Il y eût jadis, réuni sous l’égide du Roi Erade, un peuple fait d’humains talentueux. Ils se nommèrent les Alescans - aujourd’hui, tous ont oublié d’où provenait ce nom, et ce qu’il signifiait, (de vagues hypothèses sont lancées, sans véritablement être vérifiées). Leur parfaite maîtrise de l’Eau était due à des siècles d’Histoire sur les terres de l’actuel royaume d’Otian. Forte et Respectée, cette peuplade possédait sa propre culture et se définissait par son fanatisme communautaire; aucun mélange, aucun contact avec d’autres populations hormis ceux nécessitant la création de liens commerciaux. Les Alescans étaient de grands intellectuels et ils fondèrent une civilisation bâtie sur les Sciences et la Connaissance, répugnant toute forme de magie. La majorité d’entre eux étaient d’ailleurs insensibles à la magie. Ils pensaient que leur maîtrise de l’eau provenait de l’énergie naturelle qui parcourait la Terre d’Erade, aussi, ils étaient profondément proche de la Nature qu’ils respectaient. A leur tête, la lignée d’Alescan qui se distinguait par un noble sang . Ils avaient un idéal : être en parfaite osmose avec leur éléments, l’Eau.
Pour des raisons géographies et historiques assez troubles, et complexes, les Alescans se divisaient en trois tribus, chacune évoluant dans un environnement spécial. Toutes étaient cependant liées par leur fidélité à la lignée principale et par leur mœurs, ainsi que leurs uses culturels.

La première était la Tribu des Eclaireurs. Elle avait érigé son fief sur l’île invisible de T’Sarran, en plein milieu de l’Océan. Cette île avait donné le nom aux chefs de cette Tribu, qui s’appelèrent les Alescans T’Sarran. Ce morceau de terre, perdu en plein océan, est protégé par le Récif de la Mort où il est, à ce jour encore, impossible de naviguer sans être un Alescan ou sans avoir une carte pirate. Seuls les membres de l’ethnie d’Alescan sont en mesure de trouver une route praticable au travers de ce récif particulièrement périlleux. Au terme de ce dangereux périple, l’imprenable Forteresse de l’Eau dévoile ses murailles naturelles que sont les immenses falaises décharnées de la côte nord. La seule côte par laquelle, on peut aborder l’île. Au flanc même de ces falaises, avaient été creusées des grottes aménagées en port. De là, il fallait grimper de nombreuses marches, taillées à même la roche pour accéder au sommet où se trouvaient les phares géants Eclaireurs. Ils étaient au nombres de Cinq, dont quatre représentant les points Cardinaux : le cinquième reste un mystère complet. Hauts de plusieurs centaines de mètres, ils émettaient une vive lumière que l’on pouvait parfois voir depuis la plage du continent à des kilomètres, et des kilomètres. La Tribu prenait son nom de ces merveilles architecturales , capable de défendre l’île par une technologie avancée dont on a, aujourd’hui, perdu toute trace. Les phares étaient l’entrée de la Forteresse de l’Eau, ville des Eclaireurs Alescans. Aux remparts naturels créés par les falaises, s’ajoutent des murailles de pierres et de sables, fabriquées par les hommes. Austère, la Forteresse paraît froide et aride, sans aucun confort. Et pourtant, passés les nombreux points de contrôle, on découvre une ville paradisiaque de toute splendeur et au-delà, des paysages d’Eden abreuvés de rivières scintillantes et de cascades fraîche inondant les champs. La Tribu des Eclaireurs était connues pour former les plus grands sages des Alescans; elle possédait une bibliothèque énorme renfermant beaucoup de connaissance sur le Monde d’Erade. Les membres de cette Tribu contrôlaient le Sable.
La fin de la Tribu des Eclaireurs fut tragique. Au cours d’une énième guerre contre des hordes de démons, la Forteresse de l’Eau perdit son titre d’Imprenable, et elle sombra aux mains démoniaques qui détruisirent tout; réduisant en esclavage la Tribu des Eclaireurs. Actuellement, si par bonheur vous, vous procurez une carte pirate et trouvez l’île de T’Sarran, alors vous constaterez qu’ils ne s’y trouvent que de nombreuses ruines que le vent marin fait gémir chaque aube dans une complainte morbide. Le Collier de la Rose des Sables, d’où les Eclaireurs tiraient leur puissance a disparu et c’est un artefact que beaucoup d’aventuriers recherchent à l’heure actuelle.

La seconde était la Tribu des Ancêtres. Elle avait édifié sa puissance sur les rives de la Rivière sans Nom, proche des Marécages. Ses membres étaient capables de contrôle le sang, et étaient dotés de dons divinatoires assez troublants. Les Oracles d’Alescans, au nombre de trois, dirigeaient cette tribu tournée vers une spiritualité forte. Ils étaient en osmose avec la Nature et leur connaissance en médecine et en botanique surpassaient de loin celles de leur confrères. La Puissante Ville des Brumes qui les abritait, est cachée par un dense brouillard où pullulent de dangereuses créatures protégeant le territoire des Ancêtres. Aussi, seuls les Alescans sont en mesure de trouver le chemin les guidant à travers la brume sanglante pour atteindre cette ville à l’architecture féerique. Les Ancêtres étaient les Alescans qui avaient une maîtrise plus que parfaite de l’eau, et ils donnaient naissance à des hommes forts et puissants, d’une beauté exceptionnelle. Actuellement, peu de traces subsistent de cette Tribu, si bien qu’elle reste un mystère complet et total.
Lors de la guerre contre les hordes des Terres Oubliées, ils furent décimés mais non pas anéantis comme pour leurs confrères Eclaireurs. Affaiblis par la défaite, la Tribu des Ancêtres vit en total autarcie et n’est plus dirigée que par un Oracle, dont on ignore le nom. Leur brume protectrice, assoiffée de vengeance, est d’autant plus dangereuse et gare à ceux qui s’y aventureraient, sous peine de connaître une mort violente. Le Collier Écarlate est entre les mains de l’Oracle d’Alescan et permet la survie des siens à l’heure actuelle.

Enfin, la Troisième est (puisqu’elle est bien d’actualité) la Tribu de la Vie. Elle a bâti sa renommée dans les énormes glaciers. Ses membres sont capables de contrôler la Glace et à leur tête, se trouve la lignée d’Alescan qui règne également sur les deux autres tribus. Occultée par l’environnement hostile de la Vallée des Glaces, désert arctique de contraintes mortelles, la Magnifique Cité des Glaces trône. C’est la plus grande et la plus parfaite des trois villes alescanes. Elle s’étend sur plusieurs kilomètres carrées et possèdent de nombreux lieux encore gardés secrets. Ses membres étaient doués, intelligents et prodigieux. De nobles sangs, ils s'étaient alliés au Roi Erade et certains d’enter eux, connus sous le nom d’avatars , avaient formé sa garde personnelle. Leur maîtrise de l’Eau était à telle niveau qu’ils avaient développé l’art de maîtriser la glace ce qui les rendait redoutables. Ils étaient caractérisés par leur tempérament froid et sérieux ainsi que leur profonde notion de Justice. Le Palais des Glaces est là depuis des temps immémoriaux et abrite la famille d’Alescan, c’est un joyaux de splendeur. Nul feu ne brûle dans la Cité, car des Lucioles d’Hiver éclairent et réchauffent l’endroit par leur omniprésence. La Tribu de la Vie était réputée pour exploiter les nombreuses mines de Diamants à l’intérieur des glaciers et les puits à cristaux, mais également les Perles Glacières chassées dans la gueule de poissons carnassiers dans les profondeurs de la mer arctique bordant les glaciers. Leur fin fut tout aussi triste que celle de leurs pairs, mais ils connurent un sort plus clément. Rivaux des grands sorciers, ils ne purent empêcher d’être décimés lors de la dernière guerre contre Rugillan, qui remonte à douze années. Les guerriers de cette tribus chevauchent des tigres géants à dents de Sable. A l’entrée de la Cité, l’ont peut voir l’immense statue d’Organ, le Dernier Dragon de Glace. Milles légendes courent à son propos, comme celle de son réveil prochain. A noter, que la Cité des glaces est particulièrement touristique pour ses bains thermaux souterrains, creusés profondément près des mines de diamants. Beaucoup de personnes viennent y faire des cures.
Aujourd’hui, ils ont perdu de leur prestige et sont des vassaux du Royaume d’Otian. D’ailleurs, la Royauté a toujours accordé à leur chef, une place dans sa noblesse pour leur dévouement lors des guerres et leurs nombreux sacrifices malgré leur nombre restreint. Affaiblis, comme les derniers Alescans de la Terre d’Erade, ils survivent de leur troupeaux de chèvres qu’ils font paître derrière les cascades, et de leur travail d’orfèvrerie qui se vend très cher à Otian. Leur bibliothèque a en partie été saccagée et la guerre a provoqué des avalanches condamnant des secteurs entiers de la magnifique Cité des Glaces. La Tribu compte aujourd’hui quelques deux cents membres. Leur maîtrise de l’Eau s’éteint pour la plupart d’entre eux. Leur solidarité est grande mais nombreux sont ceux qui ont délaissé les traditions alescanes pour s’intégrer au Royaume et tourner la page. Tant que cela ?
…
Pas vraiment.

Spoiler:

Philippe d’Alescan était le Chef de la Tribu de la Vie. Bâti comme une armoire à glace, il entamait avec une sérénité douteuse, son quarantième hiver. Il fut proclamé Chef de la Nation Alescane alors que les choses allaient encore…bien. Il avait tout fait, lors de son avènement, pour conserver les traditions de son peuple et servir le Royaume d’Otian tout en préservant son autonomie. Maître de l’Eau aguerri, il était redoutable lors d’un combat et aucune magie ne pouvait le toucher. C’était un jeune homme très intelligent, qui préférait vaincre par la stratégie que par la force et ses plans étaient réputés infaillibles. Sa femme était la première fille de l’Oracle d’Alescan, et avait le don de faire revenir les morts à la vie ainsi que celui de contrôler le sang. Crainte, elle était d’une beauté inégalable et d’une gentillesse à toute épreuve. Elle donna à son mari, deux enfants: Aelig, l’héritière et Hadrien, à intervalle de quatre années. Sans grande surprise, elle fut tuée lors d’une attaque des armées de Rugillan, alors qu’elle se rendait chez les Ancêtres.
Aelig n’avait que huit ans.
Elle devint donc la figure maternelle de la famille, accomplissant toutes les tâches traditionnellement dévouées à la matriarche de la Tribu de la Vie. Bien qu’elle désirait développer sa maîtrise de l’eau, Aelig se résigna à faire passer ses ambitions après sa famille et les tâches ménagères. Aussi, elle apprit l’art difficile de la chasse aux Perles Glacières et se révéla être une championne dans ce domaine dès l’enfance. Réputée pour être sauvage et en parfaite harmonie avec l’environnement des glaciers, Aelig grandissait en s’abreuvant de sagesse et de maturité. Lors de ses douze années, une nouvelle vague fissura la glace dont elle était faite - brisant ses rêves, et entraînant dans la déchéance son innocence. Elle assista impuissante, au départ de son père et de tous les hommes de la Tribu participant à la guerre contre les Sorciers des Terres Oubliées qui avaient prêté main forte aux armées de Rugillan pour détruire la Nation Alescane. Elle et son frère furent donc confiés à leur grand-mère paternelle. Le non-retour des hommes, affaibli énormément la Tribu qui dépendait alors du bon vouloir de la Royauté d’Otian, qui accepta de les protéger.
Aelig fut envoyée à l’école, chaque jour, elle accompagnait les quelques bergères de sa Tribu derrière les cascades, avec quelques dizaines de jeunes, pour bénéficier de l’éducation offerte pas le Royaume. Tout se déroulait bien elle jusqu’à son seizième printemps…

Spoiler:

Richard Zollander était un jeune garçon du même âge qu‘elle. Peureux et faible, il était un poète passionné et un grand amoureux de la littérature et des arts. Autant dire qu’aux yeux d’Aelig, il prenait le titre de boulet sans nom. Il avait été envoyé par son maître chez les Alescans pour étudier leur culture et percé leurs secrets dont celui de la fameuse Perle des Glaces que portait Aelig autour du cou. Leur relation débuta très mal, notamment grâce à la mauvaise foi accrue de la jeune femme. Pourtant, rien était à prendre à la légère. Le Duc Zollander était un sorcier particulièrement puissant, et tant que son fils logerait dans la Cité des Glaces, Aelig était sa protectrice. Des problèmes, toujours des problèmes, engendrés bien évidemment, par ses guignols de sorcier, voilà exactement ce que pensait Aelig et sa haine pour eux ne fit que décupler.
Les cent premières journées en sa compagnie parurent extrêmement longues pour l’alescane.

Spoiler:

Les cents autre qui suivirent, le parurent davantage pour lui, qui finit par être ennuyée de l’attitude de son hôtesse envers lui.

Spoiler:

Une année se conclut à la fin du cycle de l’hiver. Toute la petite tribu avait fini par accepter Richard- exceptée Aelig. Le sorcier en herbe ne la comprenait d’ailleurs pas davantage qu’au premier jour. Il la trouvait belle, courageuse et caractérielle : toutes les qualités nécessaires à une femme pour plaire. Chaque nuit, il avait sombré un peu plus dans la folie des fantasmes, à rêver d’elle. Et chaque Aube faisait grandit l’amour qu’il éprouvait pour elle, puis chaque coucher de soleil suivant, la meurtrissure de ressentir la haine de la jeune aimée à son égard. Il souhaitait lui prouver ce qu’il valait, en essayant de s’intégrer à la société alescane, mais Aelig restait aveugle à ses efforts. Profondément blessée par le souvenir des pertes qu’avait connu sa Tribu par la faute des Sorciers, son orgueil refusait de céder. Une autre longue année fut nécessaire pour s’attacher au binoclard. La Neige tombait recouvrant les pics des glaciers d’une nouvelle éternité. Les tigres géants migraient plus près des terres, pour trouver leur proie. Petit à petit, La Tribu de La Vie se refermait sur elle-même, pour vivre la saison la plus sacrée de sa culture. Les feux de camps à l’extérieur de la Cité s’éteignaient et le petit port des chasseurs de perles était contraint de fermer, la glace s’emparait de la Mer à vive allure - il était trop dangereux de s’y risquer dessous.
Oui, l’Hiver était la saison où la Tribu de la Vie, ne se composant plus que de femmes et d’enfants, voire d’adolescents et de vieillards, devenait le plus vulnérable. Les cols étaient presque impraticables et il fallait vivre sur les réserves, oubliant tout espoir de communiquer avec Otian. Et cela, beaucoup d’ennemis le savaient, mais peu avaient pensé attaquer si tôt. A la première explosion. L’Aube mourrait derrière les montagnes gelées. A la deuxième, Aelig ouvrait brutalement les yeux, ce n’était pas un cauchemar.

Spoiler:

Ce début d’hiver-là, Aelig le ressentit comme une profonde blessure au fond d’elle, et pour la première fois depuis de nombreuses années, les larmes se cristallisèrent sur ses joues brillantes. Elle était arrivée trop tard au sommet du Pic de la Cité. Se laissant tomber de Caspian, elle avait même eu du mal à progresser dans la neige glacée, jusqu’au corps de Richard. Le terrain était décharné, ravagé par des flammes noires horribles, qui pourléchaient roches et glaces. Jamais de toute sa vie, elle n’avait vu pareil phénomène. Heureusement, Zollander n’était que superficiellement blessé. Il perdait du sang certes, mais il était possible pour Ael’ de le guérir. Pour la seconde fois depuis deux ans, elle lui avait souri et Richard, n’oublie toujours pas ce sourire depuis sa prison de ténèbres. Elle ne pouvait nier qu’elle avait eu peur pour lui, mais les larmes coulaient; la forçant au silence. Il lui avait murmuré quelques phrases. Ses lunettes étaient brisées et avec une vinifie délicatesse, elle les lui avait retiré pour découvrir sa véritable beauté. Même tâchée par le sang, la blondeur des cheveux de Richard restait d’une éclatante pureté. Elle le pressait tendrement contre sa menue poitrine, et même le souffle coupé, il appréciait. Si la mort l’arrachait maintenant à sa vie de lâcheté, au moins, il s’envolerait avec le parfum de son aimée.
Le moment n’était pas mieux choisi pour l’assaillant de faire son apparition. C’était une simple ombre, gigantesques, certes. Elle couvrait la lumière du soleil. Aussi, quand sa voix s’éleva, c’était celle de milliers d’âmes damnées et Aelig manquait de hurler sa terreur. Elle voyait presque leurs yeux incandescents luire dans les ténèbres. Il était venu pour prendre la vie d’Alescan et briser le collier de la Perle des Glaces. « Il », ni l’un, ni l’autre ne savait de qui il s’agissait. La seule part de lui-même qu’il avait donné la peine de décliner était son origine : les Terres Oubliées - à noter, qu’Aelig aura du mal à retenir ce nom. L’ombre démoniaque avait attiré le jeune homme ici. Richard avait résisté avec ses piètres pouvoirs, mais le Mal était plus fort, plus insidieux.

Spoiler:

Ainsi commençait la nouvelle épopée d’Aelig. Elle avait fait ses adieux à sa Tribu, chargeant son petit frère Hadrien d’en prendre soin. D’une écriture soignée, elle avait écrit au Duc Zollander pour lui demander grâce, le temps qu’elle retrouve son fils. Equipée et prête à faire face à l’inconnu, elle s’engageait joyeusement sur la route qui menait au cascade quand…

Spoiler:

La route allait être longue.