La destinée de l'Erade
Bienvenue à toi, étranger !
Œuvre du hasard ou du destin, tu viens d’arriver aux portes d’un monde nouveau, celui d’Erade ; un univers aux secrets innombrables où cohabitent des cultures différentes et où la magie se lie à chaque être, dés sa naissance. Tu connaitras l’amour, l’amitié et de grands moments que tu n’oublieras jamais mais aussi de la tristesse, une noirceur dont tu ne te connaissais pas l’existence et qui sommeille pourtant en toi. Ce monde possède des horizons différents, des histoires liées entres elles et tu apprendras par la suite que rien n’arrive par hasard. Tu peux fuir ou rejoindre l’aventure mais n’oublie jamais qu’ici, chacun de tes actes changera le cours de notre histoire, celle que l’on écrit tous ensemble, la destinée de l’Erade.
La destinée de l'Erade
Bienvenue à toi, étranger !
Œuvre du hasard ou du destin, tu viens d’arriver aux portes d’un monde nouveau, celui d’Erade ; un univers aux secrets innombrables où cohabitent des cultures différentes et où la magie se lie à chaque être, dés sa naissance. Tu connaitras l’amour, l’amitié et de grands moments que tu n’oublieras jamais mais aussi de la tristesse, une noirceur dont tu ne te connaissais pas l’existence et qui sommeille pourtant en toi. Ce monde possède des horizons différents, des histoires liées entres elles et tu apprendras par la suite que rien n’arrive par hasard. Tu peux fuir ou rejoindre l’aventure mais n’oublie jamais qu’ici, chacun de tes actes changera le cours de notre histoire, celle que l’on écrit tous ensemble, la destinée de l’Erade.
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 Nero Hiems (Finie)

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Nero Hiems

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MessageSujet: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 21 Déc - 21:21

    #. VOTRE PERSONNAGE


    .:.[ Nom : Hiems.

    .:.[ Prénom : Nero.

    .:.[ Sexe : Masculin.

    .:.[ Âge : 20 ans.

    .:.[ Royaume : Rugilian

    .:.[ Camp : Bénéfique.

    .:.[ Métier : Errant.

    .:.[Race : ELEMENTAL (FEU).

    .:.[ Pouvoirs :
    #. 1) Contrôle du Feu.
    #. 2) Invisibilité.

    .:.[ Armes : Épée bâtarde - Couteau.

    #. AUTRES


    .:.[ Où avez vous connu le forum ?
    #. Top site ou partenaire, précisez lequel : Toutes mes excuses, ça fait très longtemps que j'avais mis Erade dans mes marques page, et je ne sais plus du tout sur quel top site je l'ai repéré. Si je retrouve, je mets.

    .:.[ Comment trouvez-vous le forum ? Très beau. Je trouve le contexte riche et interessant. C'est vraiment un forum bien foutu. (chapeau bas)

    .:.[ Une volonté à nous demander ? Aucune.

    .:.[ Mot de passe : Validé par Luhiel


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Nero Hiems

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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 21 Déc - 21:56

#. IDENTITE

Introduction


Nero

Journal


le 31 décembre 15h

    Ce n’est pas comme dans les histoires… La réalité ravage notre cœur de doutes, d’indécisions. Et dans les déserts froids des soirs de nos attentes, l’errance est infinie. Quelle est cette force qui nous rattrape si loin dans notre fuite éperdue ? Je me demande si le jour verra ma libération.

    ***

    Les déserts ici sont immenses et terribles. Ils posent sur vous le désordre, vous réclament un regard et le rendent tout de suite. Les dunes courent le long de l’horizon, glissent comme un serpent jusqu’au cœur qu’elles trahissent. Que n’ai-je plus de cœur pour sentir cette étreinte…

    « Tu ne connais donc pas la paix ? »

    L’oasis était une eau limpide, fuyante. Sous les ombres du palmier, le sable était froid. Dans ma main sèche, une herbe rêche se tordait malheureusement. Je lui passai sa tunique quand elle sortit, nue et éclatante de l’eau.

    « - Je ne connais pas la haine, lui répondis-je, et je sentis sa main humide passer dans mon cou.
    - Tu es un bienheureux, alors. » dit-elle simplement.

    Je lui saisis la main pour me lever, et mes jambes engourdies frissonnaient sous l’ombre.

    « Quel silence tu dois entendre là-dessous. » fis-je.

    Elle sourit tandis qu’elle séchait ses bras.

    « L’eau n’est pas faite pour toi. Ou tu n’es pas fait pour l’eau. »

    Je jetai un regard à la surface lisse, encore troublée des ondes qu’elle avait laissée.

    « Il faudra me montrer, un jour. » lui-dis-je. Nous nous regardâmes brièvement, d’un regard entendu.
    Je sentis dans nos silences clairs, la pique amère de son sourire sous ses boucles noires, tandis qu’elle essuyait son cou, les yeux lointains. Ce jour-là, je lui avais arraché un « oui » frêle comme les gouttes sur ses épaules.

    « - Si nous ne rentrons pas, ta mère va attendre.
    - Elle attendra, dis-je. »

    Elle soupira en lâchant comme un aveu : « C’est bien de temps que nous manquons. », puis regarda en silence le sable lumineux avec ses yeux arides.

    « - Tu aimes le désert plus que moi… soufflai-je.
    - Non, répondit-elle, c’est toi qui ne sais pas l’écouter. Tu n’as jamais su écouter personne, de toute façon. »

    Était-ce vrai ? Et toi, demandai-je au désert, sais-tu l’écouter mieux que moi ?
    Qu’a-t-il ce désert, à part la désolation tendre du quotidien. Je songeais à ma mère qui attendait effectivement au village, qui attendait que je rentre soudain et que nous nous regardions en chien de faïence, je songeais à la mère de Lyn, de cette amie chérie, qui attendait chez elle de la prendre à sa jeunesse. Et je me disais, qu’y-a-t-il alors de si beau dans ce désert, de si bon qui puisse nous sauver tous deux ?

    « Apaise-toi. » murmura-t-elle.

    Et plus tard quand nous courûmes sur le sable, à travers la lande, ensemble, je me demandai, fatalement : Pourquoi ces nuages dans tes yeux, pourquoi ces gouttes qui coulent sur ton visage…


[...]


Dernière édition par Nero Hiems le Sam 2 Jan - 22:07, édité 2 fois
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Nero Hiems

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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 21 Déc - 22:05

Description



De Lyn à Junie


Chère Junie,

Comment vas-tu ? Bien, j’en suis sûre, tu as trop de joie pour ne pas aller bien. Je sais que tu viens nous voir dans quelques semaines, et j’en suis heureuse, si tu savais ! Le désert n’a pas changé. Vois-tu ce que j’aime chez lui, c’est qu’il a beau partir, bouger, se transformer… il demeure pourtant le même. Profondément, je sais que je le retrouverai, malgré les aléas de ses contours, les illusions qu’il propage. Il en va autrement des gens ! Gens si changeants…

Ici, la communauté subsiste comme toujours des transactions, des passages du désert immense. Ma mère, je crois, est toujours la même ! Elle s’est réveillée un jour avec de la dentelle dans ses cheveux gris, et dans le sillon de ses rides elle a creusé le fossé de sa vie… Au fond, je ne lui en veux pas de vouloir me marier, de reporter ses espoirs. Je ne lui en veux pas. Nero, par contre, je crois, lui en veut.

Les autres sont contents aussi, les temps sont doux, et le désert clément. Grand désert. J’ai pu voir des étoiles inconnues, hier soir. Nero croyait rêver. Il a changé tu sais. Tu ne le vois pas parce que tu n’es pas là.
Oh, si tu pouvais être un ange, quel bien tu ferais en posant ta main fraîche sur nos fronts inquiets… ! Reviens-vite.

Il a grandi, son corps a minci, ses yeux ont pâli… Son pouvoir croît encore, et je crois brûler quand il me serre dans ses bras. Ses bras si froids. Tu comprends, n’est ce pas… ? Bien sûr que tu comprends, tu as toujours tout su, de ce cœur discret, au fond. Quelque part je crois que ses grands yeux bleus n’ont de lumière que pour toi, pour ta joie. Il me manque tu sais, ce sourire long et plissé qui fendait son visage quand on riait tous deux. Perdu.

Son visage a durci, et ses traits terribles ont pris encore du désert les airs lointains, les défiances constantes…
Le temps nous échappe, Junie, et passe sur lui comme les vents difficiles de nos dunes. Sur son corps sec, sur ses épaules nouées et son regard abandonné. Regard sombre des égarés, qui me rappelle le temps rêvé où son front n’était pas plissé, et où il écoutait… Je sens le poids d’un monde entier dans ses grands bras enroulés autour de mes épaules.
Sans haine, il a pourtant tant de peine…

Parfois je me dis, que ce n’est que moi. Que ce n’est pas lui, et que dans l’obscurité des silences de nos soirs, ses cheveux n’ont pas tant blanchi.
A vrai dire, nous sommes encore jeunes.

Les jours sont longs à attendre avant de te revoir. Reviens-vite.

Lyn




De Junie à Lyn


Chère Lyn,

Je vais bien, la ville est grande et il est bon de s’y perdre. J’attends moi aussi le temps où nous serons réunis, tous les trois, et j’ai la conviction que rien ne saurait être différent. Je ne vois pas Nero, mais je le connais, et je sais qu’il ressemble au désert que tu aimes. C’est notre désert, dirait-on. Je sais tout le bien qu’il ne dit pas, toute la bonté qui est la transparence de ses yeux. Il est heureux toujours, je l’espère, de te voir sourire, de rire avec toi car je ne peux penser que cela même soit parti. L’apanage de ses jours consiste en toi et le bonheur des autres, le savais-tu ? Penses qu’un jour, il a été ce jeune garçon qui ne savait qu’être admirable, ressens le monolithe qu’il dresse en son âme pour l’ombre des oasis où tu te baignes. La vie a été dure pour vous deux, c’est si vrai. Mais dans la solitude de vos contrées, j’aime à savoir que ces pas dans le sable sont laissés par certaines âmes, et que parmi elles s’en trouvent des démons de la jeunesse, des feux du soleil rayonnant. Vous êtes beaux tous les deux, c’est la première chose que je pense en songeant à vous. Et Nero, dans son silence doux, peut-être aigre certes, demeure un grand matin d’hiver sous ce ciel net : vif et clair dans la moiteur de votre entourage. Je sais tout le mal que vous avez à vivre avec eux, tout le mal qu’on y trouve. Je suis si désolée de que ta mère fait, je voudrais tant te serrer dans mes bras. La tristesse est un mal profond quand il ne vient pas de soi. Songe à Nero, jamais de lui ne vient cette peine blanche dans son touché. Il est de ces hommes qui sont vampirisés par la vie, mais il ne saurait se laisser corrompre. J’ai foi, et toute la mélancolie qu’il respire ne pourrait se lasser d’être vaincue, je le sais. J’ai toute confiance en vous, en toi qui est si belle et qui doute, grande dans ton doute, en lui. Le pacte que nous avons passé réside dans nos cœurs, et quelque soit la distance, quelque soit les silences, nous nous retrouverons, comme le soir toi et moi nous contemplons les mêmes constellations. Le temps est puissant, et la jeunesse plus encore à rompre les liens et diviser les cœurs, mais Nero n’est pas de ceux-là, j’en suis persuadée.

Dans l’attente de te revoir enfin, je t’aime.


Junie
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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 21 Déc - 22:26

De Nero à Junie

Junie, c’est Nero.

Voilà longtemps que nous ne nous sommes vus, et, comme je me souviens mal de tes yeux et de ton sourire merveilleux !... J’en suis désolé. Comme je suis désolé aussi de ne t’avoir écrit plus tôt. J’espère que tu es aussi heureuse que tu le mérites.

Lyn aussi le mérite. Je le mérite un peu, aussi. Tu vas être déçue : c’est seulement dans le besoin qu’enfin je t’écris, mais il le faut. Ne doute pas de moi, s’il te plaît. Aie confiance.

Je souhaite que tu trouves là où tu vis une place pour Lyn, une situation, même médiocre, pour qu’elle vienne en ville. Si cela se peut, sa sauvegarde est assurée.

J’ignore quelle conséquence, quel malheur grand ou petit nous rattrapera, mais, simplement, je ne supporte pas que ce cœur puisse être ravi ainsi, dérobé et pris sans avoir eu le temps de vivre. Est-ce égoïste ? Est-ce qu’ainsi je songe à sa mère qui mourra bientôt de ce coup, ou aux difficultés qui nous guettent au seuil d’une errance sans fin…

Nous sommes en train de nous perdre. Toute ma vie me perd et s’effondre comme les dunes. Ma mère me hait, mon père n’est plus, ma meilleure amie est sur le point d’abréger sa jeunesse, et ce village qui m’a recueilli n’est plus que le berceau de mille non-dits. Mille silences qui m’ont chanté leurs mirages… Si tu savais comme on me regarde !... Oh, s’ils se doutaient sous mes airs de pierre les doutes qui logent dans le creux de mon coude où je réfugie mon visage en pleurs. S’ils se doutaient ; comme ils auraient peur ! Ils banniraient le démon aux cheveux blancs que je suis devenu et feraient brûler mon image sur l’autel de leur passé. Ils laisseraient leur désert m’avaler. Et pourtant, je n’ai qu’un désir. Le même depuis des millénaires. Alors, ai-je tant changé ?

Si elle était heureuse, comme je serais tranquille !

J’attendrai l’aube de l’anniversaire qui arrive, celui de sa mère, pour lui en parler. Réponds-moi au plus vite.

L’ami qui t’aime.

Nero
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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 21 Déc - 22:27

Histoire -
Nero : Journal


[...]

le 31 décembre : 16h

En rentrant chez moi, je sentis l’obscurité me cueillir comme un parfum aigre. La porte fermée, j’avais l’impression de laisser là le jour. La semi-pénombre peignait mes murs bruns d’une tristesse, qui en fait, n’était pas la mienne.

« Maman ? »

Elle ne répondit pas, et mon appel comme un murmure se confondit dans l’amertume du silence. J’entendais les mouches hanter l’ombre, comme les rais de lumières vagues qui traversaient les volets du salon. J’allai dans la cuisine, pris un verre d’eau. Chaque gorgée avait le goût de la fadeur de cette maison. Je m’appuyai sur la table, et le bois sous ma main était frais.

« - Nero. Tu as ramené Lyn ? C’est bon ? Je crois que sa mère commençait à s’inquiéter.
Elle était là, devant moi. Soudain.
- Avant, elle ne s’inquiétait jamais, que nous rentrions tard.
- Oui, mais… Enfin, tu sais, leurs affaires. La famille. »

Elle fit un geste évasif de la main, et se troubla, de telle façon qu’elle ne me regardait plus. Nous étions donc là, tous les deux. Sa silhouette mince, ses traits émaciés, dans l’obscurité, la laissaient comme une brindille sous les mes yeux de jeune homme. Ses mains serrées sur ses bras squelettiques me hantaient.

Ce qu’il y a de très frappant entre ma mère et moi, ce sont nos ressemblances, ces échos vagues, persistants, dans les mimiques… les regards surtout. Elle et moi avions les mêmes yeux, bleus et délavés, mais le regard, dur et lent, et cette même façon d’attendre… Quelque part, j’aurai pu attendre éternellement, qu’elle me regarde, comme elle aurait pu attendre éternellement, face à moi.
Mais quoi… ?

« Maman, je ne suis pas un monstre. »

Elle trembla, ses épaules tressaillirent, et ses lèvres entrouvertes comme une plaie laissèrent s’échapper un souffle. J’étais interdit, et le frisson qui fit vaciller son corps me déroba la voix ; dans ma bouche, les mots devinrent sable. Je détournai les yeux. Et songeai : ce n’est pas comme dans les histoires, tôt ou tard les mots, ou les silences, rattrapent les mirages du désert…
Aurai-je la force de partir, maintenant ? Laisse-moi disparaître suppliait mon regard, va-t-en, et abandonne moi. Ne me regarde plus comme ça. Ou, pour de vrai, regarde-moi. S’il te plaît.
Je posai mon verre sur la table, et partit. Mais en passant à son côté, je me retournai. Nous regardâmes en silence la trace de brûlé qu’avait laissée ma main sur la table.

Je m’interrogeai, sur ce froid mortel est mystérieux qui m’imprégna alors, malgré mes entrailles en feu.

[...]

Les sentiments sont des choses fluctuantes. Ils ondulent, comme les dunes du désert.
Lui dirai-je ? À Lyn ?
Belle comme elle est, peut-être me regarderait-elle avec ce sourire dévorant, ces serpents dans ses yeux me sifflant au visage, et dirait :

« Nero, les choses les plus petites sont des peines à vivre. »

Que ne l’ai-je su avant…
Cette Lyn là est partie. Et si je l’avais écoutée, peut-être aurai-je entendu son au-revoir en me laissant.
… alors je lui aurai répondu : mais nos chimères sont grandes.


[…]


Dernière édition par Nero Hiems le Sam 2 Jan - 22:09, édité 2 fois
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Nero Hiems

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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeSam 2 Jan - 13:28

le 31 décembre : 21h


La tente était dressée, et les flambeaux plantés profond dans le sable éclairaient les villageois qui apportaient les chaises, tables… Les nuits au désert, sont fraîches et pures, comme le ciel noir. La place de fête formait un halo de lumière chaude dans la plaine, en lisière du village, perdu dans l’horizon découpé par la lune. Il faisait plus froid que d’habitude, et une traînée blanche et poudreuse s’étalait dans les domaines du ciel, entre les étoiles. Ce ciel écrasant.
Ce soir, c’est fête. Alors fêtons.

Je me redressai, et abandonnai ma cigarette au pied de la maison. Les rues sombres entre les bâtisses trapues étaient vides, et je voyais au loin, comme un courant, se déverser les gens vers la tente, là-bas.

« Nero ? Oh ! je ne t’avais pas vu. Là, dans le noir… »

Baptiste, un homme à la trentaine, le front dégarni et la face toute en rondeurs, me regarda. Je ne distinguais pas la couleur de son visage.

« - Je t’aide ? fis-je.
- Oui… volontiers. »

J’attrapai de ses mains rudes la caisse de verres.

« - Tu peux me dire quel est l’âge d’Annie ? Je suis confus, je ne m’en rappelle pas du tout.

- 40, dis-je. Et Lyn a 18.
- Oui ! Lyn, sa fille. J’admire beaucoup la façon dont elle supporte l’état d’Annie. C’est difficile cette maladie.
- Oui, difficile. »

Et le silence s’installa. Imperceptiblement, il ne s’approchait pas trop de moi, restant à distance en dévalant à ma suite la route sans pavés. Cela pourrait me faire rire. Me prenait-il de haut ? ce petit homme charmant aux mains si sèches… Le froid me prit à la gorge malgré mon écharpe.

Plus tard, le dîner commença, et attroupés, les gens s’assirent à table. Au bout, il y avait Annie, et nulle trace de Lyn.
L’agitation, comme un nuage passait de groupes en groupes. Les volutes d’eau de vie se laissaient aller, et flânaient dans les cheveux ébouriffés, montait doucement, jusqu’à la bâche au-dessus de nos têtes. Les haleines rendaient piquantes les larmes sur les joues rougies. Et alentour, il n’y avait que la nuit sans fin qui se troublait au sommet des dunes bleues.

Il y avait, près de moi, un groupe à part, car plus jeune. J’écoutais leur conversation, les douces rumeurs de leur vie. L’un parlait de son prochain départ, avec une caravane. L’autre, d’un ton détaché, prétendait s’engager dans l’armée, tant il était puissant aux
armes. Le ton caustique que prit la conversation les fit rire. Les visages autour de moi s’étalaient en gouache multicolore, et les rires oppressants éclataient partout en explosions pénétrantes. Je les écoutais toujours, et un peu plus tard, les rejoignis.
L’un était assis sur la table, l’autre avait les pieds repliés sur sa chaise, et la fille me regardait, surprise. Ils ne semblaient pas avoir conscience de la gêne dans laquelle cette intrusion me laissait.

« - Regarde… disait-elle, hésitante. Regarde Nero. Je suis sûre qu’il te met la raclée, quand tu veux. »

Ils rirent avec précaution, et je souris ; répondis :

« - J’en doute, mais tu peux essayer.
- La victoire m’est assurée, lança-t-il.
- La victoire est une dévergondée. »

La fille rit clair. Si elle savait, cet orgueil abandonné que son sourire réveillait en moi. Peut-être existe-t-il ce temps, où je faisais rire.

« Tu vois ! » dit-elle.

Nous parlâmes alors de choses et d’autres, elle attira l’attention des garçons sur Baptiste, et sa façon de manger. Ils se laissaient entraîner par les vagues de son regard acide, et en rires entrecoupés, voguaient sans heurts sur leur dérision intime, sans conséquence, dans leurs murmures. À un moment au cours de la conversation, la fille me dit :

« C’est drôle, tu ne traînes jamais avec nous, Nero. »

Je ne sus si j’allais répondre quand, du bout de la table, Annie se leva. Elle parla, quand le calme fut fait :

« Je veux d’abord remercier tous ceux qui… »

Etc. Je n’écris pas ce qu’elle dit. Je voudrais parler, de cette face blafarde, aux ombres immenses qui s’étalent le long de joues creuses. Ce front plissé à outrance assombrissant même ses yeux mouillés.
Ou était-ce moi, qui la voyais comme ça ? Oh, comme le temps était doux ce soir.

« Quoi ? s’exclama la jeune fille. Lyn se marrie ? J’étais persuadée que ce n’était qu’une rumeur. »

Elle avait les yeux braqués sur Annie, je frissonnai, et ils ne le virent pas.

« - Mais vous êtes proches, Lyn et toi ? demanda-t-elle soudain en se tournant vers moi.
Parce que, si elle va se marier, elle est d’accord au moins ?
- Je crois.
- Ce n’est pas joyeux, fit-elle d’un air sincèrement triste. Tu l’aimes beaucoup ? »

Elle ne sembla pas se rendre compte du trouble dans lequel cette question me jeta.

« Non. Non puisqu’elle va se marier. »

On applaudit, les gens trinquèrent. Elle parlait déjà d’autre chose. Le bruit n’avait plus de prise sur moi.

« Désolé, je dois y aller. Ma mère m’attend à la maison. »

Quand les bruits s’estompèrent derrière moi, et que le dos courbé, je gravis la pente qui me mènerait chez moi, je sus qu’il n’en aurait pas été autrement. Cela m’a rattrapé.
Si je cours, me demandai-je, m’enfonçant dans le désert, me cachera-t-il ? Et je répondais : Non, le désert ne sait rien. Il ne t’attend pas, il n’entend pas ce souci qui chevauchant les regards se rappelle à toi. Non, il n’y a pas de fuite possible. Mais, comme je voulais fuir !

Je courus les derniers mètres jusqu’au village et traversant les rues désertes, me présentai devant une maison que je ne connaissais que trop bien. J’ouvris la porte laissée déverrouillée, et montai l’escalier sombre à ma droite, jusqu’au couloir où sommeillaient les chambres vides. J’avançai jusque la porte du fond, et quand j’entrai, la brusquerie de mon geste éteignit la bougie. Elle était là, assise sur le lit, les volets ouverts à une lune incertaine.

« Lyn. »

Elle était restée chez elle, l’annonce publique était une honte qu’elle n’aurait pas portée en son âme. Je le sais.
Ce qu’elle comprend à l’étreinte de mes bras autour de ses épaules, je ne le sais pas. L’abandon que je sentis dans tout son corps m’évoquait le sable coulant entre mes doigts.

« - Lyn, écoute-moi, on peut faire quelque chose.
- Tu te trompes.
Le front froid qu’elle réfugia dans mon cou me fit frissonner.
- Si, dis-je insistant. J’ai demandé à Junie. Choisir… Ne serait-ce qu’une fois. C’est important.
- Important…dit-elle. (Elle rit brusquement.) Tout cela est niais ! Oh, c’est terrible ce qui m’arrive, vraiment… Je vais me cacher des mouches d’ici dans la crasse d’une rue là-bas. Alors je regarderai les rats avec mon sourire vainqueur, tu crois ?
- Oui.
- Ne mens pas… Qu’as-tu à me pousser comme ça ? laisse-moi dormir.
Elle s’allongea doucement, et me tourna le dos, ses mains étreignant son oreiller.
- Demain, ça n’ira pas mieux, dis-je.
- Tu ne sais pas tout Nero.
- J’aimerai !... laissai-je échapper à son oreille. Je saurai comment nous enfuir, nous terrer dans le désert jusqu’à ce que le monde ait achevé sa révolution.
- Détrompe-toi : tu ne m’aimes pas.
Cette remarque me pénétra tout entier, et pendant un instant, il me sembla que ma main ne pouvait plus, en aucune façon, l’atteindre.
- Si.
- Je t’ai dit, de ne pas mentir, murmura-t-elle. Laisse-moi dormir. Reste, et demain, nous verrons à nous enfuir. »
Elle rajouta que demain, elle me montrerait comment l’on respire, dans l’eau des oasis.

Comme l’obscurité est limpide ! comme on peut s’y leurrer… Je me penchai sur sa joue, déposai un baiser près de ses boucles noires, et les yeux clos, me laissait dire par ce
démon qui m’avait volé mon amie, d’attendre le lever du jour.

***


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Nero Hiems

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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeSam 2 Jan - 13:38

le 1er janvier : 4h

Je sortis quand la nuit était bien entamée. Alors, j’attendis l’aube à la limite du village, devant un horizon lointain et une lune déclinante. Je somnolais, me sentais effacé, et comme en rêve, j’entendis des pas dans mon dos ; la personne se mit à mon niveau, soupira de tout son corps, les mains sur la taille.

« J’aime bien regarder le paysage. Ça me rassure. » me dit-il.

Au soir, le désert neutre est une mer blanche.

« Passe-moi une clope, s’il te plaît. »

Je lui passai et l’allumai avec mon briquet. Il couvrit la flamme à la bise capricieuse, et la lumière rouge du bout de sa bouche éclaira ses traits jeunes et conquérants. Le fanfaron, à table… Ari, 19 ans. Et si j’avais allumé sa cigarette avec un claquement de doigt ? Je songeai qu’il aurait ri, sans doute.
Appuyé sur la dernière maison du village, de haut, moi avec lui dévisagions ce visage pâle du désert immense. Il expirait des nuées brumeuses qui se confondaient dans le noir du ciel brillant, un sourire plissé étira ses traits burinés et il me regarda comme pour dire : Hé, tu vois c’est pas si mal.

Il me donna un coup léger sur l’épaule, et je ris pour la forme, pour le convaincre sans peine que ce désert était une contemplation sereine devant mon âme troublée. Mais, les
crevasses et les erreurs de ma vie, je ne pouvais les effacer de ma face, comme l’errance de mes yeux. Peut-être était-ce pour ça, que son regard, tendu et pesant, se posait ainsi sur moi. Et à la lenteur dont il le releva, je devinai le garçon hautain. Je songeais sans respirer que j’aurais bien du, l’allumer sa cigarette, avec un claquement de doigt : il aurait eu peur. Devant ce fantôme du désert qu’il prenait de haut.

« - Bon, je rentrais, mais on n’a qu’à retourner à la fête. Je t’invite : tu viens ? lança-t-il.
- Non, merci.
- Allez… Tu verras, y a tout le monde, t’en as besoin après tout. »

Et là je ris, sèchement et longuement. Je décrochai ma cigarette de mes dents serrées, me redressai, et du dos de la main, frappai sa poitrine :

« Va-t-en. »

Il attendit, sourit, et partit dans la rue déserte, me laissant roi de la nuit.

***

Quand je rentrai chez-moi, les bougies étaient allumées encore. J’en avais vu la lumière à travers les volets. La porte fermée, je n’appelais pas, certain que maman dormait. Me tenant là, dans mon vestibule transi par le vent levé, je ressentis tout mon être se déverser à terre ; le vide, sous l’accalmie soudaine. Calme infidèle.

Je rentrai dans le salon, et surpris, vis ma mère endormie sur la table. Plus encore me surprirent les parchemins étendus sous, à côté d’elle, à la lumière d’une flamme vacillante dessus la cire liquéfiée. J’enlevai mon écharpe, et la posant, doucement, me penchai sur son dos, son souffle régulier. Les lettres noires s’étalaient sans fin, tassées sur un vieux vélin : je ne comprenais pas, regardai l’épître. Et soudain, le sens de chaque phrase m’apparut ; je me sentis défaillir. Mes poings serrés blanchissaient à la lumière jaune, tandis que doucement, mon âme pliait sous mes genoux, mes jambes frileuses. Rapidement, je voulus poser une main ardente sur son dos voûté, mais me retins, poussai l’encrier au loin, et retirai lentement le parchemin de sous son coude.

Je crus mourir. Interdit, il se consuma entre mes doigts. Le feu le rongea comme s’il fut s’agit d’air, les étincelles à peine venues s’envolaient, et le silence absolu qui m’envahit grippait aussi un froid sidéral. Je finis les derniers morceaux sur le sol de pierre, sous ma botte, débarrassai le reste de la table tandis que, frénétique, je frottai cette main que je ne sentais plus contre ma chemise. J’arrêtai de respirer. Quand on ne respire pas, le cœur se suspend.
Enfin, je posai une main tremblante sur son dos, crus que le feu dans ma paume allait dévorer sa tunique grossière.

« Maman ? Maman, réveille-toi, s’il te plaît. »

Quoi ? Comment ? Nero… Je la pris éperdu, l’embrassant comme avant, et, peut-être en son réveil égaré, elle me serra dans ses bras. Elle voulut se lever, et s’effondra, je la tins d’une poigne ferme et la transportai jusque sa chambre, à l’étage. Elle était légère, ce n’était pas difficile.

« - Il fait chaud, fit-elle, alors que je franchissais le palier.
Je la posai sur le lit :
- Je sais, dis-je. »

J’allumai la chandelle avec mon briquet, et soudain, me tournant vers elle, je remarquai ses yeux grands ouverts, bleus et clairs comme ils ne l’avaient plus été depuis des siècles. Nous nous regardâmes, et je songeai avec un calme étrange, que nos regards encore une fois se confondaient. Nous étions pris d’une pitié pieuse l’un devant l’autre. Pouvait-on, me demandai-je comme souvent, pouvait-on changer la donne, et un matin balayer
d’un regard les plaines de sa vie, et réparer ? Le destin fatal est-il si assidu à nous poursuivre jusqu’au plus profond du désert indifférent ? Mais, répondis-je, maintenant, tu es chez-toi. Je réalisai, que le silence - pourtant amant de ma faiblesse - que ce silence, je ne le savais pas. Les mots m’étaient ôtés de la bouche, mais ils s’échappaient dans l’air comme des chimères lointaines et cauchemardesques.
Si à ce moment, le désert m’avais murmuré que leur hantise n’allait pas s’achever, et que les illusions obscurcissaient ma vue : je l’aurai ignoré. Je l’ignorai.

Assis sur la chaise, je demandai : ça va ? Elle hocha la tête. Ses yeux restaient désespérément ouverts. Les larmes commencèrent de couler.

« - Nero, dit-elle. Je te regarde, tu comprends ? Je te regarde à présent, comme tu as toujours voulu que je te regarde… Enfin !... lâcha-t-elle après un moment.
- Je vois ça, fis-je avec un sourire. »

Ma mère est une femme forte, je le savais, je l’ai oublié. Elle sécha sans hâte les joues rudes de son visage anguleux.

« Approche, mon fils, réchauffe-moi. »

Je vins à son côté, passai un bras autour de ses épaules presque figées. Nous attendîmes un peu comme cela. Mais le trouble latent était encore à la porte, et cela, je ne le supportais pas. Indigné, je dis : je ne te souffrirai plus sous mon toit.

« - Il faut me dire, Maman. Il faut me dire…
Elle se crispa légèrement.
- Oui, j’ai beaucoup de choses à te dire. Mais, mon fils, ne t’inquiète plus. Apaise-toi, ajouta-t-elle. J’ai discerné la vérité. Ah… soupira-t-elle. Il est temps pour moi de me reprendre. Tant de temps perdu. Et…
Elle se troubla, eut un sursaut, mais revint sensiblement.
- Je me souviens, fit-elle sans appel. Je me suis endormie ; j’ai cru que c’était la fin… Apporte-moi, s’il te plaît, la lettre que j’ai écrite… Je voudrais la…
- Elle n’est plus.
Sa voix sèche et grondante revenait en elle. Je songeai en frissonnant que, quelque part, ça aurait dû être le contraire : il ne me serait resté que l’adieu de la lettre tandis que ma mère ne serait plus. Si elle ne s’était endormie…
- Pardonne-moi, dit-elle.
- Je ne peux pas te le refuser. Je n’ai pas de haine.
Elle rit, mais l’amertume qui roula dans sa gorge était manifeste.
- Le feu dans tes veines te fera connaître la haine.
À mon tour, je me crispai. J’étais intimement convaincu que c’était cela, qui depuis ces années sans nombre, nous séparait. On n’en avait jamais parlé franchement.
- Oh, fit-elle en mettant une main sur ma nuque. Nous y arriverons, mon garçon, mon Nero. »

Ce soir, dans ma vie, fut le plus beau. Le plus bref et le plus mémorable.
Simplement, j’aurai apprécié m’attendre à ce que le jour, qui se leva sous mes yeux, ce matin là, me réservait. Mais peut-être, aurai-je autant souffert.

***


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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeSam 2 Jan - 13:45

1er janvier : 8h

« - Non. Pas de lettre au nom de Hiems. Désolé.
- Regardez pour Ash, alors.
- C’est possible, je pense…
- Nero ? cria-t-on derrière moi. Nero, il faut que tu rentres chez toi… Je… y’a ta mère qui… »

Un moment je regardai, déconcerté, Baptiste qui avait surgi dans le hall de la maison doyenne, et puis je courus. Le messager, avec son sac de lettres, me laissa disparaître. Je débouchai dans la rue principale, et agité, bousculai un groupe de personnes, accélérai. J’étais intimement convaincu qu’il n’y avait rien. Peut-être un accident. Mais le visage de
Baptiste…
Il y avait une marée, au pied de ma maison, une marée brune et beige que je fendis comme un titan. Je heurtai les dos, bousculai les épaules qui enfin, délivraient le passage à mon avancée. Mais sous leurs regards étonnés, je croyais exploser. Je voyais la porte
ouverte, les volets mornes… et en rentrant chez moi, j’appelai.
Ils se dressèrent tous d’un coup, la gravité de leur trouble s’installant dans un silence dérobé aux limbes.

« Où est-elle ? »

Le médecin du village se redressa à son tour, et d’un ton neutre, me présenta ses condoléances. Derrière lui, je voyais un corps malingre étendu à terre. Je n’y crus pas, éclatai d’une colère noire, le poussai du cadavre encore tiède de ma mère. Son visage, je me souviens, paraissait tranquille ; mes yeux, errèrent de cette expression inconnue, jusqu’aux escaliers aux pieds desquels elle était endormie. Endormie pour le reste de ma
vie. Je pleurai, criai à ces hommes repentants d’une existence d’absence, et de mépris, de ne plus paraître ici. Le médecin, je dus le prendre au col, comme un cabot, pour pouvoir lui claquer la porte au nez.
Ah Silence, Silence de ma vie qui caresse mon échine d’un touché glacé…

La vérité, lentement m’apparut sur le visage de cette mère paisible, tandis qu’absent je demeurai assis sur ma chaise. Mon absence auprès d’elle. Elle m’apparut, soudain, en un murmure doucereux. Et je sus. Que tout était prévisible, et cela, en fait, était logique. Aurai-je dû remarquer, sa faiblesse croissante, la légèreté, que j’avais ressentie en la tenant dans mes bras, ou sa rareté aux fêtes… Qu’elle s’était endormie sur son testament… ! Oh, dieux m’étais-je dit : Que n’ai-je vu, que n’ai-je écouté ?... Mais, ironiquement, si elle n’avait été malade, me susurra le désert, ce soir là, elle serait morte au coin de la table, et ce qu’elle me dit dans une lucidité si difficilement retrouvée, je ne l’aurais jamais su. Alors, je me permis de pleurer sur son front, car je ne savais encore rien. Cette nuit là, elle ne m’avait rien dit. J’aurais dû tout apprendre aujourd’hui.

Vide se courbant sur mon épaule, Silence m’enlaçant doucement, dîtes-moi, vous connaissiez-vous bien, pour me faire souffrir ainsi toute ma vie, puis, gentiment, vous inviter au matin d’une douleur véritable ? Dîtes, fières stupidités de l’adolescence et de l’amour perdu, saviez-vous, qu’on puisse avoir mal comme ça ? Et toi, Solitude qui m’efface, attends-tu que disparaisse d’ici pour venir te montrer à mon âme agitée ?... Le désert m’a rattrapé dans ma fuite éperdue. Il est venu balayer les steppes de mes espoirs jusque sous mon toit.

Je songeais alors aux papiers sur la table, tous ces parchemins qui avaient formé des bouquets à son front flétri. Je songeais, que peut-être, j’y apprendrai la vérité. Je me levai, décidé à les récupérer dans le meuble de la cuisine, mais soudain, j’entendis :

« Il pourrait faire une bêtise ! »

Ils défoncèrent ma porte dans le fracas d’une armée, et grands comme colossaux, se ruèrent sur moi en me saisissant les bras, les épaules, tel un animal blessé. Ils tirèrent, luttèrent, et mes cris rageurs les firent me lâcher dans mon entrée.

« Je sortirai seul ! » crachai-je, haletant. Dans la débâcle, leurs mains me laissèrent, mais arrivant dehors sous le soleil éclatant, les yeux lourds de ce cercle noir, je réalisai le visage que je devais avoir. Un animal blessé. Une main m’agrippa le bras, et dans ce rush mauvais qui m’avait arraché à ma maison, je reconnus Ari.
Je me dégageai.

« - Calme-toi Nero, fit-il en levant les mains. Calme-toi, ils veulent juste que tu ne fasses pas quelque chose de regrettable…
- Rien à craindre, répondis-je en m’écartant. Garçon condescendant.
- Oui, c’est ça… C’était un accident, Nero. Vraiment, pas besoin de… »

Il était prêt à me saisir de nouveau, et je frappai son visage. Il se releva dans la poussière, et me heurta avec tant de force que nous roulâmes à terre. Des nuages jaunes voletèrent autour de ma tête plaquée au sol par sa main immense, il donna un coup puissant qui me fit cracher du sang. Je me dégageai, me relevai, lui fis face ; il frappa et je le cognai dans le flanc. Il gronda, me prit avec un regard hurlant et sa main, sa main de rapace enserrant mon bras, j’explosai. Le feu jaillit comme une bourrasque de vent, m’auréolant d’une clarté sombre, aussi soudain qu’un éclair, fulgurant et dont le bruit roule dans le paysage. Ce bruit profond qui émerge après la lumière, et dispute la peur à la nuit retombée. Il vola au loin, devint une forme sale devant la foule. L’expression figée de son visage me rappela violemment que nous avions discuté, hier soir.

Alors, l’horreur se propagea dans le silence, soudain que les murmures s’élevaient en caressant Ari, noir et crasseux à leurs pieds. Les pleurs et les poings levés me surprirent, comme si je fus revenu d’un voyage lointain.

Quand ils m’attrapèrent les cheveux, emprisonnaient mes bras : je les laissai, aveuglé.


***


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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeSam 2 Jan - 13:51

1er janvier : 12h

« - Laissez-moi le voir, j’ai l’autorisation de ma mère la doyenne.
- Je vérifie, simplement, vous comprenez, Lyn, qu’il est étroitement surveillé.
- Je ne crains rien. »

Ils murmuraient, et circonspect, je les regardais de derrière les barreaux. Une prison raisonnable pour un village qui n’avait rien à redouter, juste deux cachots, devant le bureau d’un fonctionnaire, surveillés par deux gardes en faction à l’entrée. Les fenêtres minuscules suggéraient un soleil écrasant.

Quand elle fut devant moi, nous nous considérâmes, et debout face à elle, la frôlant, je réalisai pourtant que je ne pouvais la toucher. Ses yeux troublés dévoraient son visage pâle et superbe.

« - Tu n’étais pas là, ce matin, lui dis-je.
- Je dormais.
Elle garda le silence, respirait difficilement.
- Je suis désolée Nero, vraiment désolée, dit-elle doucement.
- Nous n’étions pas très proches. Elle avait l’air en paix dans la mort.
- Nero… soupira-t-elle. »

J’avais tant, envie de discerner ce que ces airs hagards, cette bouche entrouverte pour des demi-paroles, avaient de commun avec la Lyn de mon enfance. Elle rit sourdement, et relevant son regard, figea une froideur de sculpture sur sa face, malgré la détresse humide de ses yeux. Son vague sourire se décomposa :

« - Nero, ils sont en train de discuter de ton bannissement.
- Ari n’est pas mort, lui. Ils ne peuvent me bannir parce que j’ai cédé, une fois, à la colère.
- Ari a porté plainte, et puis… (elle sembla se reprendre). Ils ne te laisseront pas rester. »

Elle ne rajouta rien, mais c’était dit. Croyait-elle que j’ignorais la honte qu’ils n’avaient pas, à préférer la capture du monstre de différence que j’étais, aux scrupules dus au deuil ? Cela, je le savais, et elle aussi.

« - J’ai reçu une lettre, dit-elle alors, et je tiquai.
- J’avais oublié.
- Oui… Tiens. »

Je la lus, et ce que j’y vis me fit défaillir.

« - Elle ne viendra pas ?
- Non. Elle ne peut pas.
- Elle demande d’attendre…
- Oui !... (son ton me surprit). Mais ce matin, le messager a remis sa lettre en mains propres. Tu comprends ? Ma mère, a ouvert la lettre ; le messager lui a dit qu’il avait apprit, pour toi, qu’il tenait à la donner directement… Alors elle a su. Et Junie, tu sais, Junie comme elle est. Tu as vu combien il y a d’encouragements…
- Et ? lâchai-je. »

J’attrapai un barreau, et serrai.

« - Elle a dit : Ce garçon est un démon.
- Rien que ça, murmurai-je. Lyn, ne pars pas, on peut trouver une solution…
- … Elle a convoqué tout le monde, et ils délibèrent sur ton départ. Elle a reçu beaucoup d’approbation.
- Et ? dus-je encore demander, devant son repli.
Elle me regarda très franchement.
- Elle a avancé la date du mariage, ce sera dans cinq jours. Ce matin… Ce matin, il est arrivé. Je l’ai rencontré : ce n’est pas un mauvais bougre… »

Soudain, je réalisai quelque chose d’important, de capital. Elle ne voulait pas se battre. Cette petite personne, tremblante devant moi, restait ; tandis que depuis longtemps, Lyn était partie. Je ne l’ai pas vue changer. Je ne l’ai pas écoutée. Et cela, je l’avais deviné à sa voix.
Et le désert, désert cruel, me murmura : tu savais. Peut-être est-ce pour ça que j’avais tant espéré que Junie vienne, qu’elle l’entraîne, qu’elle l’enlève. Mais elle n’est pas venue, comme si je jour s’était levé sans soleil. Alors Lyn s’était résignée. Hier soir, je ne l’ai pas convaincue.
On peut fuir, aurai-je aimé lui dire, on peut fuir…
Les mots se dérobèrent à ma bouche, et je restai là, silencieux et vide.

« Au-revoir Nero. Au-revoir, tu partiras bientôt. Au fond, tu l’as toujours voulu. »

Et elle me laissa.
Je reculai jusqu’au mur du fond, me laissai tomber. Je songeais à ces jours lointains de notre rencontre, comme nous nous étions compris ! Elle et moi étions différents, tout autant : elle, l’eau et moi, le feu. Différents d’eux. Et pourtant, je suis seul dans ce cachot, pourquoi ? Je songeais, à mère enterrée dans ce désert indifférent, que ce matin elle était tombée dans les escaliers parce que quelqu’un voulait lui souhaiter bonne année. Je songeais que toute ma vie, bâtie sur des chimères et le profil des dunes, avait péri. Et ainsi je me sentis effacé…

Le garde assis à son bureau sursauta, regarda un moment, puis, étant bien sûr que j’étais là, m’ignora.


***


En usant de mon pouvoir secret d’invisibilité, je finis par m’échapper à la nuit tombée. Plus tôt, on m’avait annoncé ma sentence : je devrais partir du village. Mais j’avais une dernière chose à faire. Je retournai chez moi, m’arrêtant de respirer, et sortis tous les parchemins du meuble de la cuisine. Fébrile, je les ouvris pour découvrir cette vérité qui me manquait tant, et sur laquelle, peut-être, je saurai poser ma vie.
Ils étaient vierges. Tous.
Alors, je préparai mes affaires, pris l’épée de mon père défunt, et partit à dos de cheval. L’errance commença, et seul pour de vrai, affrontai le jugement terrible de cette Solitude au sein du désert neutre. Je fus ramassé, balloté, acheminé. Et enfin, je terminai en ville.

Depuis, j’ai vécu. De 17 ans je suis passé à 20, ai travaillé, combattu, souffert, mais je suis déterminé à comprendre ce que je suis, et peut-être un jour, maîtriser le Feu qui m’a choisi. Le pouvoir est resté en réserve dans mon âme, je ne m’en sers pas, ne crois pas être capable de m’en servir.

Voilà, Junie, ce qui est advenu de ton ami. Si je t’ai envoyé ce journal, ce n’est que pour t’apporter une vérité, et t’apaiser, si encore tu ne ressens pas de paix à penser à moi.

Un jour, je viendrai te voir. Un jour, je serai digne de me présenter devant toi, devant ta joie.

Sois heureuse.

Nero
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Aetherna Ananké

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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeLun 4 Jan - 13:06

Bienvenue parmi nous \o
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Azure d'Otian
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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeMar 5 Jan - 20:49

Bienvenue =)
Je te valide ^^
Bon rp sur Erade
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Nero Hiems

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Nero Hiems (Finie) _
MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeMar 5 Jan - 22:18

Merci !
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Helianna Von Aqual
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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitimeMer 6 Jan - 15:30

    Bienvenue parmi nous !

    Le forum étant en pleine réactualisation, il y a quelques petites choses que tu doit savoir.

    La race des élémentals va être absorbé par celle des magiciens sorciers. Tu pourra toujours maitriser l'élément du feu, mais les élémentalistes (nom provisoire de la classe qui remplacera les élémentals) ne maitriserons plus tout les éléments a haut niveau.

    De plus, il n'aurons plus le pouvoir de vision de l'avenir, réservé a la classe de prophète Elfe du Temps ainsi qu'à quelques PV disposant de ce don dans les autres races. Donc tu ne pourra l'utiliser sur le forum.

    Je te remercie de ta compréhension et te souhaite un bon RP parmi nous ! Pour toutes questions, ma boite a MP reste ouverte.
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MessageSujet: Re: Nero Hiems (Finie)   Nero Hiems (Finie) Icon_minitime

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