Embuscade sanglante [PV Elys]

~ Hot Gate ~

Une démarche sereine et assurée, un regard qui était aussi étincelant que des braises dorés, de longs et soyeux cheveux d'argent tombant sur ses épaules pâles, se mouvant au même rythme que ses pas calmes, un visage dont les traits fins ne dessinait aucun sentiment, si ce n'était de mimer le froid du marbre, figé comme une statue vivante. Ses lèvres n'esquissaient aucun sourire, closes et serrées avec volupté. C'était une femme d'une stature athlétique, belle et grande, des jambes infiniment longues portaient des cuissardes de cuirs noirs. A la hauteur de ses hanches se tenait une élégante ceinture avec des décorations argentés sur un tissu de cuir sombre. Là, il pendait un fouet, Diantrès de son nom, lui conférant une allure de dompteuse d'un autre monde et ce je-ne-sais-quoi d'intrépide et aventureuse. Le vêtement qu'elle portait pour protéger ses jambes n'étaient autres qu'une jupe longue et noire, fendue sur les côtés, dévoilant par la même occasion la couleur blanche de ses cuisses lorsqu'elle avançait. Nul besoin de pudeur, seulement un besoin de pouvoir se mouvoir sans gêne. Pour protéger sa poitrine, elle s'était revêtis d'un corset aux allures de plastron métallique, moulant alors ses généreux avantages, dessinant les courbes de ses reins, mêlés à des arabesques et signes tribaux d'une teinte noire. Néanmoins, le tout était posé et lacé par du cuir, la matière de prédilection de notre jeune femme. Pour finir, elle portait un large raz-de-cou en dentelle noire, très féminin qui ne gâchait rien à sa beauté, contrastant avec sa peau laiteuse. Ses poignets étaient aussi protégés par de larges bracelets martelés en argent.

Il y avait en elle une allure d'amazone, de femme indomptée et rigide, dont le corps attrayant paraissait être une arme redoutable autant que séduisante. Mais si quelque chose devait effrayé, c'était sans aucun doute l'immense faux, Azazel, qui se dressait en biais dans son dos, la lame courbe et tranchante dirigée vers le sol. C'était femme n'était autre que notre très controversée démone, Jézabel Shemhazaï, une personne qui aurait pu très bien être l'objet de bien des légendes... peut-être l'était-elle déjà mais vous le saviez pas...

Quoiqu'il en soit, l'exilée des Terres Oubliées marchait solitairement dans la Forêt du Dragon. Au sein des contrées du Royaume de Rugilian, cet endroit verdoyant était peut-être l'un des plus fascinants, à la fois part les différents parfums qui pouvaient chatouiller vos narines, que les multitudes jeux de couleurs qui ravissaient vos yeux... mais derrière toute beauté, il y a un danger. Aussi sauvage soit la nature, certains brigands aimaient à prendre des risques, notamment afin de piller les pauvres fous qui s'aventuraient dans le coin. Bien entendu, vous vous demandez pourquoi venir aussi loin pour commettre ses forfaits? Tout simplement parce que les pauvres âmes recherchées par les autorités trouvaient parfois dans certains circonstances un refuge ici bas.... Mais il n'était que pure folie que de s'en prendre à Jézabel.

C'est alors qu'un groupe de voleurs regroupés pour les circonstances encercla en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire notre démone, prenant alors des visages menaçant afin de l'effrayer... en vain bien entendu. La plupart était armés d'épées émoussées ou rouillées, rien de bien terribles mais leur nombre faisait peut-être leur force.

" Me combattre, c'est signer votre arrêt de mort... Je préfère vous prévenir... Rebroussez chemin si vous estimez vos vies importantes. "

Bien évidemment, ces damnés se mirent à rire aux éclats. Que pouvait faire une femme seule contre dix hommes? Rien... du moins, c'était ce qu'il pensait. Les fous ne savaient pas qu'ils avaient en face d'eux une femme d'expérience mais également une stratège, et avant tout, la jeune femme qui servit aussi de maître d'armes pour le jeune Thanos Anemonius. Et puis.... Jézabel n'était jamais véritablement seule car dans l'ombre, deux yeux luisants brillaient derrière des fourrés, tapis et calme.

Brusquement, Zodiark entra tout simplement en scène, traversant de part en part le corps du pauvre fou qui était sur son passage. D'ailleurs, celui-ci s'écroula sans aucune blessure apparente, alors que l'imposante stature du molosse des enfers commençait déjà à faire trembler les survivants. Lorsque le compagnon canin de la démone leva enfin la tête, on pouvait distinguer un cœur sanglant et encore palpitant entre ses crocs qu'il ne tarda pas à broyer et ingurgiter dans un bruit sordide. Zodiark, à la même image que sa maîtresse, possédait le même don de traverser les matières.

" Et bien mon ami... voilà que tu travailles tes entrées maintenant... soit... mais il n'est pas temps de jouer... "

Soudainement, Jézabel apparut derrière l'un des individus et lui brisa les cervicales au même instant. Munie de capacités physiques surdéveloppées, elle était capable de se mouvoir avec une rapidité surprenante et faire preuve de force par la même occasion. Pendant ce temps là, Zodiark grognait et donnait même l'impression de sourire en dévoilant ses canines jusqu'au moment fatidique où il sauta à la gorge des malotrus. En quelques minutes, les présomptueux personnages furent tous assassinés, leurs corps déjà en train de refroidir jonchaient le sol de la forêt.

Jézabel et Zodiark tuèrent autant d'adversaires l'un que l'autre bien que l'on pouvait noter une grande différence dans leur méthode d'attaque. La démone avait fait son travail proprement, presque professionnellement. Elle n'eut aucun besoin de se munir de ses propres armes pour venir à bout de cinq de ses hommes, alors que Zodiark était un molosse bien plus sadique et ses victimes avaient été rendus quasiment non identifiables. La seule chose que l'on pouvait espérer, c'était que le sang versé n'allait pas attirer de nouvelles créatures non désirées...

A la Tour des Rois ...

- Humaine ... Le Destin d'Erade ne repose que sur vos frêles épaules .... Saurez vous être à la hauteur ? Ou finirez vous comme le Prince Aegnor ... ?

Quelques heures plus tard ...

- Quel carnage ! On peut pas dire que le ménage soit un de vos points forts ...

Dis je

Que fais un démon aussi loin de ces Terres ?

Que le destin était étrange avec Jézabel, un destin qui menait sur sa route de nombreuses figures princières, elle qui n'avait aucun lien véritable avec le monde monarchique si ce n'était son rôle auprès de Thanos Anémonius. Ce jour là, il semblerait que cela soit les traits d'une princesse malarianne qui soient à l'honneur.... mais pouvait-on véritablement parler d'honneur? Il n'y avait que peu de bonnes choses à en tirer de la rencontre d'un démon, ou tout du moins, c'était le préjugé qui persistait à travers les âges, tout comme les sentiments de méfiance, de haine et de toutes les formes de mépris. A croire que les dieux avaient créé de leurs essences cette espèce dans le seul but d'être détesté. Pourtant, on pouvait se poser la question : est-ce que nous naissons mauvais? Danns cette même optique, il faudrait également donner une définition précise du mal, et quelles actions faisaient de nous des individus mauvais... L'exemple le plus simple qui dénote bien le problème de ces notions bancales n'est autre que celui de la mort, le meurtre ou l'assassinat. Un homme qui tue un brigand qui cherche à le dépouille serait-il moins criminel qu'une femme veinale qui assassine son époux? Un homme d'une neutralité certaine qui assassine pour remplir sa bourse serait-il moins criminel qu'un soldat qui en tue d'autres sur un champ de bataille? Un enfant jaloux qui étouffe son frère dans son berceau serait-il moins mauvais que le bourreau qui abat sa hâche sur le cou d'un pilleur? Dans tous les cas, le résultat a été le même, tous ont accompli en soi un acte mauvaise qui est celui de donner la mort... Mais alors, qui décide quel type de mort est moins criminel qu'une autre? Et pourquoi le serait-ce ainsi? Par mimétisme, cela représentait exactement le même problème avec les différents peuples d'Erade. Pourquoi un démon devrait-il être plus mauvais que les autres? Pourquoi les cantonner-t-on tous à ceci, à n'être que mauvais? Parce que nombreux d'entre eux sont sauvages? Mais la véritable question est pourquoi le sont-ils, eux qui sont méprisés dès leur naissance... Est-ce que le monde n'aurait pas sa part de responsabilité dans la part mauvaise de ceux que l'on nommait démon...

Jézabel regarda alors soudainement tout au tour d'elle, de ses yeux dorés indifférents, de son visage placide et froid. Les cadavres l'entouraient maintenant, dont un à la nuque brisée à ses pieds. De son côté, son chien Zodiark avait son museau dans les tripes sanglantes de l'un des pauvres bougres, amplissant alors sa propre panse qui criait famine. C'était sans doute pour cette raison que son odorat manqua l'arrivée de la princesse Elys, et même si la jeune femme était présente, cela ne lui empêcherait nullement de terminer son repas. La position de Jézabel à cet instant? Vis à vis de son camarade canin, elle n'en avait que faire, il pouvait bien faire ce qu'il entendait. Un cadavre n'est plus un homme après tout. Pour ce qui était de la malarianne, notre démone à la chevelure d'argent pointant son regard à l'expression indescriptible sur sa silhouette, la jaugeant rapidement de haute en bas. Il lui fallut enjamber le pauvre voleur refroidi dont le corps était jonché à ses pieds avant de parler.

" Le désordre de ce lieu n'est pas de mon fait, mais de celui de mon compagnon qui ne possède pas la délicatesse de faire les choses avec raffinement. "

Bien évidemment, Jézabel parlait de Zodiark qui ne releva en rien la tête face à la remarque de sa maîtresse. Elle avait beau dire, à ce niveau, le chien infernal ne changeait pas ses manières. Pourquoi le ferait-il puisque c'était efficace? Puis la jeune femme reprit simplement....

" Que fait un démon ici? Pensez-vous donc que les individus de mon peuple sont des animaux que l'on parque sur un maigre territoire? Nous ne sommes pas des brebis que l'on confine dans un enclos, que cela soit ici ou ailleurs. A croire que vous ne considérez pas les miens comme un peuple en soit.... que cela est bien mal avisé de la part d'une femme de votre rang... "

Comment Jézabel pouvait-elle le savoir? Avez-vous donc oublié à qui vous avez à faire? Il avait été confié à la démone l'un des descendants des sorciers Anémonius, il avait été de son devoir de ne pas faire preuve de négligence et donc de connaître ceux qui deviendraient ses rivaux potentiels afin de connaître les individus qu'ils auraient à affronter un jour. La princesse Elys en faisait partie et son visage était assez familier dans le pays d'Amilian. Comment Jézabel avait fait pour passer inaperçu dans les diverses contrées? C'était un art et la discrétion était ironiquement son point fort - de plus, être une jolie femme aidait beaucoup et elle ne le nierait pas.

" La véritable question est que fait une princesse ici, dans une forêt des plus hostiles... surtout avec les évènements qui accablent tous les héritiers des royaumes. Vous vous montre bien imprudente. "

A ce même instant, elle détourna son attention vers des choses plus matérielles que Dame Elys : les bourses des brigands. Peut-être que cela faisait bien mauvaise figure néanmoins, leur argent ne leur serait pas utile et Jézabel n'était pas noble. On faisait ce que l'on pouvait pour gagner sa vie...