« Ce n’est pas de la lâcheté.

La lâcheté c’est sale, ça n’a rien de beau, rien de glorieux. Il n’y a pas de vantardise à avoir dans la lâcheté, rien de solide, rien qui permette que durant cet unique moment où l’on a tourné le dos à tout ce en quoi l’on croyait, l’on soit persuadé d’avoir fait le bon choix. C’est bien beau, ensuite, de regretter son choix, de prononcer à tout va des « si seulement j’avais su… » hésitants, petits chuchotis au détour d’une conversation… On n’en tire aucune fierté, on ne peut ni se glorifier, ni grandir… On passe pour petit et misérable.
Alors non, ce n’est pas de lâcheté.

La porte de la maison se referme dans un grincement strident, lui arrachant une grimace qui va se perdre dans les traits de son visage lorsque le battant clôt à tout jamais ce chapitre de sa vie dans un claquement sec. Le corps qu’elle délaisse la prie de déguerpir au plus vite, mais la maison, bien que pouilleuse, continue de l’attirer inexorablement. Sa main s’avance, tremblante, dans le faible espoir de pouvoir une dernière fois franchir le seuil, mais elle sait qu’il lui saura impossible de ressortir ensuite.
Elle tourne le dos à son enfance, rajuste le sac en toile qui contient ses maigres possessions et s’éloigne. D’abord lentement pour ensuite presser le pas et finir sa course loin de ces tentations malsaines qui lui murmurent à l’oreille de rompre ses promesses pour céder à ses envies.

Taisez-vous ! Ce n’est pas de la lâcheté. »




L’ignorance peut être assez contrariante, surtout lorsqu’elle vous force à constater que la route sur laquelle vous marchez depuis plusieurs heures déjà vous est totalement inconnue. Si elle connaissait dans ses moindres détails la cité d’Hyshnar, elle redoutait celle de Gladilan. Principalement habitée par des magiciens par forcément très heureux de voir des gens du bas peuple investir leurs rues. Elle avait toujours soigneusement évité ces êtres à l’allure dédaigneuse qui prétendaient n’avoir que le désir d’aider les autres pour ensuite rire de l’allure misérable de ceux venant toquer à leur porte, quémandant un ou deux sorts.
N’étant pas très heureuse de se retrouver au milieu de ce type de personnes qui malgré l’heure avancée de la nuit continuaient de sillonner les rues, probablement à la recherche d’un quelconque voleur, elle s’engouffra dans la première ruelle vide qui eut le bonheur – ou le malheur - de croiser son chemin.
De là, elle poursuivit sa progression, veillant à rester dans l’ombre. Son sac et ses vêtements ne pouvaient que rappeler ces voyageurs écumant les royaumes à la recherche de trésors, caste dont elle ne faisait pas partie. Il aurait été donc bien mal avisé de sa part de s’afficher avec l’allure qu’elle avait actuellement au risque de passer pour une dangereuse intrigante arrivant tout droit des Terres Oubliées.

Les ruines se dessinèrent à l’horizon. Quelques temples, encore trop fiers de leur gloire passée, s’acharnaient à se maintenir debout, frissonnant de plaisir dès qu’un visiteur un peu trop curieux osait s’aventurer à l’intérieur de l’un d’eux. Les autres, de leur côté, avaient depuis bien longtemps abandonné la lutte et gisaient à présent au sol, vestiges d’un temps à présent révolu.

Elle avait d’ors et déjà oublié par quel moyen elle avait pu accéder à ce lieu, de multiples ruelles s’étant succédées sous ses yeux, vagues souvenirs d’un chemin trop incertain pour pouvoir oser prétendre l’emprunter à nouveau.
Elle n’hésita pas bien longtemps, les étoiles et la lune étant les seules spectatrices de son arrivée en ces lieux. Elle ne doutait pas que celles-ci ne parleraient pas avant que plusieurs millénaires ne se soient écoulés, leurs cris étant trop faible pour que l’oreille humaine puisse les entendre.
Ses pas la menèrent jusqu’à l’un des temples dans lequel elle entra, sans gêne pour ensuite se laisser glisser contre un mur.
Dès que son corps toucha le sol, celui-ci disparut en dessous d’elle et elle eut juste le temps de s’agripper à son sac avant de se faire happer par le vide.

L’atterrissage ne fut pas des plus doux et c’est pleine de contusions qu’elle se redressa tant bien que mal, s’appuyant légèrement contre un mur.
Aussitôt, elle leva le nez vers le passage qui l’avait conduit jusqu’ici. Le sol reprenait sa place initiale, l’enfermant dans ce qu’elle pensait être d’anciens souterrains contenant les chambres des précédents habitants.
Le couloir devant elle menait à un escalier et, lorsqu’elle se retourna, elle eut le déplaisir de constater qu’un cul-de-sac lui faisait face. Voilà une expérience qui promettait d’être hilarante.
En grommelant, elle se mit en route pour se rendre compte que plusieurs passages, semblables au sien, menait vers l’endroit où elle se trouvait. Sûrement était-elle tombée sur le seul et unique temple trouvant amusant de piéger ses visiteurs et de les faire participer à un jeu tout droit sorti d’un cerveau vieux de plusieurs siècles… Et elle redoutait déjà que les coutumes ne soient pas exactement les mêmes que celles qu’elle avait pu côtoyer jusqu’à présent.

[HS : Sardonius Corvus en priorité, mais si quelqu'un d'autre veut se joindre au rp, je pense qu'il n'en sera que plus intéressant.
Post pas super, désolée >.< .]