Long voyage (pv: Alexandra de Rugilian)

Invité

Le ciel aux abords de la cité d’Hyshnar était quasi-désert. Seuls quelques volatiles parmi les plus téméraires osaient affronter la bise glaciale qui régnait à quelques centaines de mètres du sol. Des cumulus s’étaient formés entre la terre et l’immensité des airs, assombrissant quelque peu les plaines de la cité. Un aigle noir accompagné d’une hirondelle surgit au travers de ces nuages, piquant vers le sol. Ils redressèrent à environ cent mètre afin de détailler le paysage. Un aigle et une hirondelle… un bien étrange duo pour les voyageurs au sol qui les observaient, intrigués. L’aigle avait un ramage sombre et ses ailes semblaient puissantes, si bien que la pauvre hirondelle semblait peiner pour le suivre. Le rapace, se contentait de planer, et devait quelquefois effectuer des zigzags dans le ciel pour que son amie puisse le suivre. Rheda profita de la vue perçante de sa forme animale pour estimer le temps qu’il leur restait à parcourir. La cité était encore loin, malheureusement.

*C’est interminable, songea-t-il. Voilà des heures que nous volons et Hyshnar semble toujours aussi loin…

Il se tourna vers Narielle, son amie. Elle semblait exténuée, ses petites ailes ne lui facilitaient pas le trajet… Soudain, une sensation hostile s’empara de lui. Un instinct de prédateur. Son regard s’affina, ses serres se rétractèrent alors qu’il observait la petite hirondelle. Elle était fébrile et lente… une cible tellement facile… Une envie meurtrière prenait le dessus sur sa propre volonté. Son instinct d’aigle l’envahissait. Il détourna le regard et amorça sa descente.

- *Que se passe-t-il ?* le questionna-t-elle, s’adressant à lui par télépathie.

Incapable de répondre de la sorte, il se contenta d’un signe de tête pour lui faire comprendre ses intentions et fonça vers le sol. A la dernière seconde, il se freina d’un robuste battement d’aile et se réceptionna agilement. Il réutilisa son don. Le même qui lui avait permis de revêtir la forme d’aigle : son don de transformation. Son image se brouilla quelque peu, ses membres se dilatèrent, se déformèrent avant de lui rendre son apparence. Là où se trouvait un aigle il y a quelques secondes seulement se tenait maintenant un jeune homme. Essoufflé, il dut poser ses mains sur ses hanches pour récupérer. Narielle se posa sur son épaule, inquiète.

- Ce n’est rien, la rassura-t-il immédiatement. Je suis resté trop longtemps sous ma forme animale et l’aigle qui est moi empiétait sur ma vraie personnalité.
- *Je vois… Quelques instants de plus et j’aurais terminé entre tes serres.*

Rheda ne put retenir une grimace. L’idée que son amie se fasse assassiner, par lui qui plus est, l’indisposait fortement.

- Je n’aurais jamais laissé une telle chose arriver… déclara-t-il d’une voix fière. Je n’étais jamais resté aussi longtemps sous ma forme d’aigle, c’est une première !

Il ne pouvait cacher son enthousiasme même si l’hirondelle ne semblait pas partager cet entendement.

- *Ce n’était pas très prudent.*

Le jeune malarian se contenta de soupirer, il connaissait son amie, ce n’était pas la peine d’insister. Il n’avait ni le désir, ni la force d’entamer une nouvelle discussion des plus animées. Il continua sa route à pied, un mince sourire sur les lèvres.

Ce n’était que le milieu de la journée et quelques voyageurs intrépides traversaient les plaines tout comme lui, en direction de la cité d’Hyshnar. Rheda les croisaient de temps en temps, dépassant ceux qui trainaient un attirail trop important. Narielle resserrait ses fines pattes sur l’épaule du jeune homme à chaque fois qu’un inconnu passait près d’eux, tirant une mimique de douleur au malarian. Rheda regarda devant lui. La cité lui paraissait bien plus proche lorsqu’il se trouvait dans le ciel. Il ne fit aucun commentaire et poursuivit sa marche.
Après quelques minutes, Les deux amis aperçurent un chariot arrêté près du chemin. Il était peint en rouge et de l’arrière dépassaient de nombreux tapis et autres accessoires de décoration. Le jeune homme supposa que son possesseur était un marchand ambulant, certainement faisait-il une escale à Hyshnar pour vendre sa marchandise. Justement, son possesseur se trouvait à quelques mètres, faisant face à deux hommes à l’allure peu rassurante. Ils portaient tout deux des foulards qui leur cachaient le visage et des tuniques délabrées. L’un avait un poignard à la ceinture, l’autre le tenait déjà dans la main, menaçant le marchand avec. Rheda s’avança, d’un pas certain, d’un air impassible.

- Il y a un problème ? demanda-t-il dans une totale désinvolture.
- Aucun problème ! répondit sèchement l’un des hommes. On parle affaire.
- Je vois…

Le marchand était terrorisé. Il adressait de discrets signes à Rheda pour lui faire comprendre les réelles intentions des inconnus. Son teint était livide, il suppliait le jeune homme du regard. Rheda sourit et déclara :

- Que diriez-vous si je me joignais aux négociations ?

Les hommes réagirent immédiatement, le second dégaina en vitesse.

- * Je n’aime pas ça…* chuchota Narielle.

Rheda n’eut que le temps de sortir la lame qu’il portait à la taille lorsque l’un des deux combattants se jeta sur lui. Le malarian contra le coup facilement mais quelque chose dans son mouvement le perturbait. Le deuxième tenta sa chance et voulut frapper Rheda. Un coup vertical, grossier. Le jeune homme pivota sur le côté pour éviter la charge. Il avait le bras de son adversaire à sa merci, il voulut l’attraper de sa main libre, afin de lui tordre le poignet, de le mettre au sol comme il l’avait appris. Son corps ne répondit pas.

*Quelque chose ne va pas…*

Les deux hommes attaquèrent ensembles. Ce n’étaient que de piètres guerriers, des voleurs inexpérimentés. Leurs coups étaient trop imprécis et trop évidents. Rheda évita un nouveau coup, para une attaque horizontale avant de frapper, directement à la poitrine. Son attaque était millimétrée, répétée des centaines de fois à l’entraînement mais rien ne se passa comme prévu. Son bras se bloqua, la charge fut très lente. L’homme eut le temps de mettre son propre bras en bouclier et la lame de Rheda déchira sa manche avant de s’enfoncer dans son triceps, au lieu de la poitrine. Rheda se maudit en silence. Complètement déboussolé il ne vit même pas le second voleur attaquer. Ce fut Narielle qui le tira de ses songes en criant :

- *Attention, à ta droite !*

Le malarian se retourna vivement. Le poignard en avant, l’homme s’apprêtait à l’abattre sur lui. Rien de bien dangereux. Il lui suffirait de parer avec sa lame. Soudain, ses muscles se tétanisèrent totalement. Incapable d’esquisser le moindre geste, il ne put que constater. La lame du poignard traça une droite le long de son abdomen. Une lignée écarlate en coulait. Rheda serra les dents, il ne voulait pas crier malgré la douleur, ne pas se montrer inférieur. La brûlure causée par la lame réveilla ses muscles. Rheda changea de stratégie, comme de style de combat. Finie la finesse, son corps ne lui permettait pas un combat durable, il fallait quelque chose d’agressif et d’efficace s’il ne voulait pas que le combat prenne une très mauvaise tournure. Narielle tournoya autour de lui. Il tâta rapidement sa poitrine et déclara :

- Ce n’est pas profond, c’est même très superficiel, ça va.

L’homme chargea de nouveau, sûr de lui. Rheda ne chercha pas à parer, il esquiva grossièrement et assena un violent coup de poing dans le ventre de l’homme qui se tordit en deux. Il tourna ensuite sur lui-même et entailla le bras droit de l’homme. Profondément. Les deux hommes désarmés, il essuya rapidement sa lame sur sa manche avant de la ranger. L’un des bandits prit son poignard dans sa main gauche et menaça le malarian d’un geste tremblant.

- N’y pense même pas ! grogna Rheda d’un air hautain et agacé.

L’homme le jaugea quelques secondes avant de s’enfuir avec son compagnon, jetant régulièrement des regards inquiets derrière eux. Rheda serra les dents. Il avait mis les deux voleurs en déroute mais il s’en voulait. Rien ne c’était passé comme il l’aurait voulu et cette blessure… Il porta sa main à son abdomen. Elle était bien superficielle mais n’en n’était pas moins douloureuse.

- Fantastique gamin ! T’es plus musclé que t’en a l’air.

Rheda se retourna pour faire face au marchand. Celui-ci regarda la blessure d’un air inquiet :

- Attends, ne bouge pas. J’ai quelque chose qui pourrait t’être utile.

Il se rendit à l’arrière de sa charrette et se pencha en avant, cherchant désespérément devant le regard intrigué du malarian. Il revint vers lui, un bandage dans les mains. Il le tendit à Rheda :

- Ce n’est pas grand-chose, mais ça évitera le sang de couler. Je te suis extrêmement reconnaissant mais je n’ai rien à t’offrir, je ne suis qu’un pauvre marchand… Sache que je n’oublierai jamais ton geste.

Rheda doutait sincèrement des paroles de l’homme. D’après la marchandise qu’il transportait, il semblait avoir un commerce fructueux. Mais il ne s’en soucia pas. Il n’avait pas agi pour la récompense. Il accepta le bandage avec plaisir avant de prendre une posture fière. Il éclata de rire, déposa ses mains sur ses hanches et s’exclama :

- Ce n’était rien, je suis heureux d’avoir pu vous aider.

Le voyageur le toisa d’un air admiratif et le malarian bomba quelque peu ses bras, sans cacher un sourire radieux.

- *Attention à tes chevilles, elles enflent…* se moqua Narielle, amusé par son comportement.

Rheda grommela une phrase incompréhensible avant que le marchand ne se détourne, après l’avoir chaleureusement remercié puis salué. Dès que l’homme eut le dos tourné, Rheda s’écroula au sol, se malaxant les avant-bras. Ses muscles étaient tendus, des crampes atroces l’irritaient fortement, sans parler de cette blessure. Narielle s’envola et se campa face à lui.

- Ne me dis pas que tu me l’avais dit… commença Rheda.
- *Je te l’avais dit…* rouspéta-t-elle, sans afficher de colère dans sa voix, plus de la désolation.
- L’utilisation excessive de la forme d’aigle… je crois que c’est à cause de ça. Elle a complètement déboussolé ma forme physique, mon corps ne répond plus et le moindre effort m’exténue…

Narielle s’apprêta à répliquer mais Rheda la devança :

- Tu me l’avais dit, je sais…

Le rire de l’hirondelle résonna dans la tête du jeune homme. Il s’assis en tailleur, sa position favorite. Il se recourba sur lui-même se tenant les bras. Narielle se posa devant lui, désolée de ne pouvoir rien faire pour le soulager.

- *Détends tes muscles, et surtout frotte. Frotte, frotte, frotte et ça devrait passer. *

Le jeune homme sourit et s’exécuta, il n’avait rien d’autre à faire après tout. Alors que la douleur commençait à sinuer, devenant plus ou moins intense selon les moments il se relâcha totalement et s’écroula sur le sol, allongé au milieu de l’herbe. Une incroyable fraicheur se dégageait de la terre, Rheda ferma les yeux pour profiter de chaque instant.

- *Et ton bandage ?* lui rappela l’hirondelle.
- Plus tard, ce n’est rien.

L’hirondelle ne semblait pas convaincue et piailla à son oreille pour montrer son désaccord.

- Je ne saigne plus. Je te l’ai dit, ce voleur était un manchot, il ne m’a qu’effleuré.

Narielle n’en était pas aussi persuadée que lui mais n’insista pas. Il était vrai que le sang ne coulait plus mais la poitrine du jeune homme était barrée par une ligne écarlate.

- *Il faudra te trouver des vêtements, les tiens sont déchirés maintenant…
- Plus tard, grogna Rheda.

Il demeurait immobile, les yeux clos. Narielle se posa près de lui, guettant les alentours, peu rassurée, comme à son habitude.

[Désolé, j'ai rien trouvé de mieux, pourtant j'ai cherché xD. J'ai jamais d'inspiration pour commencer un RP ^^']

[Je suis vraiment désolée du temps que j'ai mis à te répondre, mais je n'avais pas vu que tu avais posté le rp ! xD Je ne m'en suis rendue compte que hier et j'ai fait mon post le plus vite que j'ai pu mdr Par contre, désolé pour la qualité, il n'est vraiment pas super mais en ce moment je suis en manque total d'inspiration xD Encore désolé^^ ]

Il était environ trois heures de l'après-midi. Alexandra était allongée au sol. Une goutte de sang coulait le long de son cou. Ses yeux s'ouvrirent lentement, ses sourcils froncés. Elle essaya de se lever. Au même moment, elle entendit un craquement, suivi d'une douleur au dos. Celle-ci s'ajoutait aux picotements causés par sa blessure au cou qui en fait, même si, assez profonde, n'était qu'une simple écorchure. La jeune femme tenait un collier dans la main, assise près d'un magnifique rosier aux fleurs rouges. Et tout ça, au beau milieu du royaume d'Airian. La princesse sourit en se remémorant sa matinée. Celle-ci avait démarré calmement. Alexandra s'était levée assez tôt dans sa chambre au sommet de la Tour des Rois du Royaume de Rugilian. Et oui, elle avait décidé d'y revenir, malgré cette vérité si lourde à porter qui aurait pu changer sa décision. Néanmoins, la jeune femme s'était fixée un but pour cette journée. Aller découvrir son royaume natal. Et ce, bien évidemment, dans la plus grande discrétion. Ce matin là, elle ne croisa personne dans le château ce qui lui facilita la tâche. La princesse se vêtit d'une simple robe blanche qu'elle avait pris le soin de tacher pour passer inaperçue, se mêlant dans la masse du peuple. Elle décoiffa légèrement ses longs cheveux bruns. De cette manière là, elle ressemblait presque à n'importe quelle femme de son royaume. Personne, sans connaître son visage, n'aurait pu deviner qu'elle était la princesse de Rugilian. La jeune femme décida donc de partir. Une fois sortie de la ville principale du royaume, elle décida d'utiliser l'un de ses nouveaux pouvoirs, pour parvenir à se déplacer plus vite, étant donné la distance qui séparait Airian de Rugilian. Après de longues minutes passées à se concentrer, de magnifiques ailes blanches se formèrent lentement sur son dos. Peu de temps après, elle se trouvait déjà haut dans le ciel à voler en direction des terres qu'elle voulait tant voir. Bien entendu, par son manque d'expérience, elle ne mit pas longtemps à se fatiguer, mais elle continua sa trajectoire. Malheureusement, au bout d'environ une heure, elle commença à perdre de l'altitude involontairement et ne parvenait plus à battre de ses ailes autant qu'elle l'aurait voulu. A quelques mètres du sol, toutes ses forces finirent par la lâcher et elle tomba lourdement par terre. Elle avait mal au dos et était très fatiguée mais ne s'en soucia pas. La première chose dont elle se rendit compte était que malgré une fin de voyage différente de ce qu'elle pensait, elle était bien arrivée au royaume d'Airian. Elle était sûre de ne pas se tromper étant donné l'atmosphère merveilleuse et bienveillante qui régnait en ces lieux. La plaine sur laquelle elle se trouvait était déserte au premier coup d'oeil. A part de l'herbe et quelques fleurs, il n'y avait pas beaucoup d'autre végétation. Néanmoins, ce qui parut curieux à la jeune femme était qu'à côté d'elle se trouvait un rosier, ce qui était étonnant étant donné qu'ils ne sont pas censés pousser sur de simples plaines. Et pourtant, il était si beau que l'on aurait dit que quelqu'un venait s'en occuper tous les jours. Aucune des roses n'avait de défauts. Elles étaient toutes si... parfaites. Alexandra se leva et se pencha pour sentir l'odeur des fleurs. Au même moment, curieusement, la chaîne d'un collier qu'elle portait céda et celui-ci tomba au milieu des roses. La jeune femme se pencha pour le récupérer, mais en remontant la tête, une épine écorcha son cou. Sous l'effet de surprise, la princesse fit un bond en arrière, trébucha et tomba à nouveau au sol, sur le dos. Bref, sa première venue dans le royaume d'Airian n'avait pas été des plus présentables, mais étant donné que personne ne la connaissait en ces lieux et qu'elle était déguisée en simple paysanne, même si quelqu'un avait vu la scène, cela lui importait peu. Elle finit par se relever complètement, remettant son collier à son cou. Bien sûr, elle aurait pu soigner son écorchure, mais la jugeant sans danger, elle n'en prit pas la peine. Et puis... étant donné l'énergie que consumaient ses pouvoirs et auxquels elle avait encore du mal à s'adapter, elle préférait les utiliser que lorsque c'était nécessaire. Elle commença alors à marcher doucement sur la plain, vers une direction qu'elle ne connaissait pas. Malgré son atterrissage inconfortable et sa mauvaise rencontre avec un rosier, ses premières impressions sur le royaume étaient bonnes. Tout était si... beau ici... Elle n'avait jamais vu un endroit aussi splendide. Etant donné l'endroit où elle vivait depuis qu'elle était toute petite, pour elle, une simple plaine verdoyante était comme un conte de fées. Les pensées de la jeune femme furent perturbées par la vue d'une personne allongée par terre à une vingtaine de mètres plus loin. Elle s'approcha doucement et vit que c'était un homme. Son torse nu était marqué d'une blessure, couverte par un bandage. On pouvait apercevoir dessus, une légère marque rougeâtre, mais pas d'une couleur très intense. Alexandra en conclut que la blessure était récente et qu'elle s'était arrêtée de saigner depuis peu de temps. La jeune femme afficha un léger sourire.

-Vous êtes bien imprudent, votre blessure pourrait facilement s'infecter et si cela arrivait, étant donné sa position, elle pourrait aussi vous causer la mort, même si elle n'est pas profonde.

Avant que l'homme ne lui réponde, la princesse s'accroupit et effleura le bandage de ses doigts.

-Je pourrais peut être la soigner. Vous permettez que je regarde ?

Aucune réponse depuis plusieurs mois. Sujet archivé