2500 ans. Une existence bien longue dont les souvenirs les plus éloignés ne s'estompent pourtant pas dans la mémoire de l'Elue. Car elle se souvient de chacune des actions qui l'ont conduite à la place qu'elle occupe à présent, chacune dictée par le seul véritable Dieu, Slaanesh.
Peut-être serait-il bon de vous épargner sa naissance et son enfance parmi les elfes de la pénombre ce qui en comparaison de la totalité de son histoire pourrait paraître une bagatelle... cependant, Fulgrim ne serait pas ce qu'elle est si cette partie de son passé n'avait pas existé.

De noble lignage, Fulgrim, déjà avait eu une apparence des plus charmantes et les flatteries incessantes que l'on lui faisait à ce sujet avaient été à la base de sa trop grande vanité et de son mépris du laid et du difforme.
Fort heureusement, ces deux dernières caractéristiques étaient peu courantes chez les elfes. Plus que vaniteuse, elle était narcissique toujours à la recherche de la perfection, la sienne avant toutes les autres.

Chaque matin, c'était un véritable cérémonial de coiffure et d'habillage pour être la plus exquise possible aux yeux des autres et attiser les jalousies de ses semblables féminines dont elle se réjouissait. C'étaient des heures et des heures de travail pour apprendre à marcher convenablement et à se tenir avec une grâce faussement naturelle.
A l'inverse de ce que vous pourriez croire, la jeune noble qu'elle était ne se satisfaisait cependant pas de sa richesse et de sa beauté et cherchait déjà à s'approprier le plus de connaissance possible. Il n'était pas rare que sa famille accueille à sa table des personnages venus de tous les coins des royaumes qui attisaient sa curiosité avec des histoires venues des terres étrangères. Oui, déjà à cette époque, la jeune fille avait eu soif d'aventure.

Le père de Fulgrim était un noble, général ambitieux à la tête d'une petite légion de soldats avides de sang et de chair. Il avait bien compris que pour avoir le respect de ses hommes et les motiver au combat il était important de satisfaire leurs désirs quels qu'ils soient les veilles de batailles et il était lui-même le grand investigateur de soirées dans sa propre demeure où se rejoignaient soudards voraces et jeunes femmes ramassées on ne savait où qui avaient pour mission de satisfaire leurs exigences les plus intrigantes. Fulgrim n'avait donc jamais été surprise de cette abondance de débauche dans sa maison bien que personne ne l'eut encore jamais touchée, sa mère y ayant veillée personnellement.

Cette dernière était d'un très haut lignage mais la richesse de sa famille avait cependant commencée à décliner avec les siècles. Au final, ses propres parents, les grands-parents maternels de Fulgrim, avaient arrangé un mariage avec une famille de riches nobles de moindre statut. C'était ainsi que la jeune elfe de bonne famille s'était retrouvée à partager la couche d'un noble guerrier dont la brutalité était plus que légendaire. Refusant que leur fille subisse la mauvaise influence de son époux, elle veillait à ce que cette dernière demeure bien à l'abri des rustres amis du général, principalement lors de leurs orgies.

Pourtant, il est des actions que même la plus vigilante des mères ne peut éviter. Et un soir de débauche, Fulgrim était finalement sortie de ses appartements, tenaillée par une faim impérieuse et une étrange chaleur dans son bas-ventre face aux rires gras et aux cris, d'agonie comme de plaisir, qu'elle entendait malgré l'épaisseur des cloisons qui séparaient sa chambre du lieu où son père et ses hommes s'adonnaient à leur plaisir.

Et elle avait marché entre les centaines de corps nus qui ondulaient sur les fauteuils et à même le sol recouvert de tapis, elle avait frôlé leur peau et s'était emplie de leurs gémissements en sentant une ivresse démesurée l'envahir. Jamais elle ne s'était sentie aussi vivante.
De ses yeux avides de curiosité, elle avait observé les mouvements de ses hommes, leurs actions si différentes qui faisaient crier de plaisir certaines femmes alors que d'autres les ruaient de coups pour échapper à leurs étreintes violentes et passionnées.

Et quelque chose s'était accroché à sa cheville en la faisant sursauter et avait remonté le long de sa jambe en s'insinuant sous sa robe. Et Fulgrim s'était laissée aller, elle avait rapidement rejoint les hommes par terre et sa robe lui avait paru incroyablement déplacée au milieu de toute cette nudité. Elle s'était alors laissé couvrir de baiser sur tout son corps, s'abandonnant complètement à sa soif d'enivrement et avait répondu à ces attentions qu'on lui portait. Elle avait subi sans rechigner les étreintes des divers hommes et femmes, tendres ou brusques, trouvant à chacune d'entre elles un plaisir différent,
appréciant la douceur tout autant que la violence qui avait également un goût plaisant.

Après cette nuit-là, elle avait rejoint les orgies de son père chaque fois que celui-ci avait eu le bon goût d'en donner et en retira par la suite une passion de la stratégie. En effet, elle lia des « amitiés » avec certains officiers qui lui montrèrent les plans de leurs campagnes et commencèrent à instiller en elle des notions de raisonnement et de tactiques stratégiques qui éveillèrent sa curiosité aiguisée.
Rapidement, sa passion pour le sexe attisa une passion pour la réflexion et elle se plongea dans l'étude de la guerre sans pour autant négliger son éréthisme premier. Elle fut une élève appliquée en ce qui concernait ces deux matières.

Et elle avait haït sa mère.
Comment avait-elle pu la priver d'un tel plaisir, d'une telle perfection durant tous ces siècles ?! Comment cette frigide vieille femme acariâtre avait-elle pu la tenir à l'écart de tout ce qui faisait d'elle une personne vivante ?! Alors elle s'était éloignée de cette dernière en trouvant un nouveau modèle en la personne de son père.

Fulgrim avait bien retenu la leçon, elle n'avait pas l'intention de finir par être le premier prix d'un mariage forcé et le meilleur moyen pour éviter cela était d'être suffisamment puissante pour dicter elle-même les règles du jeu. Il lui fallait du pouvoir et pour cela, s'attirer les faveurs des gens hauts placés.

Ce fut alors un nouveau tournant dans la vie de la jeune elfe. Des années d'intrigues et de manipulations savamment orchestrées pour se tisser toute une toile de relations plus étroites les unes que les autres. Un enchevêtrements de personnes qui lui étaient redevables d'une manière ou d'une autre.

Et puis il y avait eu le noble Celerandel, l'obstacle sur son chemin. Un elfe qui, selon les dires – mais cela paraissait dur à croire – avait autrefois été beau mais qui n'était plus qu'un être difforme aux cicatrices purulentes que lui avaient laissées d'anciennes batailles.

Celerandel avait en sa possession des informations vitales pour Fulgrim si elle souhaitait s'élever dans la hiérarchie et s'y faire une place de choix. Si Fulgrim n'avait pas hésité une seconde à se donner corps et âmes à ses autres relations pour obtenir ce qu'elle voulait d'eux, il lui était impensable d'entretenir la moindre relation avec un être aussi laid. Son corps autant que sa vanité se révulsaient à cette idée.
Alors elle avait réfléchi des semaines, jugeant insupportable d'être tenue en échec si prêt du but. Elle avait réuni toutes les informations sur Celerandel qu'elle avait pu obtenir pour au final trouver la faille : les paris.

Le noble était un joueur invétéré, perdant ou gagnant des sommes colossales dans de stupides paris sur des combattants. Fulgrim sut parfaitement tirer parti de cette information.
Elle passa un marché avec Celerandel, un pari en réalité; ils miseraient chacun sur un gladiateur, si elle perdait, elle accepterait de s'offrir à lui et il lui donnerait les informations dont elle avait besoin, en revanche, si elle gagnait, elle obtiendrait ces mêmes informations sans rien en retour. Dans les deux cas, Fulgrim serait gagnante mais un cas l'humilierait ce qui lui laisserait un goût amer.

Évidemment, le noble était tombé dans le panneau sans comprendre que Fulgrim ne laisserait pas le hasard décidé de son corps et de son avenir. Non, la jeune femme était loin d'être stupide et s'était faite de très bonnes relations auprès des mercenaires de son père qui furent ravis de pouvoir lui donner leurs meilleurs pronostiques en échange de ses performances au lit.

Lucius. Le nom de celui sur lequel elle avait tout misé. Elle ne le connaissait pas, ne l'avait même jamais vu combattre et pourtant, sans même le savoir il avait tenu entre ses mains un bout de son destin. Elle n'avait jamais mis les pieds dans une arène auparavant. C'était le lieu de prédilection des hommes, un endroit qui sentait le sang et la sueur, transpirant la virilité, suintant des hurlements de joie ou de menaces de morts du public. Fulgrim s'y sentit tout de suite très à l'aise. D'une certaine façon ça n'était pas si différent des soirs d'orgies à la maison...les femmes en moins.
Elle attira immédiatement sur elle le regard des gens, non pas à cause de sa beauté - d'autant plus valorisée par la laideur du noble qui l'accompagnait - mais parce que les femmes évitaient habituellement cet endroit comme la peste si elles n'étaient pas de farouches guerrières.

Durant tous les combats, Fulgrim se désintéressa totalement des personnes qui cherchaient à lui faire la conversation ou même des combats qui se déroulaient devant elle. Toute son attention avait été concentrée dans ce lieu, cette foule beuglante et puant la luxure et le vice.

Et puis Lucius était entré dans l'arène et plus rien d'autre n'avait compté pour elle que sa présence. Ses yeux verts s'étaient posés sur lui et ne s'étaient alors plus détachés de sa silhouette. Toute son attention, sa concentration, son âme, avaient été focalisées sur lui.
Autour d'elle, les gens s'étaient levés pour continuer de brailler des encouragements ponctués des injures les plus grossières qu'elle eut jamais entendu et elle était restée assise, silencieuse, les mains croisées sur ses genoux, le dos et le port de tête bien droit, figure de noblesse dans cette horde de sauvageons. Extérieurement, elle portait à merveille son masque de noblesse intouchable, intérieurement, son cœur battait violemment dans sa poitrine à chaque action, à chaque entaille et elle se faisait violence pour ne pas hurler des encouragements avec la foule.

Et Lucius avait vaincu. Elle ne s'était accordé qu'un demi-sourire de satisfaction avant de se tourner vers Celerandel qui avait sembler blanchir au fur et à mesure du combat. Elle avait tout gagné.

Par la suite, Fulgrim était venue chaque jour s'asseoir dans la tribune d'honneur de l'arène à regarder Lucius, à parier sur lui, plus pour l'encourager à poursuivre dans sa voie que pour augmenter sa propre fortune déjà colossale. Elle fit de lui son champion, celui sur lequel elle misait souvent des sommes exorbitantes en faisant par-là même monter sa côte de popularité auprès des autres parieurs.
Parfois, leurs regards se croisaient mais elle ne fit jamais aucun geste pour créer une rencontre ou pour l'inciter à espérer quelque chose d'elle. Cela viendrait bien plus tard.

Fulgrim ne sut jamais comment elle attira l'attention du plus jeune des Dieux du Chaos, Slaanesh. Peut être que sa détermination a atteindre la perfection, ses excès faciles ou son acharnement à atteindre les hautes sphères par la manipulation en furent à l'origine ? Qui sait ?

Quoiqu'il en soit, elle devint une Elue, celle qui serait à même d'être sa représentante parmi les mortels.
L'Honneur Suprême. Fulgrim devint donc Prince(sse) des démons, tombant à genoux devant la puissance du Dieu, ne pouvant que le remercier humblement des dons qu'il lui avait accordé et lui jurant une allégeance sans faille, promettant de défendre et d'ériger un culte à sa gloire.

Pour la première fois de son existence, et pour le restant de sa vie, Fulgrim accepta de ne pas vivre pour elle-même mais pour son Dieu, lui vouant une passion sans équivalence, prête à se soumettre à tous ses désirs et à répandre son nom sur toute la surface d'Erade.

C'est ainsi que dotée d'une toute nouvelle apparence physique dont les cheveux blonds l'éloignaient définitivement des elfes de la pénombre elle commença à recruter des démons en hommage au tout puissant Slaanesh, formant les prémices de la légion des Emperor's Children.

Sa rencontre avec Râ avait été déterminante et elle accepta de le servir, lui et Anémonius sous les augures de Slaanesh en entraînant avec elle sa légion.
Des murmures raconteraient par la suite qu'elle aurait été l'amante de ces deux illustres personnages et elle ne démentit ni n'affirma jamais la rumeur, s'amusant de la réputation qu'on lui forgeait et du surnom qu'on lui attribuait : la Maîtresse des Plaisirs.

Les batailles l'aguerrirent rapidement et bien qu'elle ne brillait pas par sa force ni sa magie, ses plans minutieux conçus avec le plus grand soin firent d'elle une ennemi redoutée.
Recruter des hommes en vantant les principes d'une sexualité libérée de toute entrave lui avait valu un grand succès parmi ses guerriers. Leur laissant le loisir de piller et violenter ceux qu'ils trouvaient à la fin d'une bataille, encourageant leur recherche des sensations extrêmes elle demeurait une personne très appréciée de ses troupes, principalement parce qu'elle ne manquait pas de donner de sa personne... dans tous les sens du terme.

Cependant, ils manquaient à ces hommes l'esprit calculateur qui caractérisait si bien le Dieu et Fulgrim comprit qu'il faudrait les exercer à atteindre la perfection. Ils n 'étaient pas prêts et ses généraux se comportaient parfois d'une manière presque similaires à ceux de Khorne qu'elle méprisait pour sa bestialité sans raffinement. Les Emperor's Children n'en étaient qu'à leurs balbutiements et elle avait besoin d'un homme pour l'aider à discipliner et former ses troupes.
Alors Fulgrim, accompagnant Râ, retrouva son peuple de naissance pour lequel elle avait gardé un certain respect bien qu'elle méprisât tout à fait qu'ils ne jurent pas allégeance à Slaanesh.

Lucius, toujours Lucius.
Elle avait tout parié sur lui par le passé et il ne l'avait jamais déçu. Il était fort, puissant, respecté et craint pour ses exploits dans les arènes, exactement ce dont elle avait besoin.
Fulgrim avait alors invité Râ à assisté à un combat dans une arène qu'elle avait bien connu pour y avoir siéger des années auparavant. L'Elue n'avait pas besoin de Râ pour choisir un second mais elle appréciait son avis et elle avait suffisamment de sagesse pour entendre parler son expérience. Elle s'était assise dans sa loge habituelle, pour pouvoir observer Lucius, l'évaluant de ses grands yeux dorés, cherchant sans les trouver des failles dans sa défense ou les erreurs qu'il aurait pu faire, s'enivrant des regards que les spectateurs lui jetaient et de ces odeurs de sang et de sueur qu'elle aimait tant. Râ sembla satisfait par ce qu'il vit et n'attendit pas la fin du combat pour s'éclipser silencieusement, laissant Fulgrim seule auprès d'une elfe de la pénombre qu'elle avait elle-même choisi pour une tâche toute particulière.

Elle avait laissé entendre qu'elle souhaitait voir le jeune homme en privé et ce fut exactement ce qui se passa. Fulgrim laissa ses yeux errer quelques minutes sur Lucius dans un silence insoutenable avant de lui proposer une offre qu'il ne pourrait refuser. Elle lui offrait tout ce qu'un être pouvait être en mesure de vouloir en échange de ses services. Elle le voulait comme second de son armée, formateur de sa légion et en échange de ça, elle mettrait le monde à ses pieds.
Néanmoins, ses capacités de guerrier n'étaient pas suffisantes pour lui assurer le titre de Second, Fulgrim cherchait en Lucius le fanatisme qu'il pourrait éprouver pour leur cause, pour Slaanesh, le seul véritable Dieu en son esprit.

Elle lut la surprise dans les yeux de Lucius quand elle parla de le tester mais n'ajouta pas un mot de plus sur le sujet. Il comprendrait bien assez vite. Fulgrim quitta la loge en le laissant en compagnie de l'elfe à qui elle avait fait de chaudes recommandations. Satisfaire Lucius, lui apporter plus de plaisir qu'il n'en avait jamais connu pour qu'il suive les enseignements de Slaanesh et rejoigne les Emperor's Children ainsi qu'un compte-rendu des performances du guerrier dans un autre domaine que celui des armes voilà ce qu'avait ordonné Fulgrim à la jeune elfe. Elle voulait tout savoir de lui.

La jeune femme se réfugia dans les Terres Oubliées, savourant les joies que lui procuraient ses nombreux amants et continuant à vouer un culte grandissant à son Dieu. Lucius avait fait montre d'une volonté exceptionnelle à satisfaire le Dieu des plaisirs d'après ce qu'on disait et les jeunes filles n'étaient plus en sécurité même retranchées dans leurs maisonnées. Fulgrim s'enorgueillissait de ne pas s'être trompée à son sujet et de le voir si prompt à appliquer les principes de Slaanesh, à n'accepter que le plus beau, le meilleur. Il rendait son armée plus puissante de jour en jour mais elle continua à rester loin de lui là où elle aurait récompensé tous les autres en les prenant dans son lit.

C'était un jeu. Un jeu diaboliquement pervers où elle lui faisait miroiter le plaisir qu'il aurait pu avoir avec elle sans pour autant jamais l'inviter à la toucher. Elle ne céderait devant lui que lorsqu'il l'aurait mérité, lorsque Slaanesh l'aurait jugé digne de sa confiance. Fulgrim ne serait que la récompense du Dieu s'il servait bien ses desseins.
Mais plus le temps passait et plus elle devait avouer que Lucius dépassait de loin ses espérances les plus optimistes. Sa légion s'agrandissait, devenait puissante et il ne s'était jamais écarté du chemin de Slaanesh, c'était bien assez pour que brille dans ses yeux une pointe de respect lorsqu'elle posait son regard sur lui.

Vint le moment où Râ fit appel aux Emperor's Children lorsque la guerre approcha et où elle décida que Lucius était prêt et où elle lui donna le commandement de l'assaut. Elle-même étudiait prudemment le terrain et continuait à lier des relations étroites avec des membres influents de la suite de Râ, comme Horus son fils, ou Seth dont elle respectait l'intelligence plus que toute autre.

Le massacre des créatures chimériques engendrèrent la naissance des Immortels. Un dur combat attendait les Emperor's Children contre ces créatures qui portaient si bien leur nom. Fulgrim s'arracha les cheveux nuits après nuits pour trouver un moyen de mettre fin à leur existence en vain.
Détruire une armée ennemie n'était pas un problème, mais si les
morts se relevaient sans fin comment alors pouvoir les vaincre ? Le repli aurait été la chose la plus évidente à faire.
Fulgrim comme tous, n'aimait pas s'avouer vaincue mais elle était loin d'être stupide et s'acharner ainsi en voyant sa légion mourir un peu plus chaque jour sous les coups répétés d'ennemis invincibles était suicidaire.

Son seul réconfort en cette période troublée fut la reconnaissance de Slaanesh envers Lucius.
Il fallait bien l'avouer, celui-ci s'était démarqué dans les combats et avait fait prospérer le nom du Dieu et sa grandeur au-delà de l'imaginable. Enfin, il méritait le titre de Second de Slaanesh et somme toute, Fulgrim, tant par devoir que désir entretenu depuis des années, se devait de se donner à lui pour qu'ils honorent ensemble le plus grand des Dieux.

Elle le fit venir un soir dans sa tente dressée près du champ de bataille et fixa du regard sa nouvelle apparence avec envie. Doucement, elle avait délaissée l'armure de son Dieu qui recouvrait à peine son corps et s'était dévoilée nue à lui, l'appelant à elle pour leur première nuit auxquelles se succèderaient de nombreuses autres. Une nuit de plaisir dépassant toutes ses espérances.

D'une manière général, depuis qu'elle avait parié sur lui des siècles plus tôt, Lucius avait constamment surpris Fulgrim dans tous les domaines bien qu'elle se soit bien gardée de lui en faire part. Il avait été, et de loin, son meilleur amant et elle se surprenait à penser que Slaanesh n'était peut-être pas étranger à cela. Que pouvait faire une équation composée de deux êtres parfaits désignés par le plus parfait des dieux sinon un résultat tout aussi parfait ?

Pourtant, la guerre contre les Immortels était perdue d'avance. En tant qu'excellente stratège et après avoir étudié minutieusement durant des jours entiers des bataillons de cartes et ressassé les diverses techniques de guerre qu'elle connaissait, Fulgrim en était vite arrivée à cette conclusion. Chaque combat devenait une ignoble boucherie où des hommes tués se relevaient dans votre dos pour mieux vous poignarder.
L'Elue maudit mentalement bien souvent l'entêtement d'Ohrmazd qui la forçait à perdre de plus en plus de loyaux soldats aux profits des Immortels. Même les pertes subies par les légions des autres
Elus ne lui apporta pas le plaisir qu'elle escomptait puisque les
siens étaient tout autant massacrés.
A force de batailles perdues, et de retraites souvent plus poussées par la survie que par des ordres, les Emperor's Children se retrouvèrent à leur point de départ dans les Terres Oubliées et y demeurèrent après la mort d'Anémonius.

Contrairement aux autres élus, la guerre entre Kashra et le monde libre ne l'intéressait pas et elle préféra rester en retrait à soigner dans les Terres Oubliées les plaies béantes que la première guerre avait déjà faite au sein de ses troupes. A quoi bon s'élancer dans une guerre quand son armée était encore faible et vulnérable ? Non, la guerre contre les Immortels avait été une bonne leçon et Fulgrim avait jugé qu'il était plus intelligent de réfléchir à ce qui s'était mal passé pour éviter à nouveau l'humiliation que ses armées avaient subies. De même, durant la guerre, elle s'était éloignée du culte de Slaanesh et il était de bon ton de semer les graines du Dieu dans les Terres Oubliés en convertissant d'autres êtres et en se forgeant des relations pendant que les autres Elus étaient au loin à guerroyer, incapable de l'empêcher d'agir.

Lorsque Horus tua Râ, Fulgrim fut furieuse car elle connaissait l'elfe depuis une petite éternité déjà, il l'avait formé, et un respect profond et mutuel s'était installé entre eux au cours des années. A son goût, Horus n'avait pas la même trempe que Seth et ne méritait pas de régner à la place de son Père.

Cependant, le destin voulu qu'Horus imposa son règne sur les Terres Oubliés et en habile manipulatrice, elle changea donc de camp pour se rapprocher du souverain, lui rappelant les douces nuits qu'ils avaient partagés par le passé. Un lien avec Horus lui était plus utile qu'un lien avec Seth et elle n'était pas stupide au point de s'obstiner à soutenir un vaincu.

Ohrmazd avait perdu son champion et il était faible et elle se donna donc corps et âme (mais surtout corps ^^) pour l'affaiblir d'avantage, cherchant à accroître la puissance de son dieu, quitte à devoir en venir de temps en temps aux mains avec les autres Elus qui avaient les mêmes desseins.

Lorsque vint le temps de la Croisade Noire, Fulgrim pesta longtemps contre le manque de jugeote des World Eaters. Au lieu de chercher à maintenir leur position par des défenses solides ces imbéciles avaient tout simplement foncé dans le tas sans se préoccuper de quoi que ce soit d'autres et bien évidemment, l'armée du nouvel Anémonius n'avait pas tardé à les prendre en tenailles ! Fichus imbéciles !
Dans toute la subtilité de sa stratégie, Fulgrim avait poussé les Emperor's Children à maintenir leurs positions et à défendre chaque petit centimètre carré de terrain puis contre-attaqua face aux armées de Zacharia menant la bataille à une impasse, redoutable guerre d'usure où nul ne pouvait se distinguer sans mourir sous les assauts ennemis.
Les armées d'Anémonius étaient malheureusement bien plus puissantes en nombre que celles du Chaos et cette stratégie de guerre ne s'éternisa pas devant les pertes qu'elle engendra.

Au cœur du front, la Death Guard et les Thousand Sons, les deux rivaux de toujours, s'étaient rejoints et, malgré la pression de la guerre, avaient fait ressurgir leurs querelles millénaires. Mortarion sous l'influence de Nurgle décida de trahir le Chaos et coupa les lignes de renfort des Thousand Sons.

Diviser pour Conquérir. Il semblât que Zacharia ait user de cette adage en tout point, se servant de cette manœuvre pour briser le front par une attaque dévastatrice.

Fulgrim avait fulminé contre la stupidité de son collègue masculin et du dieu des maladies. Comment avait-il osé agir contre Magnus ?! Était-il donc impossible pour cet imbécile de comprendre où était son intérêt ?! Elle avait serré les poings de rage en jurant de faire payer à la Death Guard sa trahison qui, outre d'affaiblir les Thousand Sons mettait ses Emperor's Children en difficulté.
Angron aurait sûrement pu soutenir Fulgrim contre les assauts répétés des armées d'Anémonius sur les arrières de sa Légion mais leur rivalité fut la plus forte et il préféra la regarder se débattre contre leurs ennemis communs. Fulgrim avait su qu'Angron ne daignerait pas faire le moindre mouvement pour l'aider. Son intelligence brillant par son absence, lui non plus n'avait pu voir le bénéfice qu'ils auraient pu retirer d'une trêve. Lui et Mortarion faisaient vraiment une bonne paire d'imbéciles !

La contre-attaque des Thousand Sons et des Sons of Horus lui fut salutaire et déplaça le front suffisamment pour que les troupes de Fulgrim puissent respirer un peu. Malgré son fort désir de se retourner contre Angron pour son attitude déplorable lorsqu'elle était en difficulté, elle contint son caractère impulsif en sachant que rien de bon ne ressortirait si elle se mettait à agir comme les Elus de la Death Guard et des World Eater.

A force de batailles et de tueries, il devint évident que la victoire d'un des deux camps affaiblirait trop les Terres Oubliées pour qu'ils puissent se lancer à la conquête d'Erade. La division au sein des forces de l'est les affaiblissait plus qu'autre chose alors qu'il aurait été plus efficace de les réunir malgré leur différent pour conquérir les terres d'ouest.

Anémonius et Horus en vinrent également à cette conclusion mais leur fierté leur interdit cependant de travailler l'un pour l'autre, ce serait chacun de son côté. Ainsi se termina la Croisade Noire.

Même encore à présent, Fulgrim devait admettre que Lucila Anémonius avait jouer d'un coup de maître en faisant voler la pierre sacrée des Malarians par Jain Zar. L'Empereur Frantz n'avait pas hésité très longtemps avant de déclarer la guerre à l'est...exactement le prétexte qu'ils avaient tous attendu pour attaquer.
Suivant Horus au Nord, les Emperor's Children se lancèrent dans la bataille contre les Malarians, les sœurs de bataille et la garde impériale. Fulgrim s'était sentie suffisamment vengée en voyant Angron paniquer devant des femmes combattantes qu'il avait évidemment sous-estimé. Elle avait beaucoup rit en apprenant la mésaventure de son comparse, le tournant complètement en dérision auprès des Emperor's Children. Voilà donc ce que lui coûtait son impulsion meurtrière là où aurait dû se trouver un peu plus de réflexion !

Elle n'eut cependant pas le temps de se réjouir très longtemps car elle fut chargée par Horus de porter un coup décisif sur le moral des troupes ennemies en réglant son compte à leur leader, l'Empereur Frantz.
La bataille entre Kleitos et Zacharia permit à Fulgrim et sa légion de s'ouvrir facilement une route à travers les combats, Lucius en tête. La voie vers le Sud se dégageait progressivement à coups d'épée. La garde prétorienne de l'Empereur n'était qu'un obstacle et Fulgrim était décidée à obtenir la tête du souverain. Les Emperor's Children, menée d'une main de maître par Lucius, étaient particulièrement bien organisés et avait appris des erreurs d'Angron qu'ils ne commettraient pas eux-mêmes. Il était hors de question que Zacharia atteigne l'Empereur avant eux, Fulgrim ne l'aurait pas permis. Prête à toutes les sournoiseries pour réduire l'avance de son rival, elle mit au point divers stratagèmes pour cela, envisageant d'empoisonner l'eau de ses adversaires suffisamment pour les rendre malades ou de séduire les soldats pour les empêcher de combattre mais malgré la rumeur s'en abstint cependant, refusant de commettre une trahison similaire à celle de Mortarion lors de la Croisade Noire.

Ce fut finalement sur les hauteurs bordant la frontière entre Rugilian et Otian que les Emperor's Children croisèrent l'Empereur Frantz et sa garde la plus rapprochée. Fulgrim se joignit elle-même au combat avec sa garde personnelle et décapita proprement le souverain avec une joie délectable, narguant Zacharia qu'elle avait prit de vitesse et qui ne pouvait se permettre de l'attaquer directement.

Sigvad, le fils del'Empereur qu'elle venait de décapiter avait été banni par ce dernier et Fulgrim l'avait visiblement envoûté. Sûrement son physique ou le sang de son père qui avait giclé sur le visage angélique de la princesse n'avaient pas été innocents à la fascination qu'elle avait exercé sur lui. Quoiqu'il en soit, il avait voulu devenir membre des Emperor's Children et la princesse avait bien vu l'avantage qu'il pouvait y avoir à être entouré d'un héritier impérial. Tout dans ses manières, de sa vanité jusqu'à son cannibalisme qui repoussait les frontières les plus extrêmes en passant par son goût pour le sexe faible, faisait de lui un Elu du dieu de la perfection et il aurait été un véritable gâchis de trancher également sa tête à cause de sa filiation.

La mort de l'Empereur désorganisa complètement les armées inverses comme l'avaient pressentis Horus et Anémonius et elles durent donc faire une rapide retraite. Il semblait que la guerre était gagnée et Fulgrim en venait déjà à imaginer des plans pour assurer le pouvoir de Slaanesh sur les terres d'Erade et ôter la vie aux champions des autres dieux du chaos lorsqu'elle sentit quelque chose au fond d'elle qui la glaça d'effroi.
La magie n'était pas particulièrement puissante dans la princesse des démons et pourtant la fluctuation magique avait été tellement importante en elle qu'elle en avait tressailli de douleur, s'attirant la surprise des personnes non sensibles à la magie autour d'elle qui l'avaient vu se plier en deux, la respiration coupée. Anémonius le Noir, second du nom, était mort. Elle apprendrait plus tard le rôle qu'avait joué Erade dans cette terrible exécution.

Tout aussi affolés que l'avaient été les troupes de l'Ordre après la mort de l'Empereur Franz, les troupes du défunt Anémonius furent pourchassées sans relâche par le prince héritier alors qu'Horus sonnait une retraite salutaire pour ses armées du Chaos. Inutile de s'attarder en Erade lorsque le combat était déjà perdu. Il fallait savoir accepter sa défaite.

La nouvelle politique des terres de l'est et sa division en 4 pierres distinctes ne changea pas beaucoup la vision du monde de Fulgrim. De nouveau dans les Terres Oubliées, la jeune femme continua donc de rependre la bonne parole de Slaanesh durant les siècles qui suivirent, recrutant chaque jour de nouveaux adeptes, donnant des réceptions les plus charmantes qui soient se transformant en orgies gigantesques et continuant de jouer la candeur et l'innocence sous ses airs angéliques pour mieux duper ceux qui penseraient pouvoir la manipuler.

Après 1000 années passées dans la tranquillité des Terres Oubliées à regarder s'écouler inlassablement les années des mortels, à se plonger dans un tourbillon de délices plus délectables les uns que les autres, à s'entraîner quotidiennement au combat pour ne pas perdre la main durant cette période de calme, de nouveaux Anémonius pointèrent le bout de leur nez. Cela semblait devenir une habitude semblait-il et au début, cela n'impressionna pas vraiment Fulgrim. Pour elle, ce n'était qu'un autre arrogant prétentieux qui cherchait à revendiquer un trône qu'il ne méritait sûrement pas.
Pourtant, elle changea radicalement de point de vu face aux pouvoirs de Lucian et sa puissante armée. Il ne fallait pas réitérer les erreurs passées, peut-être était-il temps de changer les tactiques des Emperor's Children ? Les Sons of Horus ne seraient pas de trop face à un sorcier d'une telle envergure et même avec ce soutien, Fulgrim avait douté sur leur chance de victoire.

La mort d'Horus ne lui causa aucune peine bien qu'il eut été son amant depuis de longs siècles. Au contraire, elle s'en réjouit profondément, lui ayant toujours préféré Seth malgré toutes ces années et ayant été estomaquée par la manière profondément traitresse dont il avait causé la mort de Râ. Oui, depuis des années elle lui en avait voulu mais sa colère n'avait pas été incompatible avec le sexe et elle n'avait pas hésité à se donner à lui pour satisfaire ses besoins les plus empressés. Horus avait une fille, Praxedes et Fulgrim l'avait tout d'abord regardé d'un mauvais œil, ne supportant pas de ne pas être le centre d'attention de Lucius qui lui avait accordé une attention toute particulière. Finalement, elle avait fini par se satisfaire elle aussi de ce que la jeune femme apprenne à répondre aux exigences de son corps et se rapproche du culte de Slaanesh et elles étaient devenues proches autant qu'il l'était possible. Le fait que Praxedes prenne la tête des Légions du Chaos était selon Fulgrim une excellente chose car quelque chose en elle se rapprochait beaucoup du culte de Slaanesh et même si elle demeuraient nettement moins manipulable que son père, leur amitié assurait à Fulgrim de conserver une place importante au sein des armées du Chaos.

La Death Guard trahi de nouveau ses engagements en s'attaquant aux Thousands Sons et de nouveau Fulgrim en frémit d'indignation. N'y avait-il donc rien que ceux-là ne pouvaient souiller ? N'avaient-ils donc pas même une once d'honneur ? Elle et les Emperor's Children n'avaient pas été directement menacés par cette attaque mais qui savait à qui ces idiots s'attaqueraient la prochaine fois ?! On ne pouvait pas faire confiance à Khorne ce qui était dangereux pour les troupes du Chaos car toute désunion permettrait à leurs ennemis de s'engouffrer dans cette faille.
Praxedes décida de défier Lucian Anémonius et mal lui en prit car elle fut vaincue et forcée d'épouser l'assassin de son père, prenant le nom d'Abaddon le Fléau, ce qui provoqua un vent de folie au cœur du Chaos. Cependant cela eut le mérite d'instaurer rapidement une nouvelle paix.
Sous ses ordres, et avec un délectable plaisir, les Emperor's Children furent choisit pour punir la Death Guard de leurs exactions et ils s'en donnèrent à cœur joie ! C'était une sorte de revanche qui servit de leçon à l'armée adverse.

Les années s'écoulèrent et Lucius rapporta avec lui, la fille de Praxedes, Alicia, pour la former au culte des plaisirs ce qui plut profondément à Fulgrim qui sut le remercier en lui accordant ses faveurs. Avoir à ses côtés un héritier de l'Erade et une fille descendante des Anémonius ne faisait que renforcer son propre pouvoir. Pourquoi donc conquérir des terres pour lesquelles il faudrait se battre pour les garder lorsqu'on pouvait y asseoir des héritiers légitimes dont la souveraineté ne pourrait être remise en question ? Elle ne formulait évidemment pas ses plans à voix haute mais lorsque l'occasion se présenterait à elle, Fulgrim n'hésiterait pas un instant à les placer sur les trônes qui leur revenaient de droit, sachant qu'ils demeureraient fidèle à Slaanesh et régneraient en son nom. Mais pour l'heure, il était encore trop tôt pour en parler et elle se contentait de se satisfaire des prouesses que Lucius faisait en lui ramenant ce genre de proie de qualité.

A la mort de Lucian, Praxedes reprit le commandement mais dans le but de tromper les Immortels, Fulgrim lui envoya sa sorcière, une elfe de la pénombre du nom de Morathi, afin de servir d'hôte à son âme et lui permettre de continuer à diriger les légions du Chaos, geste qu'elle regretta très amèrement par la suite. Car Praxedes décida de reprendre l'héritage de Râ, son grand-père, devenant ainsi la reine des Elfes du Temps sous le nom d'Hathor alors même que Fulgrim n'avait jamais rien su de cet héritage.
Déçue par la jeune femme, Fulgrim s'en éloigna définitivement, méprisant son attitude et jugeant ce coup d'éclat comme la plus grosse trahison commise par cette dernière.

Devant le regain probable d'activité des Immortels, Fulgrim prépare lentement ses troupes avec plus de sagesse que jamais refusant de subir une nouvelle défaite face à ses anciens ennemis. Comme toujours la jeune femme attend d'en connaître un peu plus sur la situation pour mieux l'analyser afin de ne pas foncer tête baisser dans une nouvelle ère guerrière mais il y a fort à parier que si la guerre fait bel et bien rage, les Emperor's Children seront de la partie, plus prêts que jamais.