abdiquer – ce qui était loin d'être ce qu'elle souhaitait – elle aurait certainement penché en ce sens. Continuant à lui parler d'un ton doux et mélodieux, Luhiel faisait son possible pour le pacifier, mais se demandait comment s'y prendre... n'ayant aucune idée précise sur la question elle devait s'en remettre à son instinct...

- Nous irons voir Père si tu veux, mais pas maintenant...il faut que nous soyons à nouveau unis tous les trois, et je dois dire qu'étant donné la manière dont Sparda m'a abordée, cela va être très compliqué à négocier... il faut que nous profitions du temps qui nous est accordé car je ne sais pas ce qui nous attend, ou plutôt ce qui m'attend moi. J'ignore ce que notre frère a prévu... veut-il simplement me donner une leçon ou bien va t-il organiser un procès bidon...? Je n'en sais rien. Seulement, peut être que l'on peut trouver une solution... J'ai une idée, mais je doute qu'elle soit de ton goût...
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 30 Nov - 21:32

« Sparda entendra raison même si je dois le faire par la lame de ma cimeterre. Je ne peux tolérer plus longtemps cette querelle idiote et cet imbroglio de mensonges et de faits pleins de trous! Je conçois comme toi que je ne puisse te faire évader de prison pour m’éviter, nous éviter des ennuis, cela dit… Moi aussi j’ai une idée de mon cru. Elle prend naissance avec mon incapacité à me passer de mes racines : J’avais Sparda à mes côtés mais tu manquais à l’appel. Les dieux devaient être avec moi à cette époque car ils placèrent sur ma route et dans la branche de l’armée que je commande actuellement une personne qui m’est très chère. Dans la situation présente, tu risques de l’apprécier autant que moi car elle va t’offrir une belle porte de sortie… Pour un temps au moins. »

De nouveau en pleine possession de ses moyens, le général Symanth fit quelques pas en direction de la porte de sortie, en un sens, des cachots et appela d’une voix forte un officier, le colonel Relian Mirel. Au nom, cela avait fait supposer à plusieurs qu’il s’agissait d’un homme, probablement une mage de guerre rattaché au général… Et ces gens là avaient ensuite la surprise de leur vie de découvrir une femme en armure qui à l’allure pouvait plus que facilement mettre une raclée à quiconque lui chercherait des emmerdes. Plus étonnant encore, spécifique aux Symanth… C’était un véritable sosie de Luhiel! D’apparence, à tout le moins, on aurait pu les croire jumelles! Si le colonel Mirel exprima une quelconque surprise en voyant Luhiel, elle n’e laissa rien paraître, se contentant de se mettre au garde à vous. En fait, si Luhiel était moindrement observatrice, elle verrait bien vite qu’il y avait plus qu’un rapport supérieur/subordonné entre ces deux là… Mais encore là il faudrait être en mesure de faire plus que deux et deux pour le voir : on parlait quand même de deux militaires de carrières, pas deux jeunes nobles!

« Luhiel, je te présente le colonel Relian Mirel. Mon aide de camp et second, celle qui si je meurs me remplace à la tête de l’infanterie. Une personne de confiance, tu t’en doutes et la seule en dehors de Sparda au sein de l’armée à qui je fasse entièrement confiance. Colonel, je vous présente Luhiel Symanth, ma sœur. Mais vous deviez-vous en douter un tant soit peu, il va de soi. Ceci dit, je demande maintenant toute votre attention car j’ai une idée des plus intéressantes… Mais incroyablement risquée.

Colonel, vous ressemblez à ma sœur comme deux gouttes d’eau et ma branche de l’armée à tout le moins est habituée à vous voir évoluer au sein du palais. De plus, La venue de Luhiel en ces lieux s’étant faite sans éclat, personne en dehors de ses geôliers et encore, à moins de s’adonner à une observation approfondie et formelle, ne se rendra compte si vous prenez pour un temps la place de ma sœur. Nous avons énormément à nous dire et la laisser dans ces geôles est tout sauf une bonne idée pour son état de santé. Reli… Tu sais que je ne te demanderais pas une telle chose pour le plaisir de la faire. Je sais que ce sera une expérience désagréable mais cela fait plus de dix ans qu’on ne s’est pas vu et j’aimerais une conversation décente avec elle… »


Le regard de l’officier fut marqué par la stupeur dans un premier temps puis par la détermination à s’adonner à son rôle temporaire, pour son officier de commandement d’une part mais également pour l’homme derrière le titre. Oh certes, le choix n’était pas agréable à faire, surtout venant d’une militaire dévouée envers le royaume et vierge de tout crime. Cependant, par amour, on pouvait faire bien des choses… si amour il y avait entre les deux officiers et non simplement une obéissance aveugle.

Colonel Relian Mirel : « Je comprend ce que tu me demandes Caym et si ce n’était pas pour toi spécifiquement, je ne l’aurais pas fait. Si cela avait été un ordre venant d’un autre officier, j’aurais refusé sans même y réfléchir. Pour toi… Je consens à ce sacrifice. Profite simplement du temps que je pourrai vous faire gagner à tous les deux… Bonne chance à tous les deux, vous en aurez besoin! »

Le général Symanth serra contre lui sa subordonnée et les deux partagèrent un baiser qui n’était certainement pas un signe de langage militaire quel qu’il soit. Pour l’observateur qui n’aurait pas encore comprit, Caym Symanth et Relian Mirel formait une paire, un couple et que la vie dans l’armée n’avait pas empêché de vivre et d’évoluer. Et les dieux seuls savaient par quoi la colonel était passée pour venir à bout des réticences et de l’hostilité de départ du général, quand il voyait en la jeune femme une copie de cette sœur qu’on avait conditionné à détester et non une personne à part entière. Il avait fallut des années et de nombreuses épreuves traversées pour qu’enfin le général ouvre son cœur et se confie… Et ils avaient partagé un très beau moment tous les deux, moment qui avait changé leurs vies respective. Caym Symanth, aimer : cela en aurait stupéfait plus d’un!

« Merci Reli. Je ne peux pas parler pour ma sœur mais moi je te remercie du fond du cœur. Je te promets que le sacrifice que tu fais aujourd’hui, je te le rendrai au centuple. Par contre, pour m’assurer qu’il ne te soit fait aucun mal, je ferai affecter des hommes de confiance pour empêcher quiconque de te brutaliser… Je ferai affecter les sergents Sadean Hawker et Torlin Hawker, les deux frères, deux de nos plus imposants soldats, à la garde de cette cellule avec ordre venant de moi de ne laisser personne te toucher. Si Sparda se pointe en mon absence, il devra passer par moi pour t’atteindre… Enfin, atteindre celle qu’il pense être Luhiel… Il reconnaitra là mon esprit retors et ma signature et ne posera pas de plus amples questions directement. Amabo te, Relian… »

Colonel Relian Mirel : « Amabo te, Caym. Bonne chance… »

Restait à avoir l’aval de Luhiel… Si Luhiel acceptait, bien sûr. Car l’échange s’était fait à deux, pour Luhiel mais sans Luhiel. Détail qui sembla s’imposer à l’esprit du général Symanth qui après un nouveau baiser pour sa subordonnée se retourna vers sa sœur, une expression à la fois gênée d’une part et amusée de l’autre…

« Ceci dit… C’est toi qui a l’as d’atout, petit roseau. Si tu veux profiter de quelques heures de liberté, je te les offre. Tu comprends que c’est le mieux que je puisse faire dans la situation actuelle sans passer par des autorités plus élevés que moi et me retrouver à confronter notre frère directement… J’espère simplement pouvoir te faire profiter du maximum de ce que le temps libre dont tu disposeras pourra t’offrir. Nous avons dix ans de nouvelles à rattraper, ce n’est pas rien, loin de là… »

Restait à Luhiel à donner le dernier mot et les deux officiers attendaient avec une certaine impatience la réponse de la prisonnière accusée injustement… Et tous deux se demandaient quel serait le verdict final.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeMer 2 Déc - 16:46

Écoutant son frère avec attention, elle avait pourtant un côté sceptique qu'elle ne parvenait pas à calmer pour l'instant. Comment le pourrait-elle alors qu'il lui demandait de faire confiance à une troisième personne autre que lui. Déjà que se raisonner afin de en pas avoir peur qu'il lui fasse des coups en douce était pour le moins complexe et exigeait un travail de tous les instants... Prenant pourtant sur elle, la guerrière ne dit rien de plus et observa cette demoiselle... ce qui inévitablement lui arracha un petit "oh" dont on ne saurait dire s'il s'agissait de surprise ou bien de choc. L'observer c'était un peu comme se regarder dans une glace, ce qui lui laissait une désagréable sensation d'avoir vécu à travers d'autres traits pendant des années. Était ce une manière qu'il avait trouvé de se consoler de leur séparation, une manière d'harceler quelqu'un pendant son absence ou bien était-ce juste une malheureuse coïncidence? Peut être bien les trois, bien que ce soit pour le moins déroutant. Ils semblaient proches et c'est silencieuse que Luhiel assista à la scène, bien qu'elle ait lâché son frère avec un soupir de résignation. Non elle n'aimait plus s'en détacher pour quelque raison que ce soit, et bien que les forces lui reviennent elle était prise d'une soudaine envie égoïste et possessive de délimiter le territoire en prouvant à cette femme qu'avant d'être son... supérieur-homme-ou peu importe comment ils se considéraient, il était son frère. La saluant d'un bref signe de tête, la Malarian se demandait qui était réellement cette étrangère... à savoir l'être humain derrière cette muraille d'acier. Ses impitoyables prunelles azures la dévisagèrent comme pour lire son âme, dans une attitude quelque peu "cerbère" totalement irrépressible.

D'un air déçu qu'elle réprima pour ne pas faire d'histoires aussi vite alors qu'ils venaient à peine de se retrouver, elle vit la demoiselle tout d'abord adopter une posture clairement militaire et professionnelle. C'était comme si elle craignait de se faire humilier et reprendre pour une conduite laissant à désirer, ce que Luhiel avait du mal à comprendre étant donné que d'après les paroles de Caym, ils étaient tout de même proches. Le discours de son frère était très laudatif voir trop, alors cette crainte dans les yeux de la blondine lui faisant face lui semblait incompréhensible. Est-ce que l'Acrimonieux était devenu si imprévisible et caractériel que ça? Elle avait du mal à l'imaginer étant donné la douceur fraternelle qui avait repris le dessus entre eux. Se braquant dans le rôle d'observatrice, elle ne resta cependant pas plus longtemps assise malgré ses blessures. Se relevant en se soutenant contre un mur de pierre, elle se tint droite comme un I en faisant jus à sa condition de combattante, démontrant qu'au moins la fierté guerrière était bel et bien un trait de famille. Hors de question de rester en position de faiblesse devant une inconnue, par qui en plus elle se sentait franchement menacée! N'allant pourtant pas jusqu'à afficher une franche hostilité qui pour l'instant n'était pas encore présente, elle attendait de voir ce qui allait sortir de tout cela...

Cependant qu'elle soit ou non une simple garce usurpant sa place auprès de Caym et séduisant pour réussir; ou un valeureux soldat sincèrement épris et prêt à tout, cela n'avait pas d'importance en ce moment. Le temps leur était compté, et le fait est qu'une fois que l'échange proposé aurait lieu les minutes avant le retour seraient précieuses et très courtes. L'idée était saugrenue il est vrai, mais à peu de choses près c'était ce qu'elle était sur le point de lui proposer, à la différence près qu'elle n'avait pas envisagé de carrément se faire remplacer. Comme quoi ça aussi ça n'avait pas changé... il était toujours plus malin, inventif et retors qu'elle, même si bizarrement ça ne l'étonnait pas du tout. Abasourdie et profondément choquée par l'étreinte intime qu'ils échangèrent, elle ne pouvait dire si elle était plus surprise par le choc de réaliser qu'il n'avait plus rien d'enfantin, qu'il avait refait sa vie loin d'elle, ou par le fait d'assister à un moment aussi privé alors qu'il ne démontrait aucune pudeur. Encore une fois, c'était sûrement un mélange de tout cela... mais la réalité était dure et inflexible, ayant le don de rapidement la rattraper même quand elle essayait de la fuir. Se reprenant in extremis avant que son expression ne soit apparente aux deux présents, la benjamine des Symanth retrouva enfin la parole, bien que cela demeure purement lapidaire. Il en était toujours ainsi lorsqu'elle s'adressait à des inconnus... Et le fait qu'elle se sente en dette n'arrangeait rien. Foutu honneur.

- Je vous remercie... et je ne sais pas encore comment, mais je vous le rendrai soyez en sûre. Je n'ai pas pour habitude d'oublier ceux à qui je dois une faveur.

Elle ne fit pas un salut militaire jugeant que ce serait hors de propos étant donné qu'elles n'avaient pas de lien d'hiérarchie, mais sobrement elle inclina la tête à la façon des Malarians. Imposante par sa carrure et encore plus que respectable malgré les nombreux bleus qui maculaient sa peau pâle, Luhiel avait l'étoffe d'une jeune femme mature malgré ses 23 printemps. Il fallait dire qu'elle avait eu une formation depuis sa plus tendre enfance, dont 7 ans chez les Malarians... de quoi se forger une personnalité endurcie en plus de capacités hors du commun... Poursuivant donc son explication elle dit simplement:

- Ce serait mal placé et stupide de rejeter pareille occasion, surtout que je doute fortement qu'elle se reproduise, du moins de si tôt. Alors oui je te suivrai, Frère.

Le verdict était clair et sans appel, Luhiel était prête à prendre tous les risques pour passer quelques temps en solitaire avec son frangin, même si ces moments étaient infimes et peut être troublés par l'empressement... Le tout était de profiter tant que c'était à sa portée... car rien ne lui garantissait que d'ici quelques minutes elle ne se réveille pas et ne se rende pas compte que tout ceci... n'était qu'un rêve. Prenant donc possesivement la main de son aîné d'un air qui paraissait presque enfantin, elle attendit qu'il l'entraîne au loin... comme avant.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeMer 2 Déc - 19:01

Bon… L’échange n’avait pas été des plus cordial mais le général Symanth pouvait faire avec. Intérieurement il souriait, se disant qu’il aurait eu la même réaction que sa sœur s’il s’était trouvé face à son double… Surtout que le colonel Relian Mirel n’avait pas affiché son plus beau sourire pour la sœur du général. En fait, ce n’était pas tant rencontrer Luhiel qui faisait naitre cette forme d’hostilité mais le fait qu’à ses yeux, Luhiel avait quitté la vie de Caym et que désormais la seule femme dans sa vie c’était elle. Ce n’était probablement pas extrême à ce point mais cela donnait à tout le moins une bonne idée de la rivalité qui les opposaient. L’échange d’armure fut particulièrement pénible, les deux femmes plus occupée à se jauger du regard qu’à coopérer avec bienveillance… Et quand il fallut que Caym, à l’aide des moyens du bord, reproduise les blessures de Luhiel sur le colonel Mirel (avec un semblant de maquillage, pas en battant sa subordonnée quand même!), il pu clairement entendre un reniflement désapprobateur et presque dédaigneux de la par de son aide de camp, ce qui fit qu’un sourire vint fendre le visage de Caym. Le colonel Mirel se passait en général de tout artifice et laissait ses armes parler pour elle… Mais bon, elle s’était portée volontaire, elle assumait.

Appelant ensuite d’un ton tout ce qu’il y avait de plus militaire le reste de sa troupe, il fit passer le mot aux deux sergents dont il avait parler de monter la garde avec leurs ordres spécifiques et tout et quand le chef des gardes de la prison commença à protester, une des arbalétrières de Caym le mit en joue, lui demandant froidement s’il tenait à à voir une descendance et si oui, de la boucler avant qu’elle n’ampute d’un tir cette partie de son anatomie. Il fallait l’avouer : il n’y avait pas de place pour les rigolos dans les troupes du général Caym Symanth. Faisant passer le mot à un autre sous-officier de garder cette partie du détachement près de la prison, il fit mander une autre portion de sa section d’élite qui se chargea de l’escorter lui et sa sœur jusqu’à son bureau. Caym Symanth se déplaçait rarement sans escorte pour des raisons de sécurité évidentes : de tout temps et de tout endroit, les généraux étaient des cibles rêvées pour les assassins : coupez la tête d’une armée et elle s’effondre. L’armée pouvait survivre à la perte de son roi… Mais pas à la perte de ses têtes dirigeantes. Les recrues apprenaient cette leçon dès leurs premiers jours à l’Académie… Enfin bref, tout cela pour dire que Caym et Luhiel se retrouvèrent entourés par des gens de confiance tous prêts et prêtes à sacrifier leur vie pour sauver celle du général. Une fois arrivés à destination, l’ordre passé à ce moment là fut clair : on ne devait déranger le général sous aucun prétexte.


« Ces militaires là sont vraiment des perles rares. Ils sont dévoués, efficaces, professionnels et loyaux… On ne peut demander vraiment plus je t’avouerai. Pour la plupart, ils ont été formé en partie par moi et le reste a étudié avec moi. Il s’agit du genre de guerrier sur qui on peut toujours compter et ce quelle que soit la situation… ce sont souvent des vétérans de plusieurs campagnes et je te dirais que je ne sais pas qui a sauvé la vie de qui le plus de fois dans la mesure où ils forment le cœur de mes troupes d’élite… Le colonel Mirel en particulier est d’une rare compétence et d’une rare efficacité. Ne t’en fais pas, je ne vous comparerai pas l’une à l’autre… »

Esquissant un petit sourire, il prit la peine de penser à ses affaires et aux moments qui suivraient en se félicitant d’avoir toujours conservé les mêmes politiques. Des politiques qui le suivait depuis des années déjà et qui avaient fait leurs preuves… Dans une branche de l’armée, cela aurait sans doute paru curieux et dans bien des corps d’armée cela aurait laissé cours à de jolies ragots bien pimentés mais dans le cas du général, grand stratège devant l’éternel, c’était parfaitement normal. De façon générale, quand Caym Symanth planifiait, il le faisait avec le moins de personnes possibles à proximité. Son lien avec l’extérieur devenait le colonel Mirel (et dans ce cas ci ce serait Luhiel si jouer la comédie elle se devrait de faire) et tous savaient ce qui attendait celui qui aurait le malheur de déranger le général. Une fois la porte fermée et verrouillée et ses gardes en faction de l’autre côté de la porte, Caym invita sa jeune sœur à s’asseoir dans un des fauteuils de la pièce, s’excusant un moment, mentionnant qu’il devait consulter un rapport arrivé durant sa visite aux cachots. Se saisissant du dit rapport, il commença à en faire la lecture… Avant de jurer vilement dans une langue que Luhiel ne connaissait probablement pas et de se diriger vers son bureau pour tirer de ce dernier une bouteille qui à l’odeur indiquait de l’alcool et un verre avant de le remplir à ras bord et de le caler d’un trait. Quand Caym Symanth recevait des nouvelles de ce genre, c’était systématique : il noyait le problème dans l’alcool, trait hérité de son père…

« Merde… C’est le bordel encore une fois et c’est ma branche qui écope pour le reste… Je ne peux pas en envoyer plus des hommes, il faudrait sortir les recrues de l’académie et les envoyer en campagne… Je ne peux me départir des légions stationnées ici et dans les environs immédiats de la capitale! Foutus insurgés! »

Il aurait bien continué à fulminer s’il n’avait pas eu sa sœur en sa présence… Sœur qui le regardait avec un regard que n’aimait pas du tout le général. Un petit malin avait remplacé les prunelles de sa sœur par deux nuages de tempête… ce qui laissa le général incrédule, se demandant ce qui avait bien pu susciter un changement si radical d’attitude. Son verre de nouveau rempli à la main, il jeta sur sa sœur un regard interrogateur. Il était pourtant normal de penser à des situations radicales en temps de crise. Envoyer des gens à peine formés était courir au suicide mais Caym connaissait ses ressources et ses effectifs par cœur et il savait ce dont il avait besoin pour garder les choses sous contrôle dans le secteur le plus important du royaume… La guerre était comme les échecs : il fallait savoir sacrifier les pions pour le roi… Et dans ce cas c’était particulièrement vrai. C’était le roi qu’il fallait protéger, un vrai roi avec une couronne sur la tête…

« Quoi? Je reconnais que ce sont des propos peu orthodoxes mais je te l’ai répété à maintes et maintes reprises jadis : la guerre, c’est comme les échecs, il faut… »

Il fut coupé à mi phrase par le plus bel « imbécile » jamais crié à Rugillian, ce qui donna l’impression au général de se prendre un coup de poing en plein visage. Son visage afficha une expression de totale incompréhension, se demandant bien quelle mouche venait de piquer sa sœur…Elle était une guerrière, elle connaissait les sacrifices que demandaient la guerre… Ce n’était pas comme si c’était nouveau… Surtout que considérant les positions de Rugillian, c’était même chose normale… Où donc avait-il pu dire quelque chose de mal dans l’affaire? Malgré un intellect aiguisé et un sens et une maîtrise profonde des affaires guerrières et militaires, il ne voyait vraiment pas où il avait pu fauter… Et quand, par automatisme, il porta son verre à ses lèvres, il crut bien que Luhiel allait lui sauter à la gorge… Chose qui n’était guère encourageante…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeSam 5 Déc - 19:17

L'animosité était dans l'air, et bien que les deux jeunes femmes coopérent, c'était plus parce qu'elles n'avaient d'autre issue que pour toute autre raison. Si peut être certains épisodes marquants les rassemblaient, en ce moment elles n'en avaient que faire, et le seul vrai lien entre elles, le seul maillon fragile de la chaine était Caym. On pouvait dire sans se tromper que l'effort était pour lui et afin de ne pas le décevoir, car au final c'était un sacrifice peu plaisant... Devoir une faveur à une inconnue ou se faire passer pour une hors la loi était loin de ce qu'elles appréciaient le plus, et les regards furtifs qu'elles échangèrent furent suffisants pour comprendre qu'au moins sur ce point elles étaient du même avis. Contemplant sa magnifique armure sur le corps de l'aide de camp avec pas mal de regrets, elle ne disait rien mais n'en pensait pas moins. Qui plus est elles avaient beau avoir plus ou moins les mêmes mensurations, Luhiel était plus grande et se sentait un peu à l'étroit dans cette armure lourde et encombrante. D'une facture beaucoup plus banale et couvrant beaucoup plus le corps, c'était une chance que sa force décuplée lui permette de bouger sans mal. Pour ce qui serait de jouer la comédie, il n'y avait probablement qu'à jouer l'ombre de son frère, entichée et coincée au possible et le tour devrait être joué. Vision simpliste, c'est certain... mais logique à ses yeux.

Se gardant de commentaires lorsqu'elle sortir de son ancienne cellule, elle tenta de respirer normalement en retrouvant un peu d'air alors qu'elle suivait Caym de près afin de ne pas susciter de doute. Ses cheveux étaient en partie planqués dans son armure, car si elle était prête à des sacrifices pour passer inaperçue, il n'était pas encore stipulé dans le contrat qu'elle devait les couper... et de toute façon elle ne le ferait jamais. Mais ces confidences sur la manière qu'il avait de dresser et commander son armée la troublaient pas mal... Ce qui fut trahi par la voix basse que lui seul put entendre en guise de réponse.

- Fort heureusement tu as trop de tact pour commettre une erreur aussi colossale. Je n'aime pas que l'on mélange les torchons et les serviettes.

Son ton était froid un instant, avec plus de sentiments que de réelle agressivité. Disons qu'elle ne voulait clairement pas se disputer alors qu'ils commençaient à peine à trouver un terrain d'entente, mais il y avait de toute façon certaines choses qu'elle ne pourrait pas supporter sans rien dire. Ce temps là était révolu. S'asseyant donc sur un des canapés du bureau joliment décoré de son aîné, Luhiel se reposa enfin, déjà en meilleur état que tout à l'heure, grâce à la potion qui lui avait été administrée. Un cliquetis métallique se fit entendre à cause de cette fichue armure... et elle se mit jalousement à espérer que l'autre gourde ne ferait pas une seule rayure à sa belle armure car dans le cas contraire elle ne savait si elle pourrait contenir l'envie de l'égorger tout aussi sec.
Pourtant bien que la demoiselle aspire à un peu de tranquillité et solitude en compagnie de son consanguin, elle prenait son mal en patience et décida de ne pas intervenir ou interrompre quand il se mit à étudier ses rapports. De toute façon quelle utilité, puisqu'elle était toujours aussi absorbé, ignorant jusqu'à l'existence de ce qui se trouvait autour. Sur ce point il n'avait pas changé, et même si c'était par moments frustrant, elle était bien placée pour savoir qu'il ne le faisait pas à mal. C'était juste sa manière d'être,... et à défaut de l'aimer, il fallait faire avec. Toutefois il y avait d'autres choses, d'autres traits qui lui étaient tout bonnement inacceptables... Et le voir décapsuler cette maudite bouteille avant de se ruer dessus comme un malpropre fit ses tripes ne faire qu'un tour.

Sentant la colère et la révolte teintées d'impuissance brûler dans ses veines, elle tentait de garder son calme mais n'y parvenait pas. Ses yeux bleus semblaient un océan d'écume rebelle, ou baignaient incompréhension et reproche. Comment pouvait-il se laisser aller à la même faiblesse que leur géniteur? Comment était-ce possible qu'il commette la même erreur en tombant dans le confort éthylique pour se consoler de ses problèmes? Et puis merde, quel problème pouvait justifier le recours à pareille facilité, alors qu'il connaissait mieux que personne les ravages de l'alcool sur la santé comme sur l'entourage? Luhiel n'était pas certaine qu'il ait vraiment développé une dépendance, mais quelque chose lui affirmait que c'était le cas. Peut être cet air de satisfaction temporaire dans son expression, peut être cette mine chargée n'étant apaisée que pendant les quelques moments qui duraient entre le confort de l'éméché, et la virulence de l'ivresse.
La Malarian contemplait la situation avec le recul et la douleur mêlés, sans savoir ce qui était vraiment le pire... soit le fait qu'il soit tombé dans les vices paternels alors qu'elle ne savait pas encore à quel point, soit le fait qu'il voit cela comme quelque chose de très naturel... ce qui expliquait cet air interrogatif qu'il ostentait. Il n'avait même pas l'air de comprendre ce qui n'allait pas... La révolte mêlée de rancune envers le paternel qu'elle maudit pour la millionième fois se lisait clairement sur son visage délicat et pourtant radicalement changé. Perdant patience en entendant les divagations diverses du général, elle le rappela à l'ordre avec une interpellation pour le moins risquée. Elle espérait juste que les murs de pierre du château rendaient la pièce assez insonorisée pour que le tout ne se soit pas fait entendre des soldats à l'extérieur. Oh et puis merde, de toute façon c'est cette Relian qui devrait se démerder avec les conséquences donc tant pis !

On pouvait dire qu'elle savait faire preuve de souffle lorsqu'il s'agissait de hurler... dommage qu'elle ne ce soit jamais découvert ce talent en des circonstances moins... ennuyeuses. Se levant pourtant d'un bond comme si elle ne s'était jamais faite rosser par les laquais de Sparda, la demoiselle frappa des deux poings sur la table, faisant frémir le bois par sa force alors que les piles de papiers avaient été ébranlées au point qu'on se demandait si elles n'allaient pas chuter ou s'envoler sous l'impact. En ce moment il lui était bien égal qu'ils s'engueulent parce qu'elle avait fait du boucan ou mis en désordre ses affaires... Dix ans les avaient séparés et ce genre de trivialités était comme une goutte de l'océan de différences. Qu'il lui fasse la gueule ou la condamne parce qu'elle était excessive et que ses réactions étaient disproportionnées était une possibilité certes, mais cela ne la ferait pas reculer pas plus que cela ne pourrait la persuader de faire autrement. Elle n'avait aucun contrôle... juste une ire montante contre son père et ses effets, tout comme une infinie tristesse de ne pas avoir été là pour essayer d'empêcher cette catastrophe. Quels autres traits avait-il ainsi reproduit??

- Je ne sais même pas si je vais arriver à m'exprimer tellement le courroux m'aveugle... Comment peux-tu te laisser aller à pareille bassesse, Frère? Comment est-ce possible que tu t'évertues à prolonger ses vilénies et ses dépendances...?? Pourquoi un simple rapport aussi dérangeant et pessimiste soit-il suffit à te faire noyer ta frustration dans l'alcool ?!? Est-ce ainsi que tu te consoles de l'absence des figures féminines de la famille...? Feu notre Mère ne mérite pas cette infamie !

Elle n'osait même pas parler en son nom même si bien sûr elle était inclue dans le lot, à tel point le souvenir de la blondine Hyelin s'imposait à elle comme le plus important. Son souvenir berçait encore ses nuits lorsqu'elle croyait entendre les mélodies qu'elle murmurait lorsqu'elle était dans son ventre... Et le fait qu'elle y fasse allusion n'était pas anodin... c'était simplement pour montrer à son frère à quel point cette situation lui tenait à coeur. Elle ne savait pas encore ce qui les attendait, mais elle serait prête à tout pour lui faire quitter l'alcool... même à jouer sur une potentielle culpabilité qu'elle ferait naître. Non ce n'était pas le but premier, mais si c'était ce qui fonctionnait le mieux, elle ne se gênerait pas... Car après tout elle avait déjà trop risqué et trop perdu pour continuer de faire semblant à user de ses principes en toute occasion. Il y a des biens qui viennent par les maux, disait-on...
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeSam 5 Déc - 23:45

« Que c’est facile pour toi de juger Luhiel. Que c’est facile pour toi de passer des jugements sans connaître, sans avoir vécu, sans avoir enduré… Loin de moi de dire que tu n’as rien vécu de dire, ce serait pratiquement blasphématoire. Cependant, je trouve que tu as la critique terriblement facile. Et encore, je pèse mes mots. Dit moi, Luhiel, de combien de vie es-tu responsable? Combien de centaines, de milliers d’hommes dépendent pratiquement de ta volonté et de tes ordres? Dis le moi, Luhiel, dis le moi que l’on voit un peu… Combien de personnes as-tu personnellement formé et envoyé volontairement à la mort ou presque pour défendre des intérêts qui ne sont même pas les tiens pour sauver des vies? Réponds moi Luhiel… RÉPONDS! »

Pour avoir perdu plus d’une fois patience dans ce même bureau, Caym savait qu’il y avait un pourcentage nul de chance pour qu’ils soient entendus l’un comme l’autre. Ce fut autour de Luhiel de réagir comme si on l’avait frappé physiquement. Elle connaissait son frère comme il la connaissait enfin tout du moins le souvenir. Et jamais Caym n’avait semblé si blessé, si tourmenté… Quand son regard croisa celui de sa sœur, ce fut comme si il avait prit plusieurs années d’un coup, comme si elle regardait dans le yeux d’un homme d’âge avancé qui en a vu plus que son lot dans la vie… Ce n’était pas étonnant en un sens que Caym use de certains… Échappatoires, aussi détestables soient-ils… Sinon c’était la folie qui se chargeait de vous faire la peau… Et dans ce genre de cas, c’était pratiquement pire que la mort, pour ne pas dire pire que la mort…

« Tu n’as aucune idée, non aucune de ce que c’est que d’être seul en haut et de regarder les autres en bas. On pourrait penser qu’avec des gens aussi cher à ma personne que Sparda ou Relian je m’en sorte… Mais c’est loin d’être le cas. Cela offre une forme de réconfort mais le cœur continue de saigner lui et l’âme elle de se déchirer et de pleurer. Pour qui te prends-tu, Luhiel Symanth, pour me juger de la sorte dis moi? As-tu déjà eu à tuer toi-même ton mentor, celui qui fut un second père pour toi? MOI OUI! As-ru déjà eu à voir en face de jeunes soldats fraîchement gradués, leur annoncer que tout irait bien avant de les envoyer dans une mission dont ils ne reviendraient probablement jamais? MOI OUI! Sais-tu à combien de mourants j’ai dû mentir pour accorder à leur âme un départ plus facile, combien de fois j’ai fais couler le sang pour garder les troupes sous cohésion, combien d’ignominies j’ai dû perpétrer pour empêcher à ce royaume de s’effondrer comme un vulgaire château de carte? Je vais te le dire moi : tu n’en as pas la moindre idée, tu ne connais rien de ces sentiments, tu n’as jamais vécu cela… Et je remercie les dieux de t’avoir épargner une telle chose! »

D’instinct il voulut reprendre sa bouteille… Mais il la regarda avec un certain dégoût avant de replonger son regard dans celui de sa sœur et de le soutenir sans ciller. Il la regardait de ce même regard impassible, ce regard qu’il avait toujours arboré pour cacher ses émotions véritables… Mais même cette fois, Luhiel put lire sans difficulté ce qui rongeait son frère de l’intérieur comme un acide… Des trois enfants Symanth, plusieurs étaient en droit de se demander qui l’avait eu le plus à la dure. Les paris, si paris il y avaient, iraient sans doute sur Luhiel en premier et puis ensuite sur Sparda qui s’en était prit plus que Caym… Et justement, on en venait à oublier Caym, emmuré dans sa forteresse de froideur et d’impassibilité… Pourtant, dans l’état actuel des choses, on avait un Sparda conditionné, une Luhiel en pleine possession de ses moyens et un Caym torturé… Cela venait changer considérablement la donne…

« La seule infamie que j’ai fais subir à notre mère, Luhiel ma sœur, ce ne fut pas de me laisser tenter par les démons de notre père mais plutôt de ne pas avoir eu le courage d’abattre le monstre à apparence humaine que je suis devenu. Pour assurer un meilleur futur à Sparda, pour faire perdurer le nom de notre lignée, je me suis battu pour avoir le commandement le plus efficace, les troupes les plus disciplinées et me rendre méritant des actes les plus dévoués envers ce royaume et cette couronne, avec toutes les horreurs qui vont avec. Tu penses que l’on obtient ses galons ici bas par bonne volonté et bienveillance, surtout dans un royaume comme Rugillian? C’est dans le sang et les larmes que l’on obtient sa place ici, tut du moins, la dernière marche du podium… »

L’acrimonieux… Ce surnom là, Caym Symanth ne l’avait pas obtenu pour rien. L’amertume était une bonne amie du générale comme la tristesse et la douleur… Sans compter la mort qui aimait pointer le bout de son nez de plus en plus souvent. Il ne savait pas ce que Luhiel avait enduré et il ne s’apitoyait pas sur son sort. Il n’était pas rendu bas à ce point, faible à ce point… Ce qu’il savait par contre c’est que son jugement était injuste et fort hâtif… Et c’est ce qui le faisait réagir aussi agressivement. Elle y allait fort quand même, très fort même… Trop fort, à certains égards… La chose était bien claire pour lui. Peut-être ressentait-elle de la colère davantage contre leur père que contre lui mais ce qu’elle avait dit avait été dit… Avec les effets que cela engendrait.

« Ce rapport comme tu dis, ma chère sœur, signifie que je vais encore devoir sacrifier des vies. Au point à les insurrections et le désordre civil en sont rendu, je ne peux plus me départir de troupes additionnelles ce qui va me forcer à vider les bancs de l’Académie et envoyer tout ce beau monde ce faire tuer pour endiguer l’épidémie de soulèvements populaires. Oh mais bien sûr, pour la grande Luhiel Symanth, la décision doit se faire très simplement : sacrifions tout ces gens, on les forme et les paie pour cela… Ou alors ils servent les intérêts du plus grand nombre ou je ne sais trop… Pas la peine d’éprouver de remords, pas la peine de se chercher un échappatoire aussi mince soit-il, laissons simplement s’accumuler le poids des regrets jusqu’à ce que la douleur soit trop forte et que l’esprit cède, c’est bien plus…Noble et courageux, c’est tellement plus ce que notre mère aurait voulu… Mentons encore, regardons en face toutes ces personnes, sortons les beaux discours, la fanfare et les drapeaux, préparons déjà les lettres à envoyer aux mères et aux pères qui perdront un enfant mais surtout, ne prenons pas d’alcool pour chasser un peu la peine et le désarroi, non, c’est tellement Gil Symanth… Dis moi Luiel, tu en as après lui ou après moi? Somme-nous si identiques à tes yeux que tu ne sais plus en faire la différence? Mais je t’en pris Luhiel, condamne sans procès, juge sur des fragments de preuve, soit juge juré et bourreau et fait tomber le couperet sur ma nuque, je t’en pries… Accuse moi du pire des crimes, de ressembler à mon père, accuse moi de toutes les trahisons de ne pas ressembler davantage à celle qu’on m’a conditionné d’abord à détester puis à oublier, condamne moi de vouloir sauvegarder le peu qu’il reste à sauvegarder de cette famille tant de nom que de réputation… Vas-y Luhiel, ce sont des mots si simples à dire, disons les ensemble pour rendre cette farce encore plus sinistre : Caym Symanth, je vous condamne pour… »

Caym fut interrompu par il ne s pas trop quoi tant les blessures de son âme étaient à vif de dire ainsi la vérité si crument à sa sœur. Était-ce une gifle, un coup de poing, l’étreinte de sa sœur qui le serrait contre elle ou alors une quelconque machination de sa personne qui décida de le faire taire pour une raison ou une autre? À dire vrai, il l’ignorait…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 7 Déc - 9:45

Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle s'attendait presque à ce que bien assez tôt ce qui était une conversation cordiale ne tourne au règlement de comptes... Un beau pugilat les attendait sans nul doute, et cela promettait d'être blessant et peu enrichissant. Pourtant le déluge de bonnes paroles et autres jugements précoces qui n'avaient aucun lieu d'être ne la surprit pas. C'était tellement son genre de se centrer sur son vécu tout en oubliant qu'elle aussi avait vécu pendant les quinze dernières années... Oui il était un homme mature qui avait sûrement connu des revers, des sacrifices et des responsabilités indissociables de son poste hiérarchique... Mais pourquoi toujours juger qu'elle de son côté avait baigné dans la joie et les histoires sans problèmes? Quel égoïsme, quelle prétention, quel dédain ! Exaspérant plus que tout... Il croyait savoir ou imaginer, mais tout ce qu'il pouvait bien inventer était encore loin du compte. Oui bien sûr qu'elle n'était pas Général chez les Malarians, mais elle avait déjà été mise à la tête de certains noyaux d'attaque parmi les paladins de la Justice. Oui elle avait déjà vu périr, et oui elle avait déjà été impuissante face à la misère et à la souffrance de ses pairs. Ce n'était pas à son échelle, mais tout cela pour dire que même du point de vue militaire, elle avait connu des hauts et des bas. Toujours les sourcils froncés ses mirettes semblaient toujours aussi révolues en tempête, et droite comme un I, elle avait les paumes posées sur le bureau de son frère alors qu'elle se penchait en avant. Quelque chose sur son visage était à nouveau angélique et dégageait une impression enfantine... comme lorsqu'en ces temps anciens elle essayait de lui faire entendre raison malgré son obstination.

- Crois tu que parce que tu as plus d'hommes sous toi, tu connais davantage le prix de la vie que moi? Je suis une Malarian moi monsieur... je ne donne pas d'ordres, je suis en première ligne à décimer du démon ou des ombres sous ma lame et mes griffes ! J'ai sept ans de formation ou j'ai à peine vu la lumière du jour... J'ai été privée de mon bien le plus précieux pour y parvenir, ma liberté de mouvement ! As-tu imaginé ta farouche petite sœur maintenue entre quatre murs ?? Moi qui sillonnais autant que possible le port d'Otian en rêvant d'évasion j'ai été vendue comme une chose, comme un animal, comme une bête ! Dis moi quelle estime, quelle valeur je dois avoir depuis que j'ai été réduite à la condition de marchandise??

Elle avait voulu l'accabler de reproches, lui faire regretter encore davantage leur si longue séparation, mais au final cela ressemblait juste à une manière de lui faire comprendre la taille de l'abandon qu'elle avait vécu, bien qu'en réalité il n'ait pas lieu. Gil Symanth avait usé de sa manipulation, montrant qu'en bon vieux renard il avait plus d'un tour dans son sac... Diviser pour mieux régner, c'était la méthode employée, et bien que consternée Luhiel devait avouer qu'il avait bien calculé son coup. Mais est-ce que malgré ses paroles, Caym pouvait imaginer le calvaire triple qu'elle avait connu lorsqu'ils étaient partis? Subissant tout les changements d'humeur, avec trois fois plus de travail lors des incessantes parties de chasse et surtout, surtout... sans ses deux plus grands soutiens, pour ne pas dire les seuls.
Fatiguée de tout cela alors que le sermon venait à peine de commencer, Luhiel soupira un instant entre deux des répliques de son frère. Elle sentait que cette discussion laisserait des traces dans son esprit, mais serait déterminante pour la suite la demoiselle n'en doutait pas... Et c'était bien la seule chose qui apparaissait comme certaine d'ailleurs.

- Non tu as raison, je ne sais pas ce qu'est d'être en haut, mais je sais ce qu'est d'être en bas avec les autres... en se demandant si le réveil d'après nous serons toujours au complet. Je connais les affres de la guerre et pas uniquement des petites révoltes du Rugilian, je connais les balafres, les tortures, les pertes insoutenables et la peur de perdre. La peur de mourir je l'ai perdue quelque part en terres oubliées... Du moins c'est ce que racontent mes frères. Tu sais comment on m'appelle? La « Suicidaire ». Pourquoi? Parce que je leur ai toujours dit que sans famille ni mari pour m'attendre, je n'avais plus rien à perdre. Cruelle ironie quand on sait que je m'en suis toujours bien tirée alors que d'autres brûlant de retrouver les leurs ont trépassé. J'ai moi aussi déjà du consoler des bambins et des veuves, tout en étant probablement plus impliquée et sincère que toi. Quelle esquive voulais-tu que j'utilise? Que pouvais-je faire? Leur promettre qu'ils reviendraient après une longue mission juste pour ne pas devoir annoncer la dure vérité? Non, ce n'est pas moi et tu le sais. Alors tes Dieux tu peux autant les maudire car ils ne m'ont rien épargné de tout cela. Je ne prétends pas le connaître mieux que toi, mais ne me dis pas que je ne connais pas l'adversité... Car au final tu ne sais rien de ce que j'ai vécu pendant ces années. Rien.

Elle avait conscience qu'elle était dure avec lui mais elle était persuadée que se montrer laxiste ou compréhensive ne changerait rien. Pour ce qui était de béatement dire amen à tout ce qu'il faisait, il y aurait Sparda... Alors quitte à se donner le rôle de la méchante petite sœur ingrate, autant que cela ait une utilité ! Son regard embrumé suivit le sien vers la bouteille mais ne s'y attarda pas. L'envie de la briser contre l'un des murs était trop tentante... Le regardant avec dureté mais tendresse, Luhiel se voulait intransigeante mais aimante à la fois. C'était un mélange assez paradoxal mais dans cette furie silencieuse transpirant à travers chacun de ses muscles, il y avait cette peur de le voir repartir, noyant son chagrin dans son verre comme leur père le fit avant lui. Elle avait une peur panique de le voir s'éloigner, de le voir disparaître jusqu'à ne plus être le même. Cette bouteille était le même outil de perdition de Gil... celle qui lui avait fait oublier ses principes et ses scrupules pour ne plus vivre que par et pour l'éphémère soulagement d'oublier la mort de sa femme.
Pourtant la blondine fut choquée par les paroles de son frère qui lui paraissaient aussi absurdes qu'elles étaient douloureuses. Pourquoi parlait-il avec autant de légèreté d'en finir avec sa propre vie? Lasse et surtout se sentant impuissante, Luhiel avait soudainement un semblant aussi triste qu'on pourrait croire qu'elle risquait d'éclater en sanglots d'un instant à l'autre... Quelle objection pouvait-elle y opposer? Elle ne pourrait pas l'empêcher si jamais il prenait des envies auto-destructrices, même si elle brûlait de simplement le prendre dans ses bras tout en espérant que cela suffise à tout effacer.

- Je ne suis ni dupe ni idiote... je me doute bien que tout ne s'est pas passé sans encombres, sous les clairons et les bannières, les louanges et les honneurs ! Mais est-ce parce que la vie ne t'a pas apporté son lot de consolations et autres facilités et félicités que tu dois commettre la même erreur que lui? Tu vaux mieux que ça, Frère. Je ne veux pas que tu te laisses consumer par ce feu intérieur et vorace... Je ne veux pas que tu y sombres comme j'ai failli sombrer en perdant mon mari et mon enfant. Aucune perte ne vaut ta déchéance, et aucune bouteille ne te ramènera ce que tu as été. Nous ne pouvons pas reprendre une enfance normale, c'est l'aigre vérité... Il faut tourner le dos à ce passé. D'ailleurs je ne comprends pas ce que tu fous dans ce trou à rats... Tu es valeureux et derrière tes airs frivoles et calculateurs tu serais un atout précieux pour n'importe quel royaume. Pourquoi restes-tu cloîtré dans ces terres arides et vides? C'est cette Relian n'est-ce pas?

La question fusait dans l'air comme une accusation... bien peinée d'ailleurs. Il n'était même pas totalement possible de le voir comme une rancune, car son expression trahissait sa confusion. C'était le regard perdu de petite fille qu'elle le dévisageait, craignant qu'on lui confirme qu'elle avait bel et bien été remplacée par une espèce de sosie de pacotille... une poupée grandeur nature qui avait visiblement conquis le Général en creusant un peu plus l'écart entre eux. De plus elle pourrait jurer que dans quelques instants à peine il prendrait sa défense... ce qui lui briserait net ses frêles espoirs. Les yeux chargés d'un sentiment probablement proche du désespoir, Luhiel se sentait faiblir. Que dire? Il n'y avait pas de mots. Ne supportant plus de l'entendre non plus déblatérer sur ces bêtises, sur ces inepties déchargées et déversées sans arrêt dans un flot continu et insupportable, la demoiselle fit le tour du bureau et se plaça en face de lui. Son index vint alors se poser sur les lèvres de Caym, alors que d'un air implorant elle lui demandait d'arrêter avec le regard. Une trêve... C'était ce qu'il leur fallait à tous les deux.

- Arrête je t'en prie... Je ne veux ni ne peux entendre ça ! Nous avons mieux à faire que de faire un malheureux concours à celui qui a vécu le plus de malheurs. Cessons tout cela, et épargnons le temps qu'il nous reste. Je sais que tu ne vas pas apprécier ce que je vais te demander, mais j'aimerais que tu laisses ton rapport pour plus tard. C'est égoïste et j'en ai conscience, mais j'en ai besoin. Tu auras le temps de te souler autant que tu le voudras une fois que je serai de retour dans les charmants cachots qui sont les vôtres. Dis moi donc, parle moi d'autre chose mon Prince... Raconte moi tes exploits...
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 7 Déc - 14:10

Un mari? Un enfant? Et il avait manqué cela? Pour la première fois de sa vie, le focus de sa haine ne fut pas dirigé sur sa mère ou sa sœur…. Mais sur son père, cet homme ingrat qui l’avait fait faillir à ses devoirs de frère, qui l’avait isolé de sa sœur, qui lui avait empêché d’être là dans les heures les plus sombres de Luhiel… S’emparant de la bouteille, il la regarda avec tant de haine qu’il pu presque voir Luhiel reculer légèrement avant de la lancer de toutes ses forces contre le mur, l’objet se brisant en fragments minuscules tant le lancer fut puissant. Plus jamais. Plus jamais il ne calquerait quoi que ce soit sur leur père… Et il devait cette réalisation à Luhiel, rien de moins. Pour cela, il lui en serait éternellement reconnaissant… Et même plus encore.

« Quel piètre frère je fais, j’ai tout manqué, tout manqué… Je ressens pour moi un profond sentiment de dégoût et de haine… Je n’étais pas là, j’aurais pu, j’aurais dû faire quelque chose pour te retrouver et ainsi assurer mes devoirs… Mais lâche que j’ai été, je ne l’ai pas fais et je suis coupable d’un crime fratricide pour cette Luhiel que tu aurais pu être sans ces tragiques pertes… Oh Luhiel, je te demande pardon, je l’implore même, de ne pas avoir été là dans tes heures les plus sombres… Comment aies-je pu être aussi faible, aussi stupide et aussi aveugle? Ce n’est pas digne de moi… »

Serrant longuement sa sœur dans ses bras, dans une étreinte fraternelle pleine de tendresse, Caym Symanth éclata en sanglots silencieux, malade dans son âme d’avoir abandonné sa sœur à un sort aussi funeste, dégoûté à l’idée de l’avoir trahi à ce point en ayant fait passer devant elle un vulgaire nom plutôt que l’être humain qu’elle était, écœuré par sa faiblesse d’avoir cru à un tissu de mensonge qui avait bien faillit le détruire… Non, malgré ses obligations, il se jura de ne plus jamais faillir à Luhiel… Se resaisissant, il reprit ensuite la parole.

« Le rapport attendra… Et tu sais… Ce n’est pas Relian qui me retient ici, mon petit roseau. Relian est relativement récente dans ma vie. Ce qui me retient ici, ma sœur, c’est que des gens comptent sur moi pour empêcher Rugillian de devenir la proie d’un chaos sans nom. Quand je me suis engagé à la base, c’était pour le défi d’être d’Otian et d’intégrer l’armée rivale, de travailler au-delà de mes limites pour gravir les échelons et montrer ce que c’était que d’être un Symanth. Et cela a trop bien fonctionné je dois dire. Et si je reste ici c’est pour une raison causée par une femme oui mais pas Relian. Cette femme c’est toi. Ma pire hantise n’a jamais été de connaître la disgrâce ou la mort au service de ce royaume. Même si en théorie je devais te renier et te détester suivant la volonté de père, je ne voulais pas te décevoir. L’idée de te retrouver un jour et te dire que je n’étais plus rien fut suffisante pour me faire tenir longtemps, très longtemps. Jusqu’à ce que notre père commence ce petit concours de qui entre Sparda et moi était le plus efficace. Sparda… J’aime notre frère autant qu’un frère puisse aimer mais c’est lui qui a toute l’attention de père. La cavalerie… Tellement plus noble que l’infanterie… Et les pertes de Sparda sont rares : la cavalerie n’est pas employée à grand escient dans la répression d’émeutes. Mes troupes oui. Notre père commence à se désintéresser de moi : Sparda a ses éloges, tu as sa haine et moi plus rien. N’eut été de ma position, nous serions sans doute dans le même bateau. C’est d’une délicieuse ironie je trouve… »

Effectivement, Caym avait changé. Il était devenu plus cynique, plus sombre aussi, l’acrimonieux était devenu excessivement amer avec le temps… Sparda était devenu un être pour qui l’honneur primait sur tout, Luhiel une femme forte et fière et lui, il avait vu ce qu’il était faire chemin inverse soit dépérir tranquillement. Après tout le bordel qu’il avait eu à garder en respect et surtout depuis qu’il avait dû lui-même mettre fin à la vie de son mentor, ce que Caym était d’apparence soit très froid semblait creuser son chemin vers l’intérieur. La flamme qui avait brûlé des années durant pendant cette enfance perdue s’éteignait peu à peu et malgré l’amour d’une femme et le respect de membres de l’armée suffisamment proche de lui pour avoir à tout le moins son respect, il continuait à dépérir. C’était subtil mais il savait pertinemment que Luhiel s’en rendait parfaitement compte… Pour la première fois depuis fort longtemps, plus de dix ans, il regarda sa sœur et lui fit ce sourire approbateur si rare qui à chaque fois avait fait gonfler le cœur de Luhiel de fierté, pratiquement au point de le faire éclater, qui signifiait que Caym était fier d’elle. Ce sourire là était plus rare qu’un démon avec une once de pitié… Quand Caym abandonnait le masque pour mettre son cœur à nu, c’était quand même quelque chose! Rares étaient les occasions où Caym Symanth se passait de sa défense la plus efficace pour laisser à L’autre voir son « vrai » visage…

« Je suis fier de toi Luhiel. Excessivement fier de toi. Malgré des pertes importantes, pour ce que j’en déduis, malgré la solitude et l’adversité, tu es devenue encore plus que ce que j’ai longtemps rêvé. Le fait que tu sois malarienne n’a rien avoir avec cela. Tu aurais pu avoir ton groupe de mercenaires que cela n’aurait rien changé. Je sais maintenant que je peux mourir tranquille en sachant que tu as fais ta vie de ton côté, que tu as réussis de façon admirable et que mon petit roseau a résisté à toutes les tempêtes de la vie. Je te l’ai dit il y a des années de cela et je n’ai jamais été aussi content d’avoir eu raison. Traites moi d’égoïste mais j’affirme que personne n’est plus fier de toi que moi, comme il en a toujours été et comme il en sera toujours et ce par delà la mort. »

Luhiel étant en face de lui, il n’eut aucun mal à lui donner une chose encore plus rare que son sourire : un baiser. Maintenant, il y avait trois types de baisers chez Caym Symanth : sur le front, pour exprimer tendresse et fierté, ceux que Luhiel avait connu en quelques occasions étant plus jeune, celui sur la joue, qu’elle avait reçu quand elle était triste ou qu’elle avait peur, qui était plus commun et Caym lui avait toujours parlé d’un baiser mythique qu’elle connaîtrait un jour lorsqu’elle suivrait sa propre voie et qu’ils se rencontreraient de nouveau. Ce baiser là, c’est aujourd’hui qu’il le lui offrit, lèvres contre lèvres. Ceci dit, cela n’avait rien à voir avec un geste incestueux, rien de là, ou traitre dace à la compagne du général. Loin de là. Ce baiser là, et Luhiel pourrait s’en vanter, même Relian Mirel ne l’avait jamais reçu. Caym avait toujours dit que les mots disent énormément mais que je corps dit encore davantage. Ce baiser représentait la parfaite fusion des deux, ce que la bouche pourrait dire et ce que le corps affirmait. S’il était possible de se faire électrocuter par une décharge de fierté… Luhiel venait de se faire foudroyer sur place et alors il ne resterait qu’un tas de petites cendres crépitant de fierté. Oui, c’était une conception des choses particulières et pouvant être déstabilisante mais Caym s’était toujours vu comme un penseur hors de la boîte. Il avait toujours été un petit malin capable de voir plus que les autres et cet intellect redoutable qui était sien pouvait être mit au service d’intentions aussi nobles si tel était son désir…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeJeu 10 Déc - 9:52

Il est vrai que même si il n'y avait qu'un peu plus d'une dizaine d'années depuis la dernière fois où ils s'étaient vus, c'était un peu comme si une vie entière les séparait. Autant l'un que l'autre n'avaient pas été là pendant les coups durs, les joies et les chagrins, les moments de solitude et d'euphorie. Il fallait qu'ils s'y fassent, il ne servirait à rien de s'y appesantir, surtout que cela n'était propice qu'à une seule chose: nourrir les non dits et les regrets stériles. Luhiel avait cru pendant longtemps qu'elle serait capable d'en vouloir à ses deux frères pour leur silence et leur absence, mais le fait est que maintenant qu'elle y était directement confrontée, elle devait se rendre à l'évidence... Elle ne pouvait pas leur en tenir rigueur. Ce serait trop facile et trop simpliste de s'en prendre au premier bouc émissaire qui lui faisait face... et surtout ce serait totalement injuste.
Pendant quelques instants la crainte de voir la haine fortement lisible sur le faciès d'ordinaire délicat de Caym lui fit reculer d'un pas, et mettre les mains sur les oreilles pour essayer d'étouffer le bruit du verre qui se brise avec violence. Avec une grimace toute enfantine de peur et d'effroi, elle le regarda avec incompréhension, se demandant si elle allait encore assister à une transformation instantanée, comme le faisait son père lorsqu'il était déjà entre les serres impitoyables de l'alcool. Alors dans ces cas là il perdait souvent la tête et se servait d'elle comme d'un vieux sac de sable n'ayant d'autre utilité que d'y déverser sa fureur. Cependant étant donné ses sens aiguisés, même ses mains ne purent lui épargner le bruit désagréable, pas plus que d'entendre les paroles de son frère, qui la calmèrent quelque peu. Alors il avait compris... Il ne perdrait pas la tête?

- Non tu n'aurais pas pu... tu ne pouvais pas savoir et tu n'as rien à te reprocher, après tout je n'ai pas non plus été là pour panser tes blessures quand tu fais des bêtises. Je n'étais pas là pour t'écouter râler ou simplement pour te tenir compagnie. Je ne suis pas à plaindre, même si la vie ne m'a pas gâtée, j'ai enfin pu te retrouver et ça ça n'a pas de prix, Frère. Il ne faut pas se leurrer, même si tu avais été là j'aurais subi les même pertes, et j'aurai quand même fini par devenir celle que je suis. Il faut que l'on cesse de regarder en arrière et regretter ce qui ne peut être. Nous devons regarder vers l'avenir et les jours qui nous attendent. Cesse de t'en faire, je n'ai rien à te pardonner... Recommençons tout, mon Prince.

Sobriquet privé qu'elle n'usait qu'en l'absence de toutes les personnes les connaissant, elle essayait de lui faire comprendre que cet affrontement devait prendre fin, que leurs destinées se retrouvaient enfin et qu'il fallait en profiter pour rattraper le temps perdu sans pour autant chercher à le retrouver comme il aurait pu être. Plus philosophe depuis qu'elle avait subi les pertes de ceux qui lui étaient chers, Luhiel était devenue plus calme et réfléchie, plus posée et humble. Il fallait se contenter de ce que l'on avait afin que lorsqu'il venait à disparaître on n'ait pas l'impression d'inachevé... pas de cette douloureuse manière où elle avait perdu Syl, alors qu'elle devait lui apprendre sa grossesse, alors qu'ils allaient se marier pour concrétiser cet amour grandissant. Fauchée en plein essor, en plein élan alors qu'elle touchait les étoiles du bout des doigts, la demoiselle n'était plus qu'une ombre spectrale.
Serrant son aîné malgré l'inconfort de cette maudite armure qui les séparait d'une manière qui l'agaçait passablement, Luhiel profitait de cette accalmie. Peut être qu'au final cet incident et cette discussion houleuse leur servirait afin de repartir sur de nouvelles bases, plus saines cette fois. C'était du moins ce qu'elle espérait de tout cœur, car au final il y avait encore Sparda à convaincre, ce qui serait très loin d'être une partie de plaisir. En effet ce dernier avait beau être encore plus droit et probablement plus brave, il était d'une obstination sans frontières et également moins ouvert à remettre en question ses certitudes.

- Je vois... Tu as finalement réussi à trouver ton rôle et ta place... Je ne sais pas si c'est le mieux pour toi, mais je le respecte. Après tout je dois dire que je n'ai pas de patrie fixe, bien que les balades sur le port d'Otian me manquent cruellement. Ceci dit je n'ai pas vraiment osé y remettre les pieds depuis un moment... j'ai toujours craint que l'un des vieux marins me reconnaisse et le dise à Père.
Pour ce qui est de moi... je ne sais pas si la femme que je suis devenue est vraiment à la hauteur des efforts que tu as ébauchés, mais j'ose l'espérer. En tout cas tu devrais te détacher de ce que veut père... il est inutile de tenter de pallier à ses désirs toujours grandissants, toujours insatisfaits. Nous ne sommes que des outils qu'il utilise à sa guise pour assouvir les soifs encore insatisfaites, que des espèces de pantins ridicules destinés à réussir là où il a échoué. Avoir été capitaine d'Otian ne lui a jamais suffi et tu le sais aussi bien que moi... Fais moi plaisir, ne complexe pas car il n'y a pas de raisons. Nous nous valons tous et chacun a son domaine, autant que ses points forts et faibles. N'entre pas dans son jeu... Ne gaspille pas ton temps et ta valeur avec ce vieux décrépi et sénile...


Caressant les sombres cheveux longs de son frère, Luhiel se sentait désireuse de le protéger même si il n'en avait pas besoin, désireuse de lui apporter enfin quelque chose après toutes ces années de séparation. Cependant trouver sa place dans la vie déjà fortement bien organisée au millimètre relevait de l'exploit, et elle ne tenait pas non plus à tout chambouler juste pour un désir égoïste d'exister à ses yeux. Comment pourrait-elle lui imposer sa présence aux risques qu'il s'attire les foudres de leur frère, de leur père et surtout des autorités supérieures qui avaient réussi à la foutre en taule? Impossible. La Malarian savait bien que derrière cette façade de froideur et de mépris haineux il y avait un homme bon et sensible... et vulnérable également. Il était une erreur de croire que parce qu'il se montrait infaillible, il l'était, et la blondine était bien placée pour le savoir. C'est pourquoi maternellement elle caressait sa crinière ébène, essayant de lui apporter un peu de bien être et de calme. Un peu d'affection également, bien qu'elle ne doute pas que Relian pallie également à cela, ce qui ne l'enchantait pas non plus.
Le voyant sourire, la benjamine des Symanth sourit docilement en retour, sans toutefois trop comprendre pourquoi ce changement soudain. Elle avait beau être lunatique, on pouvait dire que lui aussi avait le don de passer du coq à l'âne sans prévenir. C'était parfois dur à suivre et il fallait s'accrocher, mais pour ce qui était de l'attention, on pouvait dire qu'il l'avait totalement. Souriant elle aussi comme elle ne l'avait pas fait depuis des lustres, elle regardait béatement son frère comme un adorateur contemple la statue de son idole.

- Ne te sous estime pas... je suis tout aussi fière de toi, même si certains détails nécessitent quelques réglages... mais après tout je suis là pour ça non? Panser tes blessures quand tu te fais mal c'est mon rôle et si tu n'y vois pas d'inconvénients, j'aimerais le reprendre. Fait ma vie... ce sont là de bien grands mots puisqu'à présent il ne me reste plus grand chose si ce n'est Sparda et toi. Mon rôle militaire est quand à lui bien sûr important, mais jamais il ne primera sur ceux que j'aime. Maintenant ma seule mission primordiale est de trouver celui ou ceux qui ont assassiné mon promis, mais j'ai conscience qu'il s'agit d'un engagement de longue haleine... enfin pour le moment ce n'est pas ce qui importe. Ce qui compte c'est que mon Prince retrouve le sourire... et je ferai autant de pitreries qu'il le faut pour que ce soit le cas.

Pourtant le baiser qui arriva la fit devenir aussi rouge qu'un coquelicot en plein été... Toujours aussi farouche elle n'eut pas de mouvement de recul, mais fut seulement complètement hébétée. L'expérience avec les hommes n'était pas son fort, surtout qu'elle n'en avait connu qu'un et pendant au final peu longtemps... vu qu'il avait trouvé la mort. Ironique... Ceci dit elle regardait Caym dans les yeux, sans choc mais avec surprise. Ce qu'il lui disait lui gonflait le cœur, et lui apportait pas mal de réconfort, lui faisant presque oublier l'abandon et la tristesse. Se mettant donc sur la pointe des pieds, elle bondit à son cou qu'elle serra avec force sans pour autant lui faire mal... joue contre joue elle profitait de cette proximité physique qu'elle n'avait pas connue depuis si longtemps. Pourtant un instant elle fut presque foudroyée par une image qui lui traversa l'esprit si vite qu'elle en eut le tournis. Ainsi parée avec les fringues et l'armure de Relian... on aurait presque pu les confondre, si ce n'est peut être quelques traits de visage, une dizaine de centimètres de plus pour Luhiel, ainsi que la longueur conséquente des cheveux de cette dernière. N'était-il pas en train de tout confondre, ou bien était-ce réellement un pur sentiment d'orgueil et de fierté?? Un murmure doux mais mélancolique franchit ses lippes.

- Je ne veux plus que l'on se sépare, mon Prince. Plus jamais.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeJeu 10 Déc - 14:41

Ne plus se séparer, si seulement c’était possible… Hélas, elle avait ses obligations ailleurs et lui ici… Se revoir n’était pas exclut, Caym étant passé maître dans l’art des excuses crédibles et des sorties au nez et à la barbe de ses supérieurs. C’était ainsi, par exemple, qu’il avait rejoint je front pour remonter le moral des troupes, qu’il allait à l’Académie militaire prendre le pouls des recrues plutôt que de perdre son temps avec des nobles ingrats, qu’il passait par les chambres de ses officiers et subordonnés blessés pour leur remonter le moral… Il exigeait peut-être qu’on le craigne, coupant court de ce fait à toute idée de révolte et de dissidence tant il orchestrait bien la chose et pourtant, pourtant… Caym aimait les gens travaillant sous lui et avec lui, même si sa confiance était chose qu’il ne leur accordait jamais complètement et pour lui, c’était une raison suffisante pour prendre des risques et tirer la langue face au conseil et aux autres pouvant vouloir le forcer à rester cloitré entre quatre murs. Si pour revoir Luhiel il devait déserter de son poste durant plusieurs heures, il le ferait : Rugillian avait de nombreuses garnisons à inspecter et plusieurs postes frontière alors… Caym pouvait être n’importe où sur l’immense territoire, il faudrait du temps pour le trouver…

« Sache ceci ma sœur : si jamais tu as besoin de mon aide, de mes troupes, n’hésite pas et demande. Briser les règles, faire dissidence… Ma carrière est bien peu de choses face à l’importance que tu as pour moi. Trop longtemps j’ai cherché à me prouver des choses qui se sont avérées futiles. Je refuse de m’écarter davantage du droit chemin, celui de rester là pour ma famille, pour mon frère, pour ma sœur… Nous ne serons plus jamais séparés… Et je mettrai tout en œuvre pour que les choses aillent en ce sens. Je ferai le nécessaire, quel que soit ce nécessaire et quelque soit son prix. »

Ce qu’il disait, il le pensait. Aucun ennemi, aucune barrière, aucune force ne saurait l’empêcher de se porter au secours de sa sœur si cette dernière se trouvait dans le besoin. Il avait manqué à ses devoirs une première fois, il ne faillirait pas à la tâche une seconde fois. C’était une éventualité qu’il se refusait à accepter. Il y avait pourtant quelque chose qui le dérangeait… Il connaissait très bien sa sœur et là il reconnaissait bien sa propension à la fixation. La façon dont elle avait regardé Relian, comment elle se comportait dans son armure, le fait qu’il pouvait pratiquement voir les pensées de sa sœur converger vers cette seule personne… Quand Luhiel Symanth prenait le fixe sur quelque chose, il fallait bien l’avouer, elle ne le perdait pas facilement… En fait, Caym se demandait si elle finissait par le perdre réellement ou si cela ne faisait que tomber en dormance pour ressurgir éventuellement et retourner au premier plan…

« Bon allez, enlève l’armure. Je vois bien qu’elle te dérange et que tu as fais ta fixation sur Relian. Je te connais mon petit roseau et il y a quelque chose qui te dérange terriblement. De quoi s’agit-il? C’est parce que tu crains qu’elle ait prit ta place dans mon cœur? Tu as peur qu’elle t’éclipse et que je t’oublies? Qu’est-ce qui te dérange à ce point pour que même quand il s’agit de te permettre d’avoir un peu de liberté tu agis comme si tu portais je ne sais pas moi, une tunique composée d’un ensemble de détritus? Je ne suis pas dupe mon petit roseau, il y a en toi un grand conflit concernant Relian et tu tiens ta langue parce que tu ne veux pas me décevoir. C’est en fait tout le contraire : Tu me décevrais beaucoup si tu ne me disais pas ce qui ne va pas. J’ai toujours été là pour t’écouter, tu le sais, nous avons partagés des secrets très intimes l’un et l’autre… Des choses que père et Sparda ignorent, des choses que nous sommes les deux seuls à savoir. Alors fais plaisir à ton prince et dit lui ce qui ne va pas… »

Caym hésitait entre sourire et se maudire. Évidemment que c’était à prévoir… Luhiel avait toujours été très possessive de son frère. Ce n’était pas un amour incestueux, loin de là, simplement que le fait que les trois enfants Symanth n’aient jamais vraiment eu d’amis les avaient forcés à se souder pratiquement l’un à l’autre pour affronter la solitude… Et Luhiel, la petite dernière, avait toujours été celle à s’accrocher le plus fortement à Sparda et Caym. Ironiquement, c’était vers Caym qu’elle se tournait pour se confier, celui qui pourtant se servait d’elle et de son autre frère pour prendre les blâmes à sa place… En toute honnêteté, Caym n’avait jamais comprit pourquoi : il s’était toujours attendu à ce que Luhiel le prenne en grippe et se tourne vers Sparda qui au moins ne lui faisait pas de coups pareils… La vie est décidément faite d’une curieuse façon… Relian étant arrivée dans le décor, il pouvait comprendre que sa farouche petite sœur veuille s’imposer sur la place qui lui revenait de droit. Cependant, et il s’en rendait bien compte, elle adoptait une attitude proche de l’hostilité et comme les deux femmes étaient importantes dans la vie de Caym, à des niveaux différents certes, il faudrait que Luhiel s’y fasse et accepte les choses comme elles étaient. Peut-être que si c’était lui qui lui expliquait la chose, elle comprendrait mieux et accepterait avec plus de facilité…

« Tu sais, mon petit roseau, que personne ne peut prendre ta place dans mon cœur. Mais tu sais aussi, Luhiel, que malgré tout ce qui nous unis, il y a des choses qui nécessitent une autre femme que toi. Par exemple, si je veux avoir une descendance, ce n’est pas avec toi que je devrai partager ma couche. Tu es ma sœur, tu occupes par conséquent la première des deux places qu’une femme peut occuper dans ma vie et c’est inhérent aux liens de sang qui nous unissent. Relian elle occupe l’autre place, celle de l’amour d’une vie, de cette femme qui est moins qu’une sœur et plus qu’une amie. Pour te dire les choses franchement, Luhiel, si tu voulais tout mon cœur juste pour toi, il faudrait que tu portes ma descendance et cette pensée m’horrifie au plus haut point. Tu es ma sœur, ce serait un crime que de faire une telle chose, tu es ma protégée et ma protectrice, à la fois une alpha et une oméga, tantôt avec les pleins pouvoirs sur moi et tantôt plus soumise à ma volonté. C’est ce contraste qui défini nos rapports. Dans le cas de Relian, il s’agit d’une égale, ce qui fait que la relation est plus stable si on veut. Il ne faut pas la voir comme une ennemie ou une rivale, mon petit roseau, seulement comme celle qui offre à ton frère ce que la morale et l’éthique t’empêche de me donner. C’est comme si je me mettais à être jaloux de celui qui deviendrait ton consort. Je m’en voudrais de cette folie que de vouloir te priver du droit à ta descendance. En fait, pour tout t’avouer, je serais sans doute le premier à vous accorder ma bénédiction… »

Caym ne termina pas sa phrase car Luhiel dû deviner la fin de cette dernière, soit « tant et aussi longtemps qu’il te respecte, autrement je lui botterai le derrière si fort que ses ancêtres en souffriront » car elle esquissa un léger sourire. Caym avait dû répéter ce discours sur la place d’un autre homme dans la vie de Luhiel plus de fois qu’il ne s’en rappelait, ce qui faisait que Luhiel en connaissait les accents et les intonations par cœur… Caym serait un bien mauvais frère s’il ne radotait pas un peu les mêmes paroles pleines de convictions et de bienveillance vis-à-vis du bien être de sa petite sœur adorée…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 14 Déc - 17:04

Qu'il était étrange pour quiconque la rencontrait en des circonstances normales d'accepter l'idée que la femme indépendante et presque effrayante par sa puissance soit aussi différente en ce moment était une certitude. Elle retrouvait en effet le comportement de jadis envers son frère, les mêmes habitudes remontant si loin,... c'était comme si elle avait été embarquée dans un surprenant portail spatio-temporel. Seuls leurs physionomies démentissaient sordidement cette théorie scabreuse dans laquelle ils se complaisaient comme au premier jour. Luhiel n'était pas sans savoir que le retors et imprévisible Caym était comme une anguille entre ses doigts, comme un animal sauvage et fuyant n'acceptant de se laisser approcher que par une poignée d'élus, et encore... cela dépendait de son humeur. À tout moment il se pouvait qu'il s'en aille pour des raisons plus ou moins obscures, invoquant un devoir pressant ou je ne sais quelle autre excuse. Il avait toujours été professionnel dans ce domaine, esquivant toujours les pires embrouilles d'un revers de main... Mais le pire était qu'elle ne pouvait jamais se résoudre à lui en vouloir car c'était juste sa manière d'être.

Pourquoi alors se confier au « moins fiable » des Symanth? Elle ne savait le dire bien que le désir masochiste de se mettre en danger lui paraisse à écarter. Ce n'était pas aussi simple à expliquer que quelque chose d'aussi banalement rationnel. Parvenir à justifier pareille énigme était loin d'être aisé, puis en vérité elle n'avait pas que ça à faire que de se pencher sur des dilemmes philosophiques. Il y avait plus important...
Bienveillante elle lui sourit car malgré la tournure positive de ces retrouvailles, elle ne doutait pas qu'il soit capable du meilleur comme du pire... c'était d'ailleurs sans doute l'une des premières choses que l'on apprenait de son fonctionnement. C'est juste qu'il fallait prier pour que l'Acrimonieux ne change pas brusquement d'avis... Car les résultats pourraient s'avérer catastrophiques.

- Toi qui me connais si bien, tu sais que jamais je ne te demanderai de sacrifier quoi que ce soit pour ma petite personne. Je n'ai pas besoin de promesses ni d'engagements, ta présence seule me suffit amplement, si tant est qu'elle soit raisonnablement régulière. Je ne te demande rien de déraisonnable, juste que l'on passe un peu de temps ensemble et puis pour le reste... que nous reprenions notre correspondance, celle là même qui nous fut jadis interdite.

Luhiel savait bien que la parole de Caym était fiable contrairement à ce que l'on pourrait penser, car il ne parlait jamais en vain, chaque mot étant pesé... lorsqu'il s'agissait d'esquiver il fuyait sans pour autant mentir, ce qui était assez aisément repérable pour elle. Il serait erroné de peindre son table aussi noir, car l'ainé des jumeaux n'était pas foncièrement vil comme le pensait la majorité des gens. Mais ceux là ne le connaissaient pas, ils ne voyaient que l'une des facettes peu glorieuses certes, mais il avaient raté l'essentiel. C'était un fait avéré qu'il était extrêmement calculateur, opportuniste au possible, intraitable sur pas mal de sujets et parfois égoïste, mais cela ne faisait pas pour autant quelqu'un de niais ou maléfique par nature. Les prunelles azurées de la demoiselle se perdaient dans le visage tant aimé, ce visage fier et imberbe qu'elle n'aurait pas imaginé revoir, et encore moins dans ces circonstances...
Elle se sentit à découvert à la remarque du général, et baissa la tête quelques instants avant de finalement hausser les épaules en feignant la légèreté. Se détournant quelques instants, elle défit les liens de cuir qui reliaient les plaques métalliques et put enfin souffler plus librement sans cette encombrante carapace de toute façon trop petite pour elle. Se retrouvant pourtant dans un petit haut de cuir ne pouvant dissimuler ses formes avantageuses elle n'y prêtait pas trop attention... Après tout il n'y avait pas de raison d'être aussi pudique que d'habitude étant donné qu'il s'agissait de son frère. Laissant donc le poitrail tomber à terre elle écoutait ce qu'il lui disait... mais elle se sentit mise à nu autant moralement que physiquement. C'était comme si elle n'avait plus de secrets... et c'était pas très agréable comme sensation. Croisant les bras sur la poitrine elle ignorait l'air froid sur son ventre exposé, alors qu'elle réfléchissait à ce qui était dit. Il avait raison d'un certain côté... comme toujours d'ailleurs. Mais le fait est que certains événements avaient laissé une trace profonde dans sa manière de fonctionner, et que malheureusement il était impossible de les effacer. Cependant dire ce qui n'allait pas n'était pas son sport préféré, surtout que cela faisait à peu près 15 ans qu'elle n'avait plus de confident. Une éternité donc. Sa voix faible sonna tremblotante, et elle bégaya.

- Je ne sais pas par ou commencer. Je... Ne voudrais pas te faire une crise ou un caprice de jeune fille alors que nous venons à peine de nous retrouver... Non non... ce ne serait pas... Non ce ne serait pas correct du tout. Je... Je ne sais pas pourquoi je vis les choses comme ça, je ne sais pas non plus si j'ai raison ou tort... tout ce que je sais c'est qu'elle tourne autour de toi, qu'elle te côtoye tous les jours. Elle a été là pendant mon absence et lentement elle a fait tout ce que j'aurais du faire, elle t'a secondé, soutenu et sûrement aussi engueulé. Elle incarne ce que j'aurais du être, ce que j'aurais du faire... En plus elle me ressemble trop pour que je n'y pense pas... c'est juste... juste plus fort que moi. Pour faire court, je la jalouse. Voilà la vérité.

En effet son discours était poignant de sincérité, même si l'effet était un peu brouillon à cause de son hésitation et de cette fragilité qu'elle ne consentait plus du tout à montrer en temps normal. Fragile, elle avait l'air d'une poupée de porcelaine avec sa peau pâle et opalescente, bien que son corps endurci par l'entrainement garde ses formes féminines. Par contre de nombreuses cicatrices le jonchaient ça et là, comme une trace d'entaille au niveau des côtes, ou encore une marque d'estoc au niveau des reins. Cependant gênée par ses sentiments conflictuels et surtout pesants, Luhiel tourna momentanément le dos à son frère car elle était trop honteuse pour le regarder. La partie de son anatomie la plus jalonnée de cicatrices fut alors visible, puisque son dos était totalement meurtri de blessures refermées et profondes... de vilaines marques plus foncées le traversant de haut en bas en disparaissant sous son pantalon au niveau du coccyx. Des brûlures ou des coups de fouet, cela restait dur à dire...
Toutefois les explications calmes mais presque pédagogiques de Caym l'irritèrent quelque peu. Il voulait bien faire, mais sa manière de lui expliquer les choses lui donnait l'impression de retourner en enfance... ce qui était fort désagréable étant donné les souvenirs qui y étaient fatalement reliés. Lui répondant toujours de dos, elle regarda par l'une des fenêtres donnant sur l'extérieur, histoire de se concentrer sur autre chose... en vain.

- Je ne suis pas sans savoir que je ne suis pas cette femme qu'il te faut, celle qui partagera tes jours jusqu'au dernier et te donnera enfin des jolis petits garçons aux cheveux noirs. Je le sais très bien, pas besoin de me le rappeler... je ne suis pas idiote. Tu sais très bien que jamais je ne m'interposerai entre vous pas plus que je ne te demanderai ce choix cornélien aussi difficile qu'absurde. Mon ressenti va bien au delà d'une remise en question classique... je... me sens juste menacée sur ce qui est mon fief et je n'aime pas ça. Je suis sur la défensive et je risque d'être gratuitement agressive à son égard, ce pourquoi je préfère rester le plus loin possible d'elle. D'ailleurs si tu préfères que je ne m'approche plus pour pouvoir vivre ton histoire sans préoccupations, je le comprendrai tout à fait. Pour ce qui est de mon droit à la descendance, j'y ai renoncé. Ce n'est pas moi qui prolongerai la lignée car plus jamais je n'enfanterai. Le seul enfant qui m'était destiné est... mort, et celui qui me l'avait donné l'est aussi.

Son ton s'endurcit sensiblement en prononçant le mot fatidique, son expression se refermant comme une huître. La perte de l'enfant qu'elle portait encore en son sein était inexprimable, tellement profonde qu'elle semblait lui corroder les veines de l'intérieur, la rongeant corps et âme comme un parasite impitoyable. Luhiel connaissait les prix à payer, les tributs si lourds que son être en pesait encore... Elle savait que si il lui demandait de partir de sa vie à quel qu'en soit le moment et quelle qu'en soit la raison, elle le ferait par respect pour lui... bien que ce soit évidemment contraire à sa volonté. C'était inévitable tout allait très bien tant qu'il était question de l'avenir et du présent de Caym, mais dès qu'il était question de son passé ou de son manque de futur, les choses tournaient au vinaigre. Soupirant lassement, elle dodelina de la tête avec dépit, ce qui sans le vouloir défit sa natte, et libéra ses cheveux dans un rideau d'organsin doré qui lui retomba sur le visage pour cacher la tristesse de ses prunelles saphir.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeMar 15 Déc - 16:13

Le général se porta à la rencontre de sa sœur pour l’étreindre longuement. À dire vrai, il ne voulait plus la lâcher de peur de la perdre à nouveau. Au fond de lui il se sentait brisé. Il avait faillit à sa tâche de grand frère. Il n’avait pas été là dans les heures les plus sombres de Luhiel et cela le hanterait jusque dans la tombe et même au-delà. C’était une bonne chose qu’à ce moment là Luhiel ne puisse voir son visage, nul besoin de lui donner des soucis supplémentaires… C’eut été fort injuste de sa part. Ce qu’il devait retenir de la chose au final était simplement le fait de devoir se montrer disponible pour elle à l’avenir et de tout faire pour ne pas rajouter au poids de ses fautes des tonnes additionnelles. Il espérait de tout cœur y parvenir, étant mortifié à l’idée de décevoir Luhiel une nouvelle fois. Si elle ne lui demanderait jamais de sacrifier quoi que ce soit, lui était prêt à le faire sans hésiter et c’était un changement subtil du Caym de jadis qui ne faisait un acte que quand il était sûr d’avoir le meilleur jeu en main… Peut-être était-ce un effet indirect d’un esprit luttant contre une propagande paternelle qui l’avait poussé à mettre sa famille avant le reste mais chose certaine, si jamais sa sœur était de nouveau dans le besoin, il irait jusqu’au cœur des enfers pour la ramener saine et sauve. Plus jamais, non plus jamais il ne la laisserait seule avec la noirceur de ses idées et les tourments de sa vie… Il lui écrirait des millions de lettres si nécessaire mais il ne la laisserait plus tomber et ce même si pour se faire il devait confronter directement leur géniteur et son frère Sparda. Il tenait trop à Luhiel pour l’abandonner égoïstement.

Le général Symanth se surprit à sourire, pensant à ce qu’une éventuelle réunion de famille donnerait dans un futur probable où leur père aurait fini par comprendre les erreurs de sa logique et où Sparda aurait enfin ouvert les yeux. Il voyait distinctement Luhiel et Relian se dévisager l’une et l’autre, y allant de faux semblants de politesse l’une vers l’autre pour ne pas verser dans l’hostilité pure et dure… Effectivement, sa sœur avait toujours jalousé toute femme s’approchant trop de son frère, même lorsqu’ils étaient petits… Et c’est pourtant ce qui faisait le charme de Luhiel. Elle protégeait l’amour que ses frères entretenaient à son égard et elle défendait farouchement ce dernier contre vent et marée. Évidemment, Caym lui-même, bien qu’il ait affirmé le contraire, aurait sans doute jalousé un minimum feu l’époux de sa sœur bien aimée mais bon, il avait apprit, entre autres choses, que les liens du sang restaient les plus fort et qu’à ce juste titre il n’avait pas à s’en faire : il aurait toujours une place privilégiée dans le cœur de sa sœur.

Au bout d’un long moment pourtant trop court à son goût, à contrecœur même, il défit son étreinte et regarda ave plus d’attention encore ce corps qui avait évolué loin de lui et qui portait plusieurs marques. Caym aussi en avait en quantité mais la plupart n’étaient plus que fantômes, effacés par la magie d’un guérisseur de grand talent. Certains disaient que les blessures et leurs souvenirs forgeaient les militaires : aux yeux de Caym, cela pouvait tant faire montre de force que de faiblesse. Qui plus était, celui qui se présente face à son adversaire vierge de toute traces de blessures signifie deux choses : une personne fort inexpérimentée ou une personne si habile et talentueuse que ses adversaires n’ont jamais réussit à le toucher. Cultiver le doute était chose dont Caym Symanth était friand tant pour l’utiliser de manière offensive que défensive. Après tout, l’acrimonieux avait toujours été le plus malin de la famille, celui capable de faire croire ce que bon lui semblait. Il aurait fait un grand politicien selon certains mais il détestait cela : perdre son temps à ne rien faire n’était pas sa tasse de thé, la prise de décision, selon lui, venant également avec une mise en pratique sur le terrain donc une présence physique. Et les dieux seuls savaient combien de fois Caym avait prit les armes au côté de ses soldats pour les conduire à la victoire même devant les pronostics les plus catastrophiques…

Toujours était-il qu’il n’aimait pas ce qu’il voyait et sans même s’en apercevoir, sans même sans rendre compte, sa bouche formula d’elle-même la question qui lui trottait dans la tête et c’est avec une colère que Luhiel ne lui connaissait pas qu’il formula ce simple mot : qui. Autrement dit, qui était le responsable d’une partie de ces blessures car toutes n’avaient pas été infligées en combat, de cela il pouvait le voir très distinctement. Et Luhiel de son côté dû bien se rendre compte que son frère avait dû endurer son lot de blessures et d’expériences physiques douloureuses pour réussir à canaliser tant de colère et de haine dans un seul mot. Luhiel avait rarement connu son frère en colère pour ne pas dire jamais… Et il avait parlé avec une telle hargne que cela aurait fait reculer même ses plus fidèles subordonnés. Il y avait quelque chose de profondément dérangeant dans ce ton, un quelque chose de difficilement contenu qu’il valait mieux garder caché… Apparemment, Caym n’avait pas perdu sa fâcheuse d’accumuler les émotions en lui, bonne comme mauvaises… Et quand le tout finissait par exploser, ce n’était jamais bon pour personne. Oui, il avait des émotions au quotidien mais les plus intenses sortaient rarement, très rarement. Et comme Caym gardait également énormément de choses pour lui, toutes ces joies, peines et colères non partagées finissaient par agir comme un acide en lui, le rongeant de l’intérieur… Il fallait souvent un déclencheur plus marquant que les autres pour mener la bombe vers son explosion et apparemment, la situation actuelle menait tout droit vers une belle grosse détonation d’émotions trop longtemps retenues.

Encore une fois, la seule à vraiment avoir jamais eu un contrôle sur ce genre de manifestations de comportement plutôt éprouvant tant pour le colérique que son entourage restait Luhiel donc s’il y avait bien quelqu’un pour calmer la tempête, c’était bien elle. Il était dans son intérêt de désamorcer la situation car si elle donnait un nom, il serait bien capable de se rendre au fin fond des terres oubliées pour faire rendre gorge au tortionnaire de Luhiel… Avec ou sans ses troupes en soutien. Quand ils étaient plus jeunes, il avait fallut et Luhiel et Sparda pour l’empêcher de tuer à coups de poing un autre gamin de leur âge qui avait insulté Luhiel une fois de trop au goût de Caym. Sparda avait fini avec le nez en sang dans l’opération et sans ce talent caché de Luhiel pour calmer son ainé, la situation aurait pu prendre une tournure encore plus tragique… Qui plus était, si Luhiel restait suffisamment longtemps à Rugillian pour entendre toutes les histoires qui courraient sur son frère, elle pourrait constater que même sa rivale, le colonel Mirel, avait moins de succès pour calmer le tempérament explosif et à retardement de son frère bien aimé… Luhiel était grande championne dans le « calmage » de Caym, catégorie poids moyens… Et il y avait de quoi être fier, quand même!

Ceci dit, son ainé attendait une réponse et son regard indiquait que tout délais additionnel dans la réponse de sa sœur cadette risquait de tourner à la catastrophe et cela risquait fort d’écourter leur moment de retrouvailles, chose à éviter à tout prix considérant qu’après tout, il se puisse que ce soit leur dernier tout dépendamment de la tournure prochaine des événements. Un Caym en crise était dur à raisonner, mieux valait donc traiter avec le personnage avant qu’il ne saute sa coche et devienne considérablement plus agressif et bien moins rationnel…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeJeu 17 Déc - 16:41

Un peu surprise par l'étreinte, autant parce qu'elle était devenue étrangère à toute démonstration d'affection que parce que ce n'était pas un geste anodin ou courant chez son frère, la demoiselle se laissa cependant enlacer. C'était peut être une circonstance opportune pour tous les deux qu'aucun ne voie l'expression de l'autre, et d'une certaine manière c'était moins gênant comme ça. Pourtant tous deux jouissaient de ce contact inespéré et précieux, surtout étant donnée la fougue de ces années volées et gâchées loin l'un de l'autre... c'était leur revanche, et encore elle lui paraissait bien mince comparé à tout ce qu'elle aurait bien envie de faire. Seulement le devoir était là et parlait plus fort... réalistement il était totalement impossible qu'ils abandonnent leurs postes et leurs responsabilités pour des simples disponibilités. Il fallait se rendre à l'évidence, si pour l'instant se retrouver était une tâche ardue, cela n'irait pas en s'arrangeant avec le temps.

Humant l'odeur de son aîné, elle se sentait un peu récompensée et réconfortée de tout ce temps où la solitude avait été sa compagne et amie, sa délivrance et son fardeau. Elle enregistra dans sa mémoire cette nouvelle odeur si particulière, un savant mélange de son odeur naturelle subtilement proche du musc, alors qu'un soupir s'échappa encore furtivement d'entre ses lèvres. En ce moment les mots étaient superflus, et étant donné qu'elle avait révélé tout ce qui doucement mais sûrement la tuait à petits feux, il était dur de continuer sur la même voie pour aller plus loin. Que rajouter à cela? Tout était dit, et bien que cela soit pitoyable elle ne changerait pas d'avis ni de ressenti sur la question. Relian était une embûche qu'il lui fallait absolument accepter, au même titre que la distance ou leurs obligations. Elle n'était ni plus ni moins qu'un obstacle... mais elle ne pourrait le dégager d'un revers de main, celui-ci étant une décision de son frère qu'elle se devait de respecter que cela lui plaise ou non.

Sentant alors l'étreinte salvatrice prendre fin, Luhiel se redressa quelque peu, se remettant lentement de la honte qu'elle ne pouvait cesser totalement de ressentir. C'est juste que fort heureusement Caym ne l'avait ni réprimandée, ni enfoncé le couteau dans la plaie, car rien que l'idée qu'il l'accable de reproches qui étaient à son sens mérités la peinait. Ses cicatrices n'étaient pas si nombreuses, mais elles étaient là, trace que son corps scultural et meurtri portait volontiers car elle n'en rougissait pas. Contrairement à son frère elle y voyait un souvenir impérissable des conflits qu'elle avait menés, mais aussi et surtout comme la preuve de sa force, la preuve que malgré toutes les épreuves, elle avait été de l'avant. C'était pourquoi elle refusait de céder à la facilité de se faire guérir par l'un des maîtres Malarians qui aurait sans nul doute pu effacer toutes ces balafres... Mais cela aurait été bafouer ce pourquoi elle s'était battue tout ce temps, la justice et la transparence, même si parfois - et même souvent - elles se conquéraient dans la douleur.

En ce point leurs visions étaient diamétralement opposées et elle le savait... L'Acrimonieux avait toujours aimé cultiver le mystère, entretenir l'énigme vivante qu'il était pour mieux surprendre ceux qui lui faisaient face. Dommage seulement que parfois il demeure impassible pour ses ennemis comme pour ses alliés, car au final il dissuadait pas mal de monde de l'approcher alors qu'il recelait d'innombrables richesses et des profondeurs d'humanité insoupçonnées. Tout cela était bien beau... mais c'était maintenant elle qui distinguait quelque chose d'inhabituel dans la manière de se comporter de son aîné. Il semblait... révolté, courroucé par une étrange et foudroyante ire dont elle ignorait encore la cause. Ceci dit le doute fut rapidement levé lorsque ce simple mot lui dévoila pourquoi il était dans tous ses états, tout comme en quel sens se tournaient ses pensées. Luhiel n'était pas sans savoir à quel point l'orage pourrait être dangereux pour lui comme pour tous ceux qui l'entouraient, ce qui ne pouvait la conduire qu'à essayer de pacifier les émotions qui l'animaient. La glace qui enrobe les flammes se risquait à fondre, mais peut être que par ce biais elle pourrait enfin apporter un peu de bien être et de tranquillité à cet homme sempiternellement torturé par les méandres de son esprit empli de culpabilité. Posant une main sur son épaule, la guerrière leva à nouveau ses prunelles reluisant tels deux lacs infinis avant de tenter de le raisonner. Elle ne tenait pas à lui dévoiler l'identité de celui qui avait marqué son corps à jamais, principalement parce que cela engendrerait la croissance d'une haine déjà enfouie... qui pourrait même le conduite à un parricide.

Non jamais... Jamais elle ne lui dévoilerait la vérité, bien que mentir ne lui enchante pas... elle n'était pas une lâche et ne tenait pas à provoquer indirectement la mort de Gil Symanth. Si jamais elle voulait sa mort, elle l'aurait sans nul doute perpétré de ses propres mains, mais n'aurait pas d'un moyen aussi bas de se venger. Par ailleurs elle connaissait son consanguin et il en allait de même pour son courage. Bien sûr qu'il serait capable de commettre ce crime pour tenter de réparer les choses,... Mais à posteriori il se rendrait compte de son ignominie et porterait un fardeau insurmontable jusqu'à la fin de ses jours. Non Luhiel n'était pas calculatrice... mais elle n'était ni sotte ni naïve pour autant. Ses choix déterminaient trop de choses, et elle ne pouvait pas se permettre de payer le tribut de sa paix par l'avenir de ceux qu'elle aimait. Le regardant donc droit dans les yeux, elle tenta de lui communiquer par ce moyen à quel point ces traces étaient sans importance pour elle, du moins dans le sens négatif. Bien sûr qu'elles étaient une partie d'elle même à laquelle elle ne voulait pas renoncer, mais au final elles ne lui causaient pas de tort... Elles démontraient juste physiquement des blessures psychologiques qu'elle gérait, mais là encore... elles n'étaient qu'un euphémisme.

- Ne t'en fais pas pour si peu mon Prince... ce n'est pas grand chose, et je n'ai pas voulu moi même me charger du responsable parce que j'ai jugé qu'il n'en valait pas le coup. Ce ne sont que quelques balafres et rien de plus, rien de bien méchant... et puis de toute façon je ne suis pas sur Erade pour faire la belle et me pavaner en synchronisation avec un essaim de courtisanes. Je n'ai rien à prouver à personne et la beauté n'a jamais été une de mes priorités... donc ceux qui aiment mon corps tant mieux, ceux qui ne l'aiment pas n'ont qu'à détourner le regard. Cependant je t'en prie, ne perds pas ton temps, notre temps... en des vengeances inutiles qui de toute façon ne m'auraient pas rendu mon dos sans les marques de tisonnier. Crois moi, je les porte par choix et elles ne me dérangent pas, de toute façon je ne peux pas les voir sans glace, et ça me va très bien ! Dis toi qu'au moins grâce à elles tu ne risques pas de me confondre avec ta Relian...

La dernière phrase était sortie malgré elle, bien qu'il n'y ait pas de méchanceté dans ses paroles... juste probablement des restes d'amertume et de jalousie. Il est vrai qu'à y regarder de plus près, elle avait toutes les raisons de l'envier... Relian était jeune et vigoureuse, elle était aimée d'un homme magnifique et bon... elle était proche de lui dans l'intimité comme professionnellement et elle avait l'air apte à lui donner la descendance qu'il ambitionnait tant. À côté de ça elle se faisait l'impression d'un vagabond demandant l'aumône à côté d'une reine somptueuse... mais ça... elle ne le lui dirait jamais, car il se sentait suffisamment mal comme ça. Il avait besoin d'elle et pas de ses pleurnicheries alors même si elle avait besoin d'une série de choses, elle les mettrait de côté. Après tout un peu plus ou un peu moins, quand on arrivait à ce stade cela n'avait guère plus d'importance... Une supplique inquiète fut alors ébauchée, alors qu'elle penchait le visage sur le côté d'un air intrigué et las:

- Parle moi mon Prince... Ne me laisse pas plus dans le silence... Toutes ces années m'ont bien suffi.
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeLun 21 Déc - 21:28

« Je n’ai pas besoin de voir des marques sur ta chair pour faire la différence entre toi et Relian, Luhiel. Penser le contraire serait franchement insultant, il va de soi. Je sais parfaitement vous différencier, nous avons quand même passé plus de dix ans ensemble, je te le rappelle. En toute franchise, je ne vois pas comment tu peux prendre un tel sujet à la légère. S’il s’était agit de moi, et mes officiers te diront la même chose, ce type là serait mort avant même d’avoir pu esquisser le début d’un pardon ou d’une prière à son dieu. Je ne te dirais pas que ta réaction me consterne, ce serait exagérer un malaise bien présent mais disons que ce n’est pas si loin de cela… As-tu donc déjà oublié ce que j’ai tenté de t’enseigner quand tu étais encore toute jeune? Que la vengeance à outrance est un poison mais qu’une vengeance bien orchestrée est un baume pour l’âme? »

Car si Caym était surnommé l’Acrimonieux, il n’en demeurait pas moins le maître dans l’art des coups à retardement, des plans cachés dans d’autres plans et de manœuvres du genre. Il avait fait usage de cette ligne de pensée sur le champ de bataille et Otian avait amèrement regretté la chose. Le rapport de pertes se chiffrait à un soldat de Caym pour douze soldats d’Otian… Et ce revirement de situation en intriguait encore plus d’un. Comment Caym avait-il réussit pareille chose? Il y avait une chose que Caym n’avait jamais osé révéler à sa jeune sœur de peur de détruire entièrement leur relation : Caym Symanth carburait à la vengeance ou plus précisément à cette idée d’abattre n’importe quel obstacle et ce par le moyen le plus efficace, qu’il soit légal ou nom, jugé comme maléfique ou non. La mort était le prix de l’incompétence chez ses subordonnés. À ses yeux, quinze ans, vingt ans, trente ans de loyaux services n’étaient pas des excuses pour justifier une faute. Ce que son père lui avait fait endurer, il le faisait endurer, sans trop s’en rendre compte, aux autres. Caym avait pratiquement inventé la stratégie à Rugillian alors qu’au sein du royaume, on préférait cogner avant de commencer à réfléchir à un plan complexe. En mettant en place ce nouvel élément dans la machine militaire du royaume, son intellect aiguisé s’était adonné à bon nombre de jeux sadiques visant à coincer et acculer ses ennemis sur le champ de bataille pour mieux les vaincre. Les officiers d’Otian qui avaient affronté Caym et ses armées avaient souvent préféré le suicide à un retour la tête basse dans leur propre royaume pour expliquer qu’un rugillien avait été plus malin qu’eux. Il était inadmissible que leurs grands rivaux soient capables de battre sur un plan tactique et stratégique les brillants esprits des terres de l’eau…

Pour en revenir, toutefois, à ce que la chose venait faire dans la conversation, Caym avait toujours dit à sa sœur qu’un affront resté sans être lavé fini par vous hanter. Il y avait une raison à cela, un quelque chose de si secret chez les Symanth que Luhiel elle-même l’ignorait. Sparda n’en avait jamais parlé et Gil Symanth, leur père, aurait arraché la langue de quiconque en aurait parlé dans le peu de personnes au courant de cette sombre affaire. Caym Symanth n’était pas devenu ce qu’il était par nature. Caym Symnath était devenu ce qu’il était par force des circonstances. Plusieurs se demandaient pourquoi le jeune homme cherchait constamment à être parfait, à être au dessus des autres et à regarder le monde de haut. La raison était fort simple : pendant les cinq premières années de sa vie voire un peu plus, Caym Symanth avait tout vu par le bas. Certaines personnes venaient au monde plus grand, plus petit, plus mince ou plus gros que les autres. Certains naissaient plus fort, plus faible, plus intelligent ou plus stupide. Caym Symanth lui était né paralysé. Incapable de faire quoi que ce soit par lui-même, incapable de remuer ne serait-ce que le petit doigt, il avait endurer l’agonie des secondes sans pouvoir faire quoi que ce soit et dès qu’il fut en mesure de comprendre son infortune, les larmes de la honte, de la haine et de la vengeance ne cessèrent de couler. Son cœur commença à se durcir et à devenir plus froid et il usa de chaque instant pendant lequel il ne pouvait rien faire pour aiguiser son intellect et ainsi devenir ce qu’il était aujourd’hui. Un mélange de magie et de science allait lui donner la capacité de se déplacer mais l’apprentissage serait difficile : il avait cinq ans quand il commença à ramper alors que les autres couraient depuis longtemps et c’est à peine quelques mois avant la naissance de Luhiel qu’il devint parfaitement fonctionnel. Même s’il était enfin « comme les autres », Caym Symanth n’oublia jamais son handicap de jadis et il se mit à haïr avec une haine viscérale tous ceux qui agissaient sans faire d’effort et qui prenaient tout comme acquis. Il avait peut-être été un frère très exigeant par moments pour sa jeune sœur mais il y avait une raison : jamais il n’accepterait que Sparda ou Luhiel subisse le sort qu’il avait subit, celui d’une totale impuissance et de la plus totale des dépendances et le fait d’être à la merci des autres…

Il avait apprit ce que la vie lui avait apprit tout jeune à sa sœur en déguisant la chose sous une sagesse de grand frère et de conseils avisés. La flamme noire qui consumait son cœur était restée cachée à tous sauf à sa défunte mère qui avait toujours su voir au travers lui là où les autres se laissaient berner par son masque. Pendant des années il avait gardé caché le vrai moteur de sa vie, cette volonté de montrer au monde entier que Caym Symanth était plus qu’un homme et montrer aux soi disant fort leur indéniable faiblesse. La haine était un puissant moteur tout comme le ressentiment… Et pour la première fois depuis des années, les murs abritant son plus terrible secret commencèrent à se fendiller. Il y avait plus qu’une simple déception face à la réaction de Luhiel. Il y avait quelque chose que sa sœur aurait trouvé davantage chez les monstres humains qu’elle traquait que chez son frère bien aimé et il n’avait fallut qu’une parole destinée à l’apaiser pour déclencher la chose… Et si aveux il y avait, Luhiel ne regarderait plus jamais son frère de la même façon. D’apprendre que le Caym qu’elle avait connu n’était que belle façade n’était pas une vérité particulièrement agréable à réaliser… Et encore moins à accepter.


« J’aurais dû m’en douter… Tu es devenue malarian après tout, je ne devrais pas m’en étonner. Tu auras adopté leur mentalité, oubliant le reste avec la même déconcertante facilité par laquelle tu as renié père et ses enseignements, comme père a haussé les sourcils face à ma philosophie, comme Sparda a désapprouvé mes méthodes et comme Relian a manifesté ses craintes face à mes actes. Mais aucun d’entre vous ne peut comprendre cela, pourquoi je suis et j’agis ainsi. Sparda a oublié sous les ordres de père. Père a oublié par honte et par alcool. Mère a oublié parce qu’elle est morte… Mère, sainte mère qui a toujours dit que ma maitresse de pensée exigeait un lourd tribut. Mais elle était comme les autres, elle n’a rien comprit. Elle ne l’a pas vécu et aucun d’entre vous ne le vivra un jour. Je ne souhaiterais même pas une telle infamie à mon pire ennemi, je n’oserais même pas user d’une telle malédiction face à quelqu’un même dans le pire accès de rage qu’un homme puisse avoir. Quel imbécile je fais… J’ai toujours été seul malgré un entourage pourtant fourni… Et ô cruelle ironie du sort… c’est une excellente chose dans tout son glorieux paroxysme du ridicule! »

Le ton de Caym n’était pas le même et jamais Luhiel ne l’avait vu dans un tel état. C’était comme si son prince en blanche armure s’était métamorphosé en chevalier noir. Si moindrement Luhiel était intelligente… Elle se rappellerait des paroles de son frère qu’elle l’avait un jour entendu murmurer alors qu’il cauchemardait : il ne faut jamais se fier aux apparences, encore moins à la raison et à l’instinct. La vérité n’est qu’un autre mensonge. Quand elle l’avait interrogé à l’époque, il lui avait dit qu’il s’agissait de propos décousus issus d’un cauchemar. Aujourd’hui, Luhiel commençait à voir le vrai visage de son frère… Et ce n’était pas de quoi l’enchanter…
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeVen 25 Déc - 19:56

La pugnacité était une des qualités, mais l'obstination l'un de ses défauts... par conséquent bien que Caym déploie tous les beaux discours, bien qu'il soit doué pour envelopper les mots mélodieux d'une infinie et trompeuse douceur, rien n'y faisait. Elle avait directement hérité de cette persistance familiale dans l'opinion, un trait constant et assez enquiquinant pour ceux qui ne connaissaient pas les Symanth, mais qui rapidement devait être accepté pour que les relations ne soient pas compromises. C'est certain que c'était une règle évidente pour ceux de l'extérieur, mais comment arriver à trouver un consensus entre deux membres de cette famille de têtes dures?? C'était trop difficile, à moins que l'un des deux partis ne s'impose à l'autre, souvent par des biais peu recommendables. Luhiel fronça les sourcils en réponse à son discours, qui une fois de plus changeait radicalement... c'était à se demander si il ne testait pas son attention et son intellect, mais ce qui était sûr c'est commençait à déjà ne plus le suivre. Pourquoi tant de ressentiment, de vengeance envers un inconnu – en fait pas si inconnu que ça – pourquoi cette lubie, cette obsession ayant largement dépassé le cap de l'obstination...? Lui répondant d'une voix lasse, elle sentait sa nostalgie revenir au triple galop.

- D'une part je ne m'excuserai pas de prononcer des paroles que je pense, bien qu'elles ne te plaisent pas, ce n'est pas dans ma nature, et si tu trouves que j'ai été insultante, dis toi que je le serais encore davantage si je ne daignais pas te dire le fond de ma pensée, aussi désagréable soit-elle. D'autre part... Ce n'est pas que je prends le sujet à la légère, mais simplement que je tente de laisser le passé là où il est. Je suis mue par des envies plus grandes, et j'ai des justices à rendre bien plus importantes que les coups qu'on a pu me donner il y a de cela des années. J'ai des moteurs différents et distincts de ma propre personne. Les insultes que l'on a pu proférer, les infamies perpétrées et les abandons répétés je n'en ai que faire... j'ai vécu avec toute ma vie et cela ne m'a pas empêchée d'être heureuse l'espace d'un instant. Désormais une seule chose m'intéresse à titre personnel: me venger de celui qui m'a privée de la famille que je construisais. Bien que mon bon sens me dise que tu as tort sur ce point, je sais que j'ai mes faiblesses... et cette infamie à réparer en fait partie. Mais peu m'importe si je dois périr. Je tuerai le ou les responsables, ou je mourrai en essayant.

Luhiel ne se permettrait pas de lui faire la leçon pour ce qui était de l'envie de se venger, car bien qu'elle ne comprenne pas son frère sur ce point, elle ne valait pas mieux à moindre échelle. Bien sûr elle était plus modérée et raisonnable, mais est ce qu'elle possédait la science infuse ou la connaissance suprême? Non bien entendu. De toute façon elle sentait qu'elle ne pourrait le calmer à ce niveau là, car c'était sa méthode d'avancer, son moteur efficace et malsain. Elle ne pouvait pas le priver de ça, ni même influer sur ses choix... après tout de quel droit après une si longue absence? Il n'était pas question de revenir la bouche en cœur comme si rien ne s'était passé. Soupirant, la Malarian se rendait compte que certaines choses étaient encore obscures et se maintiendraient de la sorte probablement encore longtemps. Caym était un mystère à lui tout seul, et bien qu'elle sache pénétrer sa carapace de temps à autres, elle était encore loin d'avoir trouvé la clé. Leurs différents n'étaient pas si nombreux, mais ils étaient profonds car la vie les avait entraînés sur des chemins opposés... peut être qu'elle se leurrait de pouvoir rester proche de lui qui sait? Tristement elle baissa la tête, sentant qu'elle le perdait à petits feux aussi vite qu'elle s'en était approchée. Le tout était comme un ballet macabre, une valse périlleuse dans laquelle ils risquaient de tomber lourdement à tout instant...

Elle se souvenait parfaitement de chaque mot que son aîné avait pu prononcer lors de leurs sermons enfantins, lorsqu'il essayait vainement d'ouvrir les yeux à une Luhiel trop naïve et gentille pour croire dans le mal qui se cachait au fond du cœur des hommes. Peut être avait-elle hérité ce trait de sa mère, mais sa bonté était sincère et presque aveuglante, ce qui sans cesse attirait les railleries des plus malins et les manipulations des plus opportunistes. Donnant sans compter à l'époque elle ne comprenait pas pourquoi elle subissait les moqueries de ses pairs, mais incapable de répondre par le biais de la méchanceté, elle se confondait en excuses pour tenter de faire mieux la prochaine fois... elle avait toujours gardé l'espoir d'un jour pouvoir être meilleure, mieux adaptée à ce qu'on attendait d'elle... Mais pourtant, c'était si difficile lorsque l'on est privé d'attention et d'amour parental... lorsque l'on se sentait happé dans son propre monde comme si il l'aspirait goulument... Oui c'était trop dur pour elle de se concentrer sur plusieurs choses à la fois, ses centres d'intérêt étaient vachement réduits, se dénombrant au nombre de deux: prendre soin de ses frères et de la maison en prenant le rôle de sa mère, et l'étude dans les livres. Sa mémoire très poussée lui donnait tous les souvenirs presque comme dans un vieux film en noir et blanc, mais pourtant sa silhouette demeurait statique, comme glacée dans son immobilité... Ses yeux bleus semblaient presque vides, regardant son consanguin machinalement et sans vrai contact. L'impression d'être une coquille vide la reprenait plus fort que jamais, comme toujours lorsqu'elle se sentait perdre pied avec la réalité trop dure... Elle ne supportait pas de voir cette noirceur chez son frère, surtout parce qu'elle sentait au fond d'elle même que tout cela aurait pu si pas évitable, au moins contrôlable. Elle savait parfaitement que quelque chose c'était passé pour qu'il soit devenu comme ça, et surtout il était aussi apparent qu'elle ne pouvait plus rien y faire... le bilan était net et dur: il était trop tard.

Les paroles du Général lui firent l'effet d'une gifle bien sentie et elle en venait à se demander si elle ne l'avait pas méritée. Ces quelques palabres sonnaient distinctement comme un reproche, comme un constat douloureux et empli de déception. Toutes ces années elle avait nourri l'espoir de voir comme tout à l'heure son visage rayonner de fierté, mais elle se doutait bien que cela ne serait pas de longue durée... ou pas totalement en connaissance de cause. Elle le décevait, tout comme elle décevait sans cesse leur père jadis... Il l'accusait d'avoir renié leur père avec légèreté et confort... mais il ne savait rien de tout cela. Que pouvait il savoir de l'amertume et la fierté sans cesse rabâchée de leur paternel en absence de ses fils? Bien sûr à eux il ne leur disait jamais, mais à elle il vantait sans cesse ses aînés, les brandissant en étendard comme les seuls capables de faire gloire au nom familial alors qu'elle n'était qu'une ratée. Bien sûr qu'elle avait quitté cet enfer avec soulagement bien qu'elle ne put pas croire que cela était à titre définitif... Mais avec légèreté non, clairement pas. Elle n'avait rien oublié de ce qui lui avait été appris, dans le bonheur comme dans la peine, et d'ailleurs c'était ce qui lui avait permis de gérer avec tant de déconcertante facilité le côté martial et intransigeant des Malarians.
Dans tout cela, Luhiel ne savait pas ce qui la rendait la plus triste. L'erreur dans laquelle il se trouvait à son sujet, le jugement facile et rapide auquel il se prêtait, ou bien encore les mots concernant leur mère qui lui bourdonnaient aux orillons comme un blasphème. Pourtant la dernière partie de son accusation lui déchira le cœur car elle le prit à titre personnel. Malédiction, infamie? C'était d'elle qu'il parlait. Se mordant la lèvre jusqu'au sang elle retint la grimace de dégoût pour elle même avec difficulté. Elle savait qu'il risquait de changer d'avis à son sujet à n'importe quel instant, mais elle ne s'était pas attendue à ce que ce soit aussi brusquement. C'était presque à s'en demander si il n'avait pas fait exprès de la remplir de satisfaction et bien être pour tout lui reprendre...

- Je savais bien que pendant toutes ces années, que je sois loin ou près de vous j'avais été un poids, mais je n'aurais jamais l'espéré l'entendre de la sorte comme l'accusation sans procès d'un criminel délinquant. C'est bien la fleur du pathétique comme tu si bien, mais pas de chance, les Dieux ne t'ont donné qu'une seul sœur... et il s'agit de la pire catin œcuménique qu'Erade ait connu, tu n'as effectivement pas de chance mais je suppose que chacun a son fardeau... Moi je suis le tien. Je le regrette mais c'est comme ça...
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeSam 26 Déc - 16:45

Tout se passa bien plus rapidement que l’on aurait pu l’attendre d’une pareille situation. Une seconde, Les deux Symanth étaient près du bureau du général et un instant plus tard, Luhiel se retrouvait plaquée contre un des murs de la pièce avec la lame de son frère sous la gorge. Deux puits sans fond d’une noirceur insondable semblaient gronder en ses pupilles et il martela chaque lettre, chaque syllabe, chaque mot qu’il prononça à l’adresse de sa sœur d’un ton horriblement froid à vous transpercer les chairs tel un blizzard arctique de forte puissance. Manifestement, le général était… Contrarié.

« Ne redis plus jamais ça Luhiel Symanth, ne redis jamais ça tu m’entends! Parce que je vais te faire manger trente centimètres d’acier la prochaine fois! Ce bureau, ce commandement qui est mien, mon actuelle position plus qu’avantageuse dans ce royaume, tout cela n’est que fariboles et broutilles à côté de ce que tu représentes pour moi. Tu n’as jamais été un fardeau pour moi. JAMAIS et ce n’est pas demain la veille que cela va commencer même s’il fallait que je te nourrisse, te laves et t’accompagne en chaque instants pour veiller à ce que tu ailles bien et que… Et que… »

La voix du général se brisa et pendant un instant, un mince et bref instant, ce fut comme si on avait inversé les rôles : Luhiel, toute puissante, droite et fière et Caym, gamin insécure et doutant de lui, l’inverse des rôles qu’ils avaient occupés jadis. Que Caym Utiliser un exemple issu de son propre passé, de cette époque maudite où bouger par lui-même lui avait été impossible fut suffisant pour pulvériser durant cette fraction de seconde toute armure et masque qu’il eu pu porter pour masquer les apparences. Si Luhiel avait toujours vu en son ainé une figure forte et protectrice, elle pu voir l’espace d’un instant à quel point ses remparts étaient en piteux état, à quel point la forteresse qu’il était supposé représenter était aussi endommagée. Ce moment de flottement fut suffisant, tout du moins l’aurait été pour n’importe quelle personne ordinaire pour poser une question qui s’imposait de soi : que t’est-il arrivé Caym?

La question qui se posait par contre c’était de savoir si Luhiel trouverait le courage de demander la chose à son frère. Il était évident que cela impliquait de rouvrir des vieilles blessures qui jamais ne s’étaient refermer et de faire souffrir terriblement son ainé. D’un autre côté, Caym, pour un peu qu’il ait fait preuve de franchise un jour, avait toujours été infiniment plus près de Luhiel que des autres. À ce juste titre, si elle demandait, aussi souffrante soit la chose, Caym répondrait sans doute. Pas dans l’instant immédiat par contre car tout juste après avoir perdu son masque et son armure, ces derniers se reconstruisirent immédiatement, plus solides et impénétrables encore… Aux puits sans fond habitant son regard se rajoutèrent des flammes d’un noir assurément malsain…


« Tu n’as pas idée de ce que je serais prêt à faire pour toi Luhiel, tu n’as pas idée dans quels extrêmes je suis prêt à me rendre pour t’éviter bien des choses et tu n’as aucune idée des infamies que je pourrais commettre pour te sauvegarder. De tous les membres de notre famille, tu as toujours été celle vers qui j’ai toujours eu le plus grand sentiment de protection. Oui, mon rôle fut surtout de m’occuper de l’après coup, te consoler donc… Mais cela ne m’empêcha pas d’agir pour autant et de châtier ceux qui te faisait souffrir. J’en ai fais saigner des nez, Luhiel, pour te venger. Je n’ai jamais laissé personne te faire du mal deux fois. Je me suis même débarrassé du pire du lot de façon permanente. Tu te souviens sans doute de Daron Waylas… Non? »

Sa lame quitta la gorge de sa sœur pour retourner dans son fourreau et ses lèvres s’étirèrent en un sourire cruel et sans joie. Daron Waylas avait brisé le cœur de Luhiel de telle façon qu’il avait fallut des jours à Caym pour la consoler et la faire ensuite sortir de sa chambre. Caym avait dit avant de quitter la chambre de sa sœur une dernière fois que jamais plus il ne lui ferait de mal, qu’il le lui promettait. Luhiel avait levé sur lui un regard larmoyant mais soulagé et Caym était parti. Quelques heures plus tard, on découvrait le cadavre de Daron Waylas dans la rivière, noyé. Apparemment, il avait glissé en jouant près de la rivière, s’était cogné la tête et avait perdu connaissance et s’était par la suite noyé. Dans leur petite bourgade tranquille, il n’y avait pas grande agitation et donc l’accident fut accepté comme cause logique et parfaitement rationnelle. Dommage que les « enquêteurs » n’aient pas prit la peine de regarder autre chose que le corps car s’ils s’étaient rendus là où le jeune homme avait glissé, ils auraient pu, s’ils avaient un bon nez, déceler des relents d’huile… Car la mort n’était pas accidentelle mais bien prémédité et l’assassin n’était nul autre que Caym Symanth lui-même.

Évidemment, Luhiel n’avait jamais pensé à questionner son frère sur le sujet. À l’époque, elle avait été choquée d’apprendre l’accident et jamais elle n’aurait suspecté son prince d’être responsable de la mort de ce jeune homme. Après tout, ce n’étaient que des enfants, ils n’avaient pas la maturité pour organiser un meurtre… Ah si… Caym était un cerveau depuis un âge très jeune, lui le pouvait… Et aujourd’hui, le regard horrifié de Luhiel, comprenant la sinistre vérité rencontra celui de son frère, un regard noir et sans âme en apparence, le regard d’un homme qui avait blessé et même tué pour que sa sœur vive heureuse. Le pire? Il ne regrettait rien et ne considérait pas la chose comme mauvaise ou maléfique : un frère se doit de protéger sa sœur…


« Oui… Sa mort n’avait RIEN d’accidentel… Je m’en suis chargé personnellement. Je l’ai attendu près de la rivière, près de la roche que j’avais recouverte d’huile, je l’ai provoqué, le faisant reculer vers l’instrument qui le conduirait à la mort, le menaçant d’en venir aux poings pour venger ton honneur… Tu n’as pas idée du sentiment de satisfaction que j’ai éprouvé en le voyant glisser, en entendant le sinistre craquement que son crâne fit en frappant le lit de la rivière et quand je l’ai regardé mourir… Non Luhiel, non non et non… Personne ne va te faire du mal tant que je serai en mesure de l’en empêcher. Je refuse que tu vives ce que j’ai eu à vivre et je ne veux pas que tu gardes les séquelles et les traumatismes qui ont constitué ma jeunesse… Tu n’as jamais vu le Caym de jadis, tu as vu le Caym qui as toujours été ton prince, fort et protecteur… Moi j’étais perdu dès ma naissance, condamné à être un être de seconde zone malgré tous les succès que je pourrais rencontrer. Toi… Tu tenais tant de mère… L’avenir n’attendait que toi… Et j’avais raison de croire en toi. Tu es devenue une femme ravissante, une combattante aguerrie et une malarian de surcroit. Je suis heureux de voir que ce que j’ai pu t’éviter plus jeune a une part dans la balance même si pour se faire j’ai dû me salir un quelque peu les mains… Oh non Luhiel, le seul fardeau dans ma vie c’est de vivre avec mon propre poids sur mes épaules. Toi tu as toujours allégé ma charge par ta simple présence… Tu as toujours été un baume pour ce cœur déchiqueté qui est mien… »
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Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) _
MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeJeu 31 Déc - 8:41

Il est certain qu'un tel revirement de situation était bien la dernière chose à laquelle Luhiel s'attendait, et surtout la dernière qu'elle souhaitait. Pourtant aussi paradoxal que cela puisse paraître, cela ne l'étonnait pas le moins du monde de la part de son aîné. Il avait toujours été sujet à des changements brusques d'humeur pouvant parfois le conduire à des accès de brutalité insoupçonnés. Autant d'un côté Sparda se montrait d'entrée de jeu plus menaçant et brutal, autant c'est Caym qui plus serpentin et imprévisible détenait la palme de la violence. Ne bronchant pourtant pas bien que sa force naturelle l'ait plus poussée à se laisser plaquer volontairement qu'à vraiment subir ce geste, elle le regarda dans les yeux en haussant un sourcil. Elle avait beau l'aimer de tout son cœur, il y avait encore et toujours certaines choses qu'elle ne pouvait cautionner, et l'utilisation de l'intimidation par la violence en faisait nettement partie. Plus déçue que réellement apeurée, elle ne broncha pas, trop habituée à la grandiloquence véhémente et peu fleurie de son paternel qui lui offrait des coups de savate avec la même aisance généreuse que l'on offre de la mie de pain aux merles avides. Une main négligemment posée sur la taille, elle exhibait sa gorge nue avec un défi affiché dans le regard comme dans le reste de son faciès de porcelaine. Il ne fallait pas qu'elle se laisse démonter par les mots impitoyables qu'il prononçait, car ce serait au fond lui donner raison dans ses fausses conclusions. Il lui était totalement interdit de montrer sa faiblesse et son inquiétude. Et puis devait-elle réellement craindre de se faire trancher la gorge? Cette idée ne lui faisait absolument pas peur. Jouant la carte de l'insolente ironie, elle sourit amèrement bien qu'elle ne soit intérieurement blessée.

- Trente centimètres? Je l'aurais crue plus longue! Mais tu veux que j'ouvre la bouche peut être, ça te faciliterait la tâche ! Je n'ai pas ignoré cette importance, mais je te dis simplement que tu as tort dans ton ordre de priorités, voilà tout. Puis m'accorder la mort par une simple dague franchement... Cela manque de classe tu ne crois pas? J'aurais cru que tu aimerais que je rende mon dernier souffle sur le champ de bataille, parmi les centaines de cadavres empilés et sanguinolents, afin que les prochaines générations chantent les louanges d'une héroïne tombée avec panache. C'est étrange pour quelqu'un si avide de grandeur, de pouvoir et d'honneur...
Toi qui as toujours été régi par l'envie égoïste de sauver ta belle paire de fesses, décides brusquement de changer d'avis pile quand tu ne devrais pas. Que... ? Que tu me laves également de la réputation de prostituée à griffes que père m'a fait dans tout Otian peut être?


Fière de son jeu de mots et haussant les épaules avec légèreté, elle avait usé de cet exemple sans y accorder de vrai crédit. De toute façon à quoi bon insister sur tous les maux innommables qui lui avait été infligés sous le joug de Gil Symanth? Aucun de ses frères ne savait, et aucun ne saurait par l'avenir de toute façon, car c'était le genre de secrets que l'on emporte honteusement avec soi dans la tombe, tout en priant pour que même les asticots ne l'entendent jamais, de peur qu'ils ne viennent se nourrir plus vite par pitié.
Pourtant malgré les airs cyniques et durs qu'elle arborait en carapace, elle n'avait pas ignoré le changement qui s'était opéré sur le visage de son frère... Mais que faire? Elle se retrouvait encore plus au pied du mur que tout à l'heure, et les questions mitraillaient dans sa tête comme un chœur malsain d'armes à feu. Bien sûr malgré la dévotion et l'admiration longtemps aveugles elle savait que tout n'était pas rose, même pour lui... mais peut être avait elle pensé que ce n'était pas aussi noir. Cependant loin de ressentir de la satisfaction à ce sujet, elle était consternée et impuissante, se sentant en dehors de tout ce qu'il avait vécu et qui l'avait conduit à devenir aussi sombre et impénétrable. Les mots franchirent alors ses lippes rosées, tandis qu'elle posait une main sur sa nuque pour ne pas qu'il s'en aille.

- J'ignore quelles épreuves t'ont été choisies par le destin, mais si tu regardes dans mes yeux un seul instant tu sauras parfaitement que j'aurais tout donné... tout pour les supporter à ta place. Je les aurais bien endurées à ta place comme je l'ai toujours fait si ça avait été possible et tu le sais. Certains peuvent appeler ça de la faiblesse, mais moi je préfère l'appeler de l'Amour. Je sais peu de choses, sur ton passé, ton présent ou même toi tout court. Plus je te regarde plus j'ai l'impression que celui que je croyais connaître est un étranger... mais je n'ai d'autre choix que de faire avec. Je sais aussi que je ne suis qu'une sotte d'en tenir rigueur et de m'en vouloir de ne pas avoir été là pour te protéger de mes faibles moyens... Mais c'est comme ça. On dirait bien que les rôles sont inversés et désormais je n'ai rien à t'offrir si ce n'est mon soutien, mon épaule et mon oreille.

Oui bien sûr que c'était une invitation à la confidence, mais ne s'étant jamais au grand jamais prêtée à cela avec Caym, elle ne savait pas trop quelle était la tactique la plus appropriée. Devait-elle lui laisser du champ ou bien se faire plus ferme et insistante? Elle ne le savait pas, mais le découvrirait peut être bien assez tôt. C'était ironique de se souvenir qu'autre fois elle avait écouté tant de gentes demoiselles se retrouvant le cœur brisé par l'Acrimonieux et rejetées dans l'humiliation... Combien de fois ne l'avait-elle pas défendu envers et contre tout, même si elle savait parfaitement qu'il était un petit enfoiré? Trop sûrement. Trop pour qu'elle puisse les compter en tout cas. L'air rêveur et un peu distrait elle l'écouta discourir, bien que ses paroles rapidement lui laissent la bouche ouverte et la mine scandalisée. C... Comment? Comment osait-il lui rappeler cet épisode de sa vie avec tant d'insouciance, et surtout pour lui apprendre ce qu'elle avait tant redouté et confiné dans un coin de sa mémoire? Choquée, elle mit une main devant la bouche pour retenir un cri d'horreur. Non elle ne l'avait pas soupçonné à proprement parler, mais avant que cet « accident » n'ait lieu, elle s'était demandée sérieusement si Caym ne tenterait pas de la venger d'une quelconque manière. Bien sûr qu'elle l'avait craint, et a posteriori elle avait même été soulagée que Daron connaisse cette fin qui évitait quelque part des soucis à son Prince... Mais au final... elle avait été finement et pathétiquement leurrée, comme tout le monde. Baissant les yeux, elle dodelina tristement de la tête. Que dire? Que restait-il à travers les mots lorsque l'on recevait ce genre de coup de grâce? Rien.

Luhiel se sentait comme si la lame qu'il venait de rengainer l'avait traversée de part en part, et bien que ce sentiment allégorique soit illusoire, la douleur elle était belle et bien réelle. Son visage devint aussi indéchiffrable et marbré qu'une statue, tandis que ses yeux célestes parcoururent le visage de son interlocuteur avec froideur et neutralité. Comment avait-il pu ôter la vie d'un adolescent pour si peu? Il n'avait que 16 ans à l'époque... c'était peu avant son départ pour l'armée. Funeste passé, qui chaque fois qu'elle y creusait dévoilait davantage de pourritures... Encore un mort sur la conscience, ça lui ferait les pieds... Amère elle ne fut pas donnée à de grandes paroles, ne sachant pas trop quoi lui dire. Il ne s'attendait tout de même pas à ce qu'elle lui saute au cou en le remerciant, surtout car il connaissait les strictes lois Malariannes. Que recherchait-il en lui dévoilant cela tant d'années après? La blesser dans son égo, lui montrer qu'il n'avait pas de scrupules, la faire culpabiliser? Elle ne le savait pas, mais en tout cas il avait réussi son pari.
Et en cerise sur le gâteau, il avait réussi à la refaire plonger dans l'état d'esprit d'une fillette peu sûre d'elle, rat de bibliothèque et trop intellectuelle, renfermée et garçon manqué de force. Quoi de mieux pour bien entamer des retrouvailles que de retrouver sa confiance en soi ramenée au niveau de la sobriété d'un Gil Symanth en pleine crise de deuil? Génial... elle en danserait presque de joie prostrée sur le bureau de son frère ! Faisant comme si tout allait bien alors qu'en fait elle se sentait tomber en lambeaux, Luhiel serra les dents pour seul signe de crispation, mais ne l'accabla pas de reproches. De quel droit pouvait-elle le faire alors qu'elle avait bien plus de sang sur les mains?
Ceci dit elle ne comprenait pas pourquoi il lui ressortait cet épisode de son chapeau juste maintenant, et si il s'agissait d'une punition... elle était bien vicieuse. Posant les mains sur ses oreilles tout en continuant malheureusement de l'entendre à cause de ses sens affûtés, Luhiel grimaçait.

- Pourquoi me dire tout cela maintenant? Cesse... arrête ! Ne dis pas ces horreurs, ne me claque plus à la figure mes fautes passées, j'en ai déjà assez de me les répéter pour en plus devoir les entendre de ta bouche, Frère ! Cesse de me comparer à mère, j'aurais encore préféré lui ressembler dans la mort, plutôt que d'être devenue cette aberration. Le futur m'attendait dis-tu? Pour mieux m'enterrer. Je n'ai pas vu l'autre Caym n'est-ce pas? Mais je ne demandais pas mieux, ce n'est point de ma faute si j'étais trop idiote pour voir tes stratagèmes à l'époque. J'ai toujours eu sept ans de retard... que pouvais-je faire si lorsque tu étais déjà un petit homme je n'étais qu'une gosse à peine foutue de brailler? Je suis devenue une femme ravissante, une rose aussi belle dehors que fanée dedans, une combattante avec tant de morts sur les épaules que de cercles dans mon tatouage, et une Malarian plus concentrée sur sa vengeance personnelle que sur son devoir de surcroît. En effet, mon Prince... tu as de quoi être fier ! Non je suis désolée, je regrette... mais ce n'est pas en te salissant les mains et tuant quelqu'un pour tenter de sauver une fierté moribonde que tu vas me faire croire que je ne suis pas un fardeau. Ce n'est pas pour ainsi dire une preuve convaincante ou convaincue que de brandir ce genre de raisons devant moi... au contraire, tu n'as gagné que l'effet inverse de celui escompté !

Touchant son épaule droite pour lui montrer ce tatouage de cercles concentriques qui s'étendait de son biceps à son omoplate par de larges figures emmêlées et doubles comme des maillons d'une chaine, elle sourit froidement. Dans ces maillons des cercles plus petits et presque invisibles à l'œil nu se dissimulaient... l'un seul d'entre eux étant opaque de noirceur... Le plus grave et le plus grand de ses meurtres. Par ailleurs, il était étrange et triste de se dire qu'elle venait de révéler pour la première fois la signification de ce tatouage dans ce contexte.
Et puis lorsque Caym se mettait à louer la femme qu'elle était devenue, c'était plus fort qu'elle sa réaction ne pouvait être silencieuse... car l'entendre était comme verser de l'huile sur le feu déjà embrasé de ses peines, comme enfoncer un couteau salé dans les plaies de son deuil. Mais pour cacher quelles blessures lui lançait-il pareilles échardes?? Fronçant les sourcils, elle joua le jeu et lui demanda d'un murmure en s'approchant de lui:

- À quel drôle de jeu sadique t'adonnes tu mon Prince? Pourquoi m'attaquer pour ne pas que je me fixe sur ce que j'étais en train de te faire avouer tout à l'heure, hum? Préfères-tu tant m'humilier à me dire la vérité...?


Dernière édition par Luhiel Symanth le Ven 1 Jan - 19:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel)   Réunion de famille en comité restreint (pv Luhiel) Icon_minitimeJeu 31 Déc - 15:59

On en était là. Caym espérait n’en venir là que bien plus tard… Mais il n’avait pas la force de remettre les pendules à l’heure par la voie conventionnelle. Un traitement choc ferait l’affaire… Un traitement choc tant pour l’un que pour l’autre. Pour faire valoir son point de vue à Luhiel, il devrait recourir au cristal… Et les dieux seuls savaient ô combien même des années de préparation ne l’avait jamais préparé pleinement à cela. Il était temps de montrer à Luhiel quelque chose que si son père l’apprenait, il le renierait très certainement ou serait furieux pour des années, que si son frère l’apprenait, il en resterait stupéfait pour des mois et que seul sa défunte mère aurait approuvé. Mais bon, Caym avait toujours été de ceux qui croyaient en le « faire le nécessaire »…

« Luhiel… Ce que tu ne comprends pas c’est qu’il n’y a pas de jeu, pas de tentatives pas de manœuvre… Rien de tout cela. Ce que je te dis, c’est ce que je pense et on pourra me torturer jusqu’à ce que je rende mon dernier souffle que je ne changerai pas de discours. Quelles que puissent être tes fautes tu restes ma sœur et je suis fier de toi. Quelles que puissent être les épreuves que tu aies eu à endurer, je reste le plus comblé des frères que de t’avoir pour sœur. Il n’y a pas de masques ici, Luhiel. Le plus ironique c’est qu’à trop jouer, j’ai fini par… Pratiquement te conditionner à voir toujours le mensonge en moi. Je peux te prouver ma sincérité. Mieux. Je vais te prouver ma sincérité. »

Se dirigeant dans un coin de son bureau, il mit à nu une pierre du mur et après une série de manipulations plus ou moins complexe, il fit coulisser cette dernière, révélant une cache contenant un unique objet : une sorte de cristal aux reflets bleutés. Un bien curieux objet pour être en possession de Caym… Et si Luhiel avait suffisamment de mémoire, elle se rappellerait sans doute des paroles de son frère issues de son passé : la boîte aux noirs secrets, le cristal au cauchemar, cet objet chimérique dont Caym lui avait parlé quand il lui racontait des histoires où il avait dû affronter mille tourments pour pouvoir écrire en belles lettres le mot fin à un conte… À l’époque, l’objet en question n’était qu’une référence, un objet inventé. Sur une volonté au demeurant masochiste, Caym avait fait créer cet objet. Objet qu’il présentait actuellement à Luhiel.

« Ceci est un cristal de mémoire, un artefact créé à ma demande par un puissant magicien hélas mort aujourd’hui qui permet d’enfermer des souvenirs. Malheureusement, même enfermer ces derniers ne purent les effacer de ma tête tant le traumatisme est grand. Tu cherches une preuve de ma sincérité Luhiel, tu doutes de la franchise de ma personne à ton encontre? Soit. Nous allons rouvrir ensemble ma plus grande blessure, explorer ce qui hante mes cauchemars et parcourir côte à côte le chemin qui fit de moi ce que je suis en grande partie aujourd’hui. Tu es la seule Symanth à tout ignorer de ces événements… Et il est temps pour toi de connaître la vérité. »

Caym posa le cristal dans la main de sa sœur et il referma sa main sur celle de Luhiel, l’empêchant de se fait d’échapper à ce qui allait suivre, à moins de faire usage de force. Prononçant ensuite un mot de commande, la paire fut exposée à ce que contenait le cristal qui prit « vie » comme s’ils étaient à la foi le Caym de jadis et un observateur omniscient. Dans les faits, le délais écoulé entre l’activation du cristal et leur retour à la réalité ne dura pas plus que quelques minutes tout au plus… Mais Luhiel venait de voir au minimum cinq années de vie de son frère dont elle ne pouvait même imaginer l’existence. Oh bien sûr, peut-être que la fière malarian avait subit pire dans sa vie. Mais à un si jeune âge? Que Caym ait simplement survécu ou gardé toute sa tête relevait du miracle.

Elle put tout voir, de A à Z. L’impuissance de Caym, sa détresse, toutes ces nuits où il avait versé des rivières de larmes sans même pouvoir les essuyer, la douleur, la solitude, l’amertume… Le dédain d’un père et la tendresse d’une mère, les inquiétudes d’un frère et la lente mutation de l’esprit de Caym vers le Caym qu’elle avait toujours connu… Caym avait pratiquement été catapulté dans l’âge adulte bien avant le temps… Et Luhiel ne manqua pas une fraction de seconde de ce que le cristal contenait. Du Caym paralysé à la naissance de Luhiel, elle put voir en finalité les purs sentiments qui avaient percés l’armure de noire amertume entourant Caym Quand Luhiel s’était ajoutée aux Symanth et cette volonté inflexible de tout faire sans exception aucune pour offrir une belle vie à sa sœur. Caym n’avait pas mentit à Luhiel quant à son importance à ses yeux…

Le plus dur dans tout cela? Tout dépendait pour qui entre le frère et la sœur. Pour le frère, revivre de façon aussi vivante un passé qui le hantait encore mais pour la sœur? Avoir remit en doute les paroles de Caym alors qu’il était sincère était une hypothèse plausible. On ne fait pas un « voyage » dans son passé de la sorte pour le simple plaisir de la chose, loin de là. Pourtant… Pour Luhiel, Caym était prêt à énormément de choses. Le plus curieux maintenant? La fin laissait possibilité à deux interprétations : Caym n’avait pas eu le courage de ne laisser que du noir dans le cristal ou deux, il avait toujours compté donner cet objet à Luhiel un jour ou l’autre. Le genre de truc que l’on offre souvent après sa mort… Et ironiquement c’était ce que Caym avait fait. Il était mort, métaphoriquement parlant, une fois, quand il s’était transformé de la sorte, d’un petit être innocent en l’Acrimonieux. Si Luhiel avait une idée aussi microscopique soit-elle de la force que cela avait demandé à Caym de revoir tout cela, elle ne regarderait plus jamais son frère de la même façon. Si Luhiel comprenait pourquoi Caym avait fait une telle chose, pourquoi il lui avait montré le cristal, elle ne remettrait sans doute plus jamais de doute sur la franchise de ses paroles. Plus éprouvant encore : le cristal fit rejouer une seconde fois toute l’affaire avant d’offrir à nouveau à la réalité les deux Symanth. Plusieurs disent que revoir une pièce de théâtre permet de voir des choses que l’on avait pas vu en premier lieu… Et bien Luhiel eu la… Chance… De voir deux fois ce que la famille Symanth au complet avait refusé de révéler à quiconque depuis la naissance de Luhiel.

Retour à la réalité, enfin. Caym s’effondra comme une masse, comme si cette éprouvante expérience venait de lui saper toutes ses forces et encore, ce n’était pas bien loin de la vérité. Perte de connaissance? État de choc? Au final, Luhiel saurait sans doute quoi faire pour le ramener à la normale… En partant bien sûr du principe où Luhiel serait en mesure de faire quelque chose après avoir vu LA chose que l’on lui avait toujours caché et qui avait transformé son frère. Certains secrets devraient rester secrets, certaines choses devraient rester cachées disait-on… Et bien pas dans ce cas. Ironiquement, si Luhiel n’avait pas remit en cause l’honnêteté des paroles de Caym, elle serait restée dans l’ignorance de cette triste affaire. Chose certaine, son frère avait payé une fortune pour obtenir un tel objet. Oui, en un sens c’était une vulgaire babiole magique sans autre utilité que de contenir un certain nombre de souvenirs… Mais quels souvenirs mes amis! Quand Caym fournissait des preuves, il n’y allait pas de main morte…
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