La destinée de l'Erade
Bienvenue à toi, étranger !
Œuvre du hasard ou du destin, tu viens d’arriver aux portes d’un monde nouveau, celui d’Erade ; un univers aux secrets innombrables où cohabitent des cultures différentes et où la magie se lie à chaque être, dés sa naissance. Tu connaitras l’amour, l’amitié et de grands moments que tu n’oublieras jamais mais aussi de la tristesse, une noirceur dont tu ne te connaissais pas l’existence et qui sommeille pourtant en toi. Ce monde possède des horizons différents, des histoires liées entres elles et tu apprendras par la suite que rien n’arrive par hasard. Tu peux fuir ou rejoindre l’aventure mais n’oublie jamais qu’ici, chacun de tes actes changera le cours de notre histoire, celle que l’on écrit tous ensemble, la destinée de l’Erade.
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 Derrière les lignes ennemies...

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Derrière les lignes ennemies... _
MessageSujet: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeVen 15 Jan - 3:53

Si Rugilian et Otian étaient techniquement en période de trêve, le temps des funérailles de leur prince bien aimé, cela ne voulait pas dire que Caym ne prendrait pas des mesures défensives en vue du retour aux hostilités. L’attention du royaume étant tourné vers l’intérieur, il y avait donc moins de sécurité aux frontières, permettant de ce fait l’envoi d’une petite équipe pour reconnaître plus à fond le terrain et des failles éventuelles dans le dispositif de sécurité du royaume adverse. En militaire avisé, le général Symanth avait attendu la fin des funérailles nationales qui avaient attiré l’attention de plusieurs chefs d’état de divers royaume, Rugilian exclu, il allait de soi, pour éviter de tomber sur des forces de sécurité additionnelles. Ayant réglé ses dossiers les plus urgents avant de partir, il était confiant de revenir rapidement après une collecte de données des plus juteuses. L’ancien otianais aurait dû éprouver des regrets… Mais il avait renié Otian depuis longtemps pour suivre sa propre voie. De toute façon, qu’avait fait Otian pour lui au moment où il avait eu besoin d’elle? Absolument rien. L’aide qu’il avait reçu était venue d’ailleurs… Et donc il n’avait aucun mal à poignarder ceux qui l’avaient abandonné. Évidemment, il avait prit des précautions quant à ce que chaque membre de son équipe avait amené en termes de matériel. Au final, rien ne pourrait les lier à Rugilian si ce n’était leurs visages respectifs et à part le général, il doutait que quiconque en Otian ait déjà vu les hommes et les femmes l’accompagnant. Encore une opération minutieusement planifiée qui porterait ses fruits au détriment du royaume adverse…

Jusqu’à date, aucun sang n’avait été versé puisqu’aucun obstacle n’avait été rencontré à proprement parler. Les frontières d’un royaume, malgré ce que l’on pouvait en dire, étaient bien souvent poreuses, surtout en temps troubles (en temps de guerre « pure et simple », c’était une toute autre dynamique), les soldats servant d’habitude à protéger des sites stratégiques plutôt que l’intégralité du territoire. Une fois entrés, le gros du travail était fait et le vrai travail commençait alors. Il fallait reconnaître les villages limitrophes, les points plus faibles des frontières souvent caractérisés par des éléments naturels qui venaient ajouter une caractéristique particulière au relief, ce genre de choses… Si techniquement l’espionnage ne faisait pas partie des tâches principales de l’infanterie, Caym avait toujours considéré que cela concernait et pas qu’un peu la portion stratégie de son mandat. Il avait le tour pour aller chercher des éléments annexes à sa branche de l’armée et se les approprier à tout le moins en partie, rendant l’infanterie rugilianaise complètement indépendante, chose dont ne pouvait se vanter les autres branches de l’armée. En stratège aguerri, Caym savait qu’il était préférable d’avoir un tas de cartes dans sa manche plutôt que de devoir compter sur des alliés pour fournir les cartes manquantes… Il se méfiait des sois disant alliés qui se retrouvaient à vous poignarder dans le dos… Lui-même étant passé maître dans l’art de la tromperie, il n’accordait pas facilement sa confiance pour ne pas dire qu’il ne l’accordait tout simplement pas. Le jour où il courberait l’échine pour demander de l’aide à d’autres était loin d’être arrivé…

Une fois bien avancé au sein du territoire ennemi, Caym transmit ses ordres à son équipe : Dans un premier temps, ils devaient éviter à tout prix de verser le sang tant par une blessure que la mort. Dans un second temps, ils devaient tous être revenus au poste frontière dans un délai maximal de soixante-douze heures. Toute personne qui n’était pas revenue passé cette échéance serait abandonnée en sol ennemi et un retour à Rugilian sans faire partie du groupe principal se solderait par une exécution pure et simple. Caym tenait à éviter un éventuel agent double : il était bien simple de corrompre quelqu’un et de le renvoyer, expliquant de ce fait le retard dans le retour de la taupe en question… Il était malin, Caym, suffisamment pour comprendre les ficelles des gens malins qui savaient faire de toutes les cartes, mêmes les pires, des as d’atout… Qui plus était, en envoyant en solitaire chacun de ses hommes, il risquait moins d’attirer l’attention qu’un petit groupe de voyageurs… Et puis du reste, il savait que chaque membre de cette dite équipe savait ce qu’il faisait : ils avaient été briefés ensemble tet il les savaient bon éléments pour les missions longues, les opérations de reconnaissance, d’espionnage et d’insertion derrière les lignes ennemies. Un petit groupe d’élite dont peu de royaumes pouvaient se vanter de posséder. On disait, suivant la rumeur, que plusieurs personnages influents d’Érade vendraient père et mère pour avoir l’expertise du général Symanth de leur côté, l’homme qui avait toujours un temps d’avance sur ses adversaires…

Une fois chacun partit de son côté, il fallut une bonne heure à Caym pour rejoindre l’agglomération la plus proche. Habillé de façon à se fondre dans la masse, à moins d’arriver dans une localité où tous se connaissaient, il n’aurait aucun mal à passer inaperçu. C’était un art que peut de personnes maîtrisait et il fallait bien admettre que pour plusieurs, c’était mieux ainsi : un bon espion est difficile à voir, un excellent espion quant à lui est carrément insaisissable… Et Caym était plus proche de l’excellent espion que du bon espion. Un atout précieux pour surprendre les conversations parfois virulentes contre lui… Ce qui lui permettait de planifier dans le plus grand secret sa contre attaque. Il ne craignait pas de rencontrer quelqu’un capable de le reconnaître : d’une part, même s’il était connu comme général de Rugilian, rares étaient ceux en Otian qui avaient vu son visage, tout du moins chez les militaires. D’autre part, il était suffisamment loin de son ancien chez soi pour éviter que d’anciens voisins ou habitants de la bourgade le reconnaisse. Après tout, le monde étant fort petit, il fallait tenter le diable au minimum… Au risque sinon de se retrouver avec des surprises fort désagréables.

Il déambulait donc dans les rues de ce grand village ou petite ville suivant les préférences, écoutant avec grande attention ce qui se disait. On parlait oui beaucoup de la mort d’Azure d’Otian mais également de la crainte de la reprise des hostilités avec Rugilian au vu de la proximité relative de la localité avec la frontière. Les principales récriminations allaient également face aux provisions qui devaient aller aux soldats, ce qui était mauvais pour le commerce et au fait que le maire de l’endroit songeait à interdire l’asile aux soldats d’Otian qui causaient plus de troubles au sein de sa ville que de bien, ce qui aurait posé problème s’il y avait eu quelqu’un sur le trône. Une autre rumeur tenace faisait état de portions de territoires qui pourrait tomber aux mains du royaume de feu, les seigneurs de certains endroits étant plus intéressés par l’argent et le profit personnel que la défense de la couronne. Un trône vide était toujours une mauvaise chose ici bas, surtout quand le pouvoir était plus ou moins bien maintenu…

Soudainement, le général se figea quand on l’interpella. Il venait de s’engager dans une ruelle donnant entre autre chose sur la porte arrière d’une taverne et apparemment, ce n’était pas un hèle accidentel. Deux choses l’une : soit il était reconnu, soit il s’agissait d’une bête erreur… Mais Caym pariait davantage sur la première hypothèse que sur la seconde qui aurait été trop belle pour être vraie…
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Nero Hiems

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Derrière les lignes ennemies... _
MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeMer 20 Jan - 18:39

Journal


30 Janvier de l’An ** - Village de Kiev


Chère Junie,
Suis-je maudit ? Non ! C’est juste que je ne sais pas vivre.
Je suis allé dans les Plaines étoilées, et je n’ai rien trouvé. J’ai voyagé jusque la capitale du feu : j’ai reçu des questions. Les questions dans mon cœur, l’ont empoisonné, et sont devenus démons.
Te souviens-tu de mon père ? Peut-être ; du temps où tu étais encore au village, où le désert était notre seul horizon, et quand la moindre silhouette devenait un géant du quotidien. Un jour, il n’est plus revenu. Et ma maison s’est couverte d’ombres. Sous le regard d’une Ombre seulement ! Ah, ce père absent, comme je m’en souviens mal ! Le passé a pris son empire sur ma personne : j’ai l’impression de n’être qu’un être passé. Quel jour, enfin, le trajet de mes pieds, sur ma carte, ne sera-t-il plus une boucle sans fin ? Jamais. Mais cela, n’est pas le sujet. Pardonne l’écriture : je suis appuyé sur la poutre d’un étalage, et il fait moche comme tout. Je n’aime pas la pluie.

Je suis allé à Mordiaarg, j’ai consulté les registres militaires, ai exhumé la carrière de Dante Hiems, soldat de profession. Savais-tu qu’ils avaient des salles entières consacrées à ça ? Rugilian est bien le terreau des guerres. Les mots ont coulés sous mon regard, et j’ai parcouru les vingt ans de la carrière médiocre qui ont façonné le soldat, et entravé le père.

J’ai découvert qu’il s’était remarié.
Avant d’avoir quitté ma mère. Une pension est reversée, tous les ans : l’adresse était marquée, j’ai suivi. Cette femme inconnue habite (ou habitait) la frontière entre Otian, et Rugilian. C’est logique, penseras-tu. C’est logique… [...]


***

L’heure où le soleil se couche arrive ; je le verrai s’endormir derrière les nuages rassemblés, tristes et laiteux. En fait, à peine apercevrai-je les éclats colorés qui déteindront dans le blanc trouble du ciel, entre les fibres du brouillard. La brume, épaisse et glacée, obscurcissait déjà la rue, et tombé soudain, le froid de l’hiver s’était éveillé avec le déclin du jour.

    Les visages sont gris, comme leur ciel, quand de cendres il se remplit.

Le spectre de la guerre, errant dans les rues, est devenu hantise. La cigarette dans ma bouche se consumait lentement. Le ciel grondait.

Je fumais, doucement, sous la bâche d’un petit étalage de camelotes, installé contre le mur nu d’une taverne. Sans attente, sans haine. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fumé : chaque bouchée était un long silence qui finissait par se mêler à la brume.

La lumière, encore claire, n’avait plus de prise. Elle attend de se faire dévorer par les fantômes du temps. Comme moi. Les gens, s’extirpant de la masse et passant comme des morts devant mes yeux, n’étaient que des tâches, pâles et noirâtres. J’étais parti, envolé avec les volutes de fumée ; arraché à cette terre froide et douloureuse. Je m’oubliais. Comme je voulais m’oublier !

« Il faut penser à partir mon garçon : je vais fermer. »

Le marchand, gros, sale, le visage rouge sous les bourrasques brusques, était assis derrière la table de ses produits, et me tolérait depuis le début de l’après-midi. Je me réveillai ; appuyé sur le mur, j’ai cru m’endormir. Le flot des hommes sans noms qui se déversait dans les allées, passait avec le bruit des rivières, coulait, épars, sous mes yeux perdus. Je regardais, vaguement, la rue inégale, les passants débraillés, le lierre des murs.

« Oui, je sais. »

J’attendais la nuit. Le vent lâcha une bourrasque qui s’engouffra tout le long entre les bâtiments, les pavés mal arrangés. L’obscurité progressa.

« - Vous n’avez pas de carte ?
- Non, pas de carte, répondit-il. Je vous l’ai déjà dit.
- C’est vrai. »


Le bruit de voix puissantes éclata plus loin, je tournai la tête : des militaires. Leurs silhouettes compactes trônaient dans le sein du brouillard. Le marchand se pencha en avant.

« - Hum… Une autre garnison, dit-il, se renfonçant dans son manteau.
- Il y en a souvent ? demandai-je.
- Ils circulent sur la frontière. Parfois, ils passent.
- Vous connaissez tout le monde, ici ?
- Les habitués seulement. Les gens ne sont pas communicatifs.
- Et… quelqu’un du nom de Hiems ? »


Il réfléchit :

« Non. »

Je ne dis rien d’autre, et sentais avec la brûlure du tabac, les effluves d’une humidité grandissante, les odeurs de l’alcool et de la nourriture remontant la rue. Je tirai une bouffée, qui s’envola de mes lèvres sèches. Le froid, le souci, grisaient tout mon corps. Et pensai, avec distance, à ce mal croissant qui me rongeait le cœur. J’ai vu cette ville, traversant les champs stériles au-dehors, j’en ai pénétré la morne inquiétude, et à présent, elle se teint en gris sous mes yeux cobalt. Les seuls moments où le vide s’empare du monde, sont ceux où je ne sais plus où aller. Ici, il n’y a pas de carte. Je ne veux pas voir cette femme, rencontrer son regard et, le mien baissé, lui livrer l’aveu de mon nom, lui déclarer qu’une fraction de nos vies s’est mêlée à cause de la pluie. La pluie des âmes. Que lui dirai-je ?

Une personne passa, et j’eus un sursaut.
Ai-je rêvé ? Mon regard se détourna soudain des marchandises, mes doigts errant le long des objets, et je cessai de respirer. Quoi ? me demandai-je. Suis-je fou ?
Était-ce lui ?

Il faisait froid, sombre, mais mon regard dévala les contours de la brume, et suivirent cette cape noire. Noire profond. Je l’avais reconnu. Le marchand me vit partir avec le vent. Je marchai, avançai sous certains yeux ternes, le pas sauvage. Il était là, glissant devant les portes, les groupes. Mon cœur battait, je me sentais perdu. Il tourna, je le suivis. Une ruelle, haute et étroite, des flaques sales entre les pavés. J’accélérai ; il était là, à ma main ou presque. Doucement, l’image de sa figure, sans le voir, se composa dans ma mémoire, et je ne sus dire s’il était fantôme ou démon.

« Monsieur ! S’il vous plaît ! »

Il s’arrêta se suspendit, et pivota alors vers moi.
Je dus considérer une seconde et plus ce visage tout à fait inconnu, le front vierge et pâle, les yeux plissés : Non, il n’était pas mon père. C’est que pourtant, j’en avais l’impression.

« J’aurai juré… »

Je me tus, reculai précipitamment de l'homme.

« Excusez-moi. J’ai cru reconnaître quelqu’un. Mais ce n’est pas le cas… »

Ce visage, ce visage fort au regard noir, était dans mon esprit !... Et les yeux ouverts je croyais pouvoir en nommer les formes. Le rush dans ma poitrine n’avait pas cessé ; sous mes mitaines déchirées, mes mains brûlaient. Le Feu, sur les cendres de mes regrets, dansait.

Je le regardai toujours, profondément touché par cette face. Secrètement détruit et reconstruit à sa vue. Je restai immobile et tendu ; l’homme était aussi grand que moi, et son regard me ravalait à un esprit troublé. Je n’étais pas que ça ! Mais encore, l’illusion m’avait détrôné de ma tranquillité. Et ce que j’ai cru voir m’a tué.
Nous étions là, face l’un à l’autre.

« Je suis désolé, lâchai-je. Peut-être… Peut-être puis-je vous inviter à prendre un verre ? »

L’obscurité immense, dans le ciel et sur la terre, me couvrit, et je sentis son baiser glacé tandis que mes mots, doucement, se perdaient dans l’air.
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Derrière les lignes ennemies... _
MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeMer 20 Jan - 23:52

Le général se détendit, son visage inexpressif se barrant de l’ombre d’un sourire… Mais un sourire venimeux. Le genre de sourire qu’il arborait quand il était contrarié. Et là, ce civil ou mendiant ou il ne savait quoi l’avait contrarié. Voilà même qu’il se confondait en excuses, lui proposant un verre pour se faire pardonner… En d’autres circonstances, il l’aurait sans doute voir ailleurs s’il y était ou alors il lui aurait fait sa fête, préférant éviter un rapporteur potentiel… Mais dans l’instant, il n’en avait pas envie. Si l’autre lui payait le verre… Il pourrait prétendre d’appartenir à la faune locale ou mieux, aux oiseaux migrateurs qui allaient et venaient en cet endroit et de cette façon il s’éviterait des questions… Il avait beau être discret et se fondre dans la masse, cela ne voulait pas dire pour autant qu’un homme seul n’attirerait pas l’attention. En fait… avec un peu de déguisement, il pourrait même faire un usage assez intéressant de ce curieux personnage que se présentait devant lui. Détaillant son habillement d’un œil dubitatif, il indiqua les mitaines déchirée de ce curieux être avant de prendre la parole.

« C’est de nouveaux vêtements dont tu aurais besoin plus que de payer un verre à des étrangers. Ça te dirais un petit boulot simpliste pour quelques temps? Je reste ici pour une journée environ et je vais avoir besoin d’un guide pour me retrouver ici et dans les environs… Je suis voyageur de passage alors… Au fait, tu n’aurais pas une carte avec toi par le plus grand des hasards? »

La dernière phrase n’était pas accidentelle. Pour le quidam moyen, c’était une question innocente. Pour les militaires de Rugilian, c’était un moyen de savoir qui était un « local » ou non. Un habitant d’une ville n’a pas besoin d’une carte lui… Et c’est par conséquent vers ces personnes qu’il fallait se tourner. Un non résident n’était que de peu d’intérêt dans une opération de reconnaissance de la sorte… Sans attendre de réponse, il se mit en route vers une petite boutique d’artisans du textile qu’il avait vu en faisant chemin et il était convaincu qu’avec un peu de persuasion, il saurait convaincre les propriétaires de faire des heures supplémentaires… Quand l’autre inconnu serait somme toute plus présentable, là il consentirait peut-être à aller à la taverne. Les apparences étaient excessivement importantes dans ce genre d’opérations et un homme bien habillé avec quelqu’un qui portait des vêtements en mauvais état ne manquait pas de se faire remarquer et avec la présence militaire en ville, il tenait à éviter au maximum toute question qui pourrait compromettre sa mission. Il avait à faire, lui, pas perdre son temps en mondanités ou encore en discussions cordiales…

Arrivé devant la dite boutique, il entra sans hésitation, ce qui surprit le marchand en train de fermer boutique. Quelques explications rapides de la part de Caym qui sous-entendait un paiement somptueux fut suffisant pour le rendre soudainement très disponible… se tournant vers l’inconnu qui le suivait, il fit demander au marchand de prendre ses mesures et de lui confectionner rapidement un habit plus adapté aux conditions actuelles et qui lui donnerait plus fière allure. C’était un défaut chez Caym d’être perfectionniste et de vouloir contrôler chaque variable venant se mêler de ses affaires… Mais au final, ce défaut rapportait plus qu’il ne nuisait. Là où il se faisait défaut, c’était qu’il se moquait éperdument de ceux qui tombaient accidentellement dans les engrenages de ses affaires… Des conscrits malgré eux, Caym en avait fait des tas avant de les rendre tout aussi sec à la vie civile sans une once d’explication quant à l’intégralité de la mission pour laquelle ils avaient été embarqués de force. Il y en avait même qui y avaient laissé leur vie, ce n’était pas rien, quand on se donnait la peine de bien y penser…


« Tu as une couleur de prédilection, Leith? Pardonnez mon compagnon, il est encore un peu désorienté… Je ne sais pas si c’est arrivé ici mais nous avons été pris dans une vraie tempête en venant ici et sans Leith ici présent, qui a quand même risqué sa peau pour la mienne, je serais sans doute perdu corps et bien quelque part aux environs de cette ville… C’est une chance d’être arrivé ici, pratiquement par hasard… J’en déduis que c’est une ville frontière… Mais je suis surpris de voir autant de militaires, je pensais le royaume en deuil… Quelle tragédie… »

Pendant qu’un des assistants s’occupait de « Leith », Caym continua à converser avec le commerçant, posant des questions subtiles mais au but plus insidieux, celui de collecter des informations afin de faciliter sa mission. Le commerçant était un grand bavard qui aimait bien le son de sa propre voix et Caym se félicita de ne pas avoir ce genre de personnage dans son état major : s’il l’avait voulu, il aurait pratiquement pu obtenir du commerçant des informations très personnelles sur sa vie privée… Le gros des informations récoltées était d’un non intérêt profond mais le général en mission parvint à glaner quelques informations de ça et là sur diverses choses se passant en ville. Cela donnait certes une vue d’ensemble partielle mais c’était déjà un début.

Il avait déjà pu tirer certaines conclusions lui-même et il commença à se demander si la présence militaire additionnelle était accidentelle ou le fruit du travail d’un espion d’Otian infiltré à Rugilian. Ces damnés parasites étaient pires que la peste! Il espérait de tout cœur que ce soit une vulgaire coïncidence… Mais Caym ne croyait pas en ces choses là. Il avait derrière lui trop d’expérience en tant que militaire pour croire en un concept si porteur de faux espoirs… La chance un coup partit tient! Il devrait trouver les pièces de ce puzzle lui-même… Ou l’obtenir de quelqu’un. L’assistant s’occupant de « Leith » lui sait car il fréquente la taverne : le détachement ne fait que passer, il est en route pour un village plus près de la capitale… Et derrière le masque qu’est son visage quand il le désire, Caym Symanth sourit. Il a conservé sa longueur d’avance sur Otian…

Une fois l’inconnu plus présentable, Caym paya et ce fut un nouveau trajet de muet pour Caym qui entra dans la taverne, prit place et autorisa enfin le civil à parler et à répondre à des questions posées bien plus tôt au cours de leur présente rencontre… sans toutefois oublier de lui rappeler que l’autre lui devait un verre… Et d’en rajouter un peu plus lui-même, circonstances obligent. Autrement… Ce parfait inconnu portant de nouveaux vêtements payés par le général risquait d’être une vraie nuisance.


« Bien, maintenant que les broutilles sont réglées et que tu ne me feras pas remarquer, sache que je suis un homme qui a beaucoup d’ennemis. Tout le monde en a, c’est normal, le succès des uns attire la convoitise des autres. Si je suis si prudent, c’est parce que je sais que certains de ces ennemis sont dans les parages. Si tu m’aides, je te promets une somptueuse récompense. Si tu refuses, tu seras mort avant même d’avoir pu appeler à l’aide. Désolé garçon mais tu t’es trouvé à parler à la mauvaise personne si tu espérais que les prochaines vingt-quatre heures soient tranquilles… »
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Nero Hiems

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MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeSam 23 Jan - 15:22

Je me tenais là, devant cet homme connu et inconnu, le regard armé des douleurs du passé. Il n’était pas différent des voyageurs, vêtus de noir, l’allure haute. Mes yeux, accrochés aux contours de ce visage, cisaillaient la bouche, le sourire fin, ce regard noir. Mais quand il parla, je reconnus quelque chose d’unique, de rare : je le sentis. Et pourtant son ton s’était fondu dans la pauvreté du temps ; cette humidité pesante. Ses paroles m’apparurent comme l’éclat double de ce sourire fermé ; l’expression lisse de sa face jura avec sa condescendance heureuse. Je crus rêver. Qui était-il ?

« On m’a dit que la ville se passait de carte : elle est petite, et peu connue, fis-je de ma grave. Navré. Mais vous parlez d’un travail ? »

Où étaient la raison et les moyens de cet anonyme à la gloire sombre ?
J’étais décontenancé par sa demande ; mes yeux se plissaient. Cette silhouette fine commençait à s’épaissir d’ombres, de mystère. J’entendais le timbre doucereux de sa voix posé sur les fusils, gagner mon esprit. Mon esprit vagabond qui ne se détache pas de ses traits, de cette allure clinquante. Pourquoi me rappelle-t-il tant mon père ?

« J’accepte. »

Mon âme et mon visage s’étaient fendus de cette parole, comme l’orage du ciel ! Il ne se présenta pas, mais son sourire narquois sembla corrompre sa face, et y laisser les lumières de la victoire. Il partit alors devant ; nous quittions la ruelle. Je restai à distance, derrière lui. Et quand nous passâmes dans la rue, devant les ramifications qui partaient, s’enfonçaient dans le cœur de la ville, je sentis mon cœur s’écraser. Sous les soucis du ciel, sous la présence de cette femme. Je savais qu’elle était là, quelque part. Son ombre partout m’apparaissait dans la brume. Il plut, les hommes coururent et le brouillard épais se dilua.

Intimement, mes espoirs brûlaient sans bruit : je n’espérais rien de moins que retrouver la femme cherchée. La nuit tombait, le vent soufflait, pénétrant, sur les steppes. Cet homme, ce clown, je le suivis.

Quelle surprise amère quand il me parla de vêtements ! Il semblait marcher dans un théâtre, fier et caressant. Je le regardais. Quand ces foutus commerciaux m’ont mesurés, m’ont rhabillé : allai-je refuser ? Juste parce qu’il me semblait que ces mains minuscules se promenant le long de mon dos, étaient mues par la volonté d’un autre. Cet autre qui se penche sur le comptoir là-bas, parlant au marchand.

Homme étrange, homme mauvais, qu’exposent les glaces de ta fierté, à part ton reflet ? Qu’annoncent tes gestes ? Gestes des épopées antiques. Je me posai ces questions. Et quand il fit sa déclaration, nez rouge à visage pâle, dans cette taverne, je crus rêver.

Un moment de silence, chargé des bruits de la salle, des voix puissantes, du cliquètement des verres, des pas lourds, des entrées, des courants d’airs. Quel silence tomba sur mon front ! Et, sur le bout de mes lèvres craquelées, remontèrent les vents infinis du désert, qui avaient, toute ma vie durant, inspiré à mon cœur les voix du silence. Je connaissais ce silence. Il ne dura pas longtemps ; je voulus rire, expirer toute cette morgue que je voyais dans son maintien, lui demander s’il était si valeureux qu’il puisse ainsi, se vouloir au-dessus des colères humaines.

Je ris. Du rire sec de mon enfance difficile, du souffle aride de ma solitude. Et le Feu dans mon ventre me susurra combien j’étais fier. Cet homme était dangereux. Sa voix, ses gestes, portaient loin comme les lances. Son visage était dangereux. Mais moi, moi qui ai fait tant de chemins, je ne plie pas sous les règles des hommes. Affronte-moi, clamait mon regard brillant, prouve moi que ta puissance n’est pas qu’illusion. J’étais septique, le Feu regardait le colosse en face de moi d’un œil froid ; J’étais triste.

« Tu ne m’as toujours pas dit quel serait mon travail, homme sans nom ! »

Toi qui n’es pas si inconnu que ça de cette ville. La lumière chaude des feux dans la salle, flambaient avec mollesse devant celui qui alluma nos yeux.

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MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeVen 29 Jan - 14:32

Le général aurait très bien pu décliner son identité, s’identifier comme le général de l’infanterie et de la stratégie de Rugilian. Dans un village si reculé et apparemment peuplé des personnes les moins intelligentes du royaume d’Otian, il doutait que quiconque l’aurait prit au sérieux. Cependant, il n’était pas imbu de lui-même au point de faire une telle imbécillité, aussi devait-il se trouver une identité d’emprunt. Ce ne serait pas difficile, Caym avait un esprit vif et très propice à l’improvisation, quelles que soient les circonstances. Ce n’était pas la première fois que même sans altérer sa propre apparence, juste son style vestimentaire, il parvenait à convaincre à force de sa seule voix son interlocuteur. Quand on sait manier la langue aussi bien que la cimeterre, il fallait être un duelliste égal pour trouver la vérité dans ce que Caym Symanth disait… Et il doutait très fortement que cet homme soit en mesure de faire une telle chose. Autant se l’avouer tout de suite : Caym voyait plus dans cet énergumène de la chair à canon quelconque qu’un vrai et réel potentiel pour l’aider dans sa mission. On avait souvent tendance à sous estimer l’importance de la chair à canon… Mais pas lui.

Que serait son identité d’emprunt? Les possibilités ne manquaient pas. Il fallait rester dans le ton de l’espionnage donc il faudrait composer avec ce genre d’éléments… Et intérieurement, il se mit à sourire. Dans la guerre, une des armes les plus puissantes dont une armée puisse disposer était l’information, savoir où était l’ennemi, ce genre de détails. Ce genre de… Marchandises, si l’on pouvait dire, se vendait à prix d’or à qui était prêt à payer. En fait, curieusement, c’était un des rares commerces où il n’y avait pas de contrefaçon car les enjeux étaient bien trop grands. Mais… S’il y avait des soldats mercenaires, il y avait aussi des espions mercenaires. L’histoire qu’il venait de se créer pour aller avec son personnage était donc en béton, si solide que son interlocuteur en face n’y verrait que du feu. Après tout, qu’est-ce que ce jeune homme connaissait à la guerre? Probablement rien ou tout du moins rien de suffisant pour pouvoir émettre des doutes.


« L’espionnage, mon jeune complice, l’espionnage, rien de moi. Regarde autour de toi et tu n’y verras que la guerre. Les royaumes paient des fortunes pour obtenir des informations privilégiées sur leurs ennemis. Les espions mercenaires dans mon genre deviennent donc très riches très vite… Et tu pourrais bien te retrouver toi aussi très riche très vite en m’aidant. C’est aussi simple que cela. »

Caym savait qu’à cette explication claire et pourtant simple il y avait un point… Important, dans une certaine mesure, qu’il n’avait pas abordé. La méthode. Si Caym était suffisamment malin pour ne pas laisser de traces de ses investigations, il ne mettait que peu de foi en les compétences de son potentiel subordonné. Il était clair, à son sens, que si l’homme avait des compétences quelconques dans le domaine militaire, elles étaient soit fort bien cachées, ce dont il doutait énormément ou alors il n’en avait tout simplement pas, ce qui était fort probable. Il s’agissait sans doute d’un étranger, comme lui, manifestement et il se fondait difficilement dans la masse, civil par-dessus le marché. Il serait comme une vive lumière dans les ténèbres, il attirerait le regard pendant qu’il ferait le vrai travail. À ceux qui auraient pu dire que Caym manquait d’humanisme sur un tel coup, il aurait répondu sans hésiter que la guerre se passe de ce genre de considération et que pour arrêter les massacres, il faut souvent faire acte de la pire des violences et des tactiques les plus insidieuses qui soit. C’était ça, la guerre, pas une partie de plaisir…

Observant à la fois la pièce et son potentiel acolyte, Caym Symanth scrutait et analysait tout ce qui se passait autour de lui. Une bonne connaissance de son environnement était un atout précieux et s’il y avait bien une chose que détestait tout particulièrement le général, c’était de ne pas avoir l’avantage du terrain. Ne serait-ce que pour planifier sa fuite en cas de désavantage lors d’une bataille, il fallait savoir qu’elles étaient les voies les plus sûres pour ce faire. C’était un des principes de base auquel Caym ne démordrait jamais : le terrain est une ressource précieuse et celui qui néglige cette dernière commence la bataille avec un énorme désavantage. Et puis du reste, qui serait assez imprudent pour se laisser absorber complètement par une discussion? C’était le meilleur moyen de rater un mouvement suspect… Qui pouvait savoir ce que l’instant suivant réserverait comme traîtrise? Bien peu de personnes, ce qui forçait le militaire aguerri à être paré à toutes les éventualités pour mieux se défendre puis ensuite attaquer.

Il se livrait, à peu près en simultané, à l’étude de son compagnon de table. Si jamais il ne s’était laissé démonter ou s’il avait toujours arboré une expression neutre, il n’en demeurait pas moins que ce jeune homme l’intriguait. Encore un jeune inconscient qui se prenait pour un autre, sans doute, et qui pensait que rire et jouer les durs, ou tenter de jouer les durs, était une tactique utile face au général. Une recrue dans son genre, il lui aurait envoyé son poing en plein estomac et lui aurait fait faire une dizaine de tours de piste sans lui laisser le temps de reprendre son souffle. Si Caym Symanth ne se prenait jamais plus ou rien de moins que ce qu’il jugeait être, ce qui dans la grande majorité du temps était très près de la réalité, il trouvait que ce conscrit forcé se donnait trop d’airs pour être honnêtes. Autant s’amuser un peu avec lui et voir à qui il avait réellement à faire. Hélant un serveur, il passa commande, invitant l’autre à le faire, en précisant que c’était au compte de cet inconnu et il abandonna ensuite son compagnon de table, momentanément, disant qu’il voulait demander des informations au tavernier. Rien de suspect, rien d’anormal… Et le général disparut dans la petite foule qui avait été croissant, sans doute à cause du temps de chien dehors.

Ce que son potentiel complice ne savait pas, c’était que ce cher Caym disposait de petits produits qui avaient la particularité de délier les langues… Il avait avec lui l’équipement du parfait petit espion et donc quelques gouttes dans le verre du jeune homme et il serait bien plus bavard… Et Caym obtiendrait les informations qu’il voudrait. Le général intercepta le serveur, lui rentrant dedans et d’un geste imperceptible né de l’entraînement, la substance était dans le verre du jeune homme, invisible et surtout… Indétectable. Reprenant place après un commentaire sec sur la piètre performance su serveur, il leva son verre et bu en même temps que l’inconnu, compta jusqu’à vingt, le temps que le produit commence à faire son effet et prit ensuite la parole.


« Dis moi… Qui es-tu au fait? Que fais-tu ici? Tu n’es manifestement pas du coin, cela se voit à ta façon de te déplacer et de regarder les choses. À quel jeu joues-tu, mon jeune ami? Rire au nez d’un espion mercenaire, par exemple… C’est tout sauf faire montre d’intelligence. En un jour moins bon pour moi, tu seras dans une ruelle quelconque, mort, et la milice penserait à un vol à la tire ayant mal tourné… Alors je te conseille de jouer franc jeu avec moi. Un accident arrive si vite… »
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Nero Hiems

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Derrière les lignes ennemies... _
MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeDim 7 Fév - 16:49

Je sentis, comme… une piqûre. Elle ne dura pas longtemps, mais s’enfonça dans le fond de ma gorge jusqu’à percer les poumons, glisser dans ma respiration. L’air que j’expire. L’air que j’inspire. Doucement, ma vision se précisa ; détail après détail, les éléments sous mes yeux s’éblouirent, et me crachèrent des reflets. Les sons se parèrent d’une fine couche d’écho. Ma main se crispa près du verre, où miroitait la bière tiède ; la mousse dévorée se morfondait doucement dans le liquide ambré. Je regardai de droite, de gauche, et d’ouest en est rien ne répondit à des questions sans réponses. Mon esprit, tel un serpent ramassé, se déplia sous les cieux de ma tête. Je sentais un soleil infernal brûler l’envers de mon crâne. Les toxines, paresseusement, dansèrent sur le nœud de mon silence. Je sus que je ne m’appartenais plus.

Je respirais profondément, tentais de réguler ce cœur instable qui poussait, criait. Mais rien n’y fit, je restai frustré de ma volonté, et devant sa question, ce fut un soupir du cœur vaincu qui lui répondit. Je ne saurai dire laquelle de mes plus fières muses a plié la première, mais elles m’ont murmuré de disparaître. Invisible, de nouveau : quel rêve ! Quelle quête.
Je crois que fuir, là, c’était mettre mon âme à bas. Fuir devant la vérité. Je n’ai rien, ne crains de rien perdre ; libre vous dis-je !... Que c’était ironique.

« Je suis Nero Hiems. Si je t’ai rit au nez, espion, c’est que je n’ai pas peur. J’étais là pour retrouver quelqu’un depuis longtemps perdu. Mais je n’ai pas trouvé. »

Je pensais que mon œil laiteux devait être plus éloquent, dans la semi-pénombre, que tous les mots du monde. Salopard de merde, songeai-je, la gorge brûlante. M’arracher la vérité. Quelle blague ! Un homme qui se méfie autant a des intérêts trop grands pour le commun que je représente. Et ces mots qui se pressent dans l’eau de ma bouche pour surgir au grand air ! Je serrai les dents, et dis :

« Je travaille en tant que mercenaire, habituellement. Je n’ai aucun bouleau, actuellement, ton offre est la bienvenue, inconnu. J’ignore ce que tu cherches, mais je ne crois pas avoir intérêt à taire la vérité avec toi. La vérité est simple n’est ce pas ? »

J’eus un sourire pâle et amer. La vérité chez cet homme devait être simple, et ô combien précieuse. Je ne m’en souciais guère, j’étais ailleurs que dans les mailles des filets qui empêtraient ses mots. J’étais volatile, et m’effaçais avec les vents d’est. Porté jusqu’au couchant avec le sommeil… Lourd comme je suis, pensai-je, impossible de voler. Fuir me tuerait. Qu’il est bon de n’avoir rien à perdre ! Pour personne, n’avoir de craintes… Mes craintes sont infinies, sont immortelles. Mais elles sont loin. J’ai tant perdu.

« Si tu veux tout savoir, j’ai 21 ans, et suis de Rugilian. Rien d’autre ne t’intéresse, je suppose en tant qu’espion. Ah ! Si, bien sûr : j’ai reçu une formation aux armes. C’est mon seul talent. »

Je le fixai, respirai, lui affichai la figure sculpturale des pires gargouilles, dissimulant gentiment les guerres absurdes que son poison avait fait germer le long du sentier de ma gorge. Jusque ma poitrine. Jusque chez moi. Je haïssais cette intrusion. Je restai impassible, attentif. Mes mains chauffaient.
Et puis c’était vrai : mes pouvoirs n’étaient pas des talents. Mais des tares.
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MessageSujet: Re: Derrière les lignes ennemies...   Derrière les lignes ennemies... Icon_minitimeLun 8 Fév - 1:59

« Oh quoi, le petit civil n’a pas peur des méchants espions faisant aussi office d’assassins? Comme c’est touchant… Vraiment, si tu ne m’amusais pas, tu serais en train de respirer par un orifice supplémentaire en ce moment… Tu sais, ne pas avoir peur est une chose, faire montre de courage une autre. Faire preuve de stupidité comme tu le fais, ce n’est pas du courage, ça… »

Le ton avait été particulièrement méprisant car Caym ne voyait pas devant lui un combattant mais un vulgaire civil. Un type comme celui là, il lui aurait fait récurer au cure-dent toutes les latrines de la caserne… Il ne se tenait pas suffisamment droit, il semblait abattu par les dieux savaient quoi, il ne semblait pas bien dans sa peau… Et il se disait un homme! Peut être pas de vive voix mais le sous-entendu était là… Ce type lui rappelait cet espèce de petit con arrogant qui s’était engagé dans l’infanterie en se disant que c’était la branche la plus facile de l’armée… Caym lui en avait tellement fait voir de toutes les couleurs que le type ne s’en était jamais remit. En fait, pendant longtemps, la légende urbaine avait voulu qu’il se suicide à cause de Caym… Mais ce que les gens avaient prit pour une tentative de suicide était simplement un bête accident.

Toujours était-il qu’en plus de cela, Caym était en face d’un des types de combattants les plus méprisables qui soient : un vulgaire mercenaire, tout juste plus civilisé qu’un barbare. Et encore… Le barbare lui ne faisait pas dans la torture et le sadisme car il ne savait pas ce que c’était. Caym haïssait les mercenaires et d’ailleurs, Caym faisait exécuter scrupuleusement tout ceux qui avaient l’audace de venir solliciter l’infanterie rugilianaise. Les chasseurs de primes, eux, avaient des codes, des lois strictes et bien régis et étaient un minimum dignes de confiance… Les mercenaires pouvaient se retourner contre vous du moment qu’on leur offrait plus d’argent, des armes, de l’Alcool et qu’une ravissante femme écarte les jambes et ne les mène par ce qu’ils avaient dans le pantalon… Si Caym pouvait lancer un regard plus venimeux que celui qu’il avait en ce moment… C’était difficilement concevable pour ne pas dire impossible…


« De la vermine, comme c’est désagréable. Les espions mercenaires, comme les chasseurs de primes, sont régis strictement par des lois, des codes et des guildes. Les mercenaires? AH! Jamais dans mille ans. Vous êtes une honte et un déshonneur pour tous ceux qui désirent gagner de façon plus ou moins honnête leur vie. Pillage, viols, massacres… Vous commettez les pires atrocités qui soit! Et ne parlons même pas des magiciens ou sorciers mercenaires, des psychopathes assoiffés de sang oui! À peine plus que des bêtes mais hélas dotés d’un intellect redoutable… »

Si les mots pouvaient blesser physiquement… On devait en être proche, très proches. Si l’autre voulait avoir une chance de travailler pour Caym et se faire une petite fortune… Il devrait alors travailler fort, à commencer par changer d’attitude car la prochaine fois, Caym ne le raterait pas… Il se prendrait de l’acier trempé dans le corps, c’était clair, net, sûr et certain! Le général Symanth ne respectait que ceux capables de faire leurs preuves… Et ce Nero Hiems, à date, à part donner une mauvaise impression et livrer une performance plus que médiocre, risquait de se retrouver bien vite assit seul à cette table. Après tout, Caym était suffisamment compétent pour faire ce qu’il avait à faire sans aide extérieure. Plus il y pensait… Plus il se disait que d’avoir tenté d’établir le contact avec ce type bizarre était une mauvaise idée… Une très mauvaise idée même.

Peut-être qu’il serait plus sage de tenter de recruter à même la faune locale, savait-on jamais… Pour l’argent, rares étaient ceux qui ne trahiraient pas père et mère… Alors trahir son royaume devenait alors un jeu d’enfant… Le général espérait que le reste de son équipe avait eu plus de chance que lui pour trouver de bons pions pour faire le sale travail… Encore que… Dans cette situation, il avait peut-être encore une carte à utiliser contre l’être qu’il jugeait parfaitement pathétique et pitoyable assit en face de lui… Un échange de services. De quoi sauver des fonds qui retourneraient dans les coffres de l’infanterie et faire de l’observation passive tout en trimballant cet espèce de… De quoi au fait? À l’attitude et d’apparence… Il faisait dépressif, malade, fatigué, faible… Il inspirait à Caym une profonde révulsion. Mais bon, c’était un citoyen de Rugilian, il était donc techniquement plus fiable que les otianais… Foutue guerre et ses besoins de faire avec les moyens du bord… Mais bon, il fallait savoir faire le nécessaire…


« Si tu es aussi futé que tu en as l’air, je comprends que tu n’aies pas trouvé ce que tu cherchais. Mais bon… Nous pouvons sans doute en arriver à quelque chose de profitable à tous les deux. C’est à ton royaume natal que je compte vendre ces informations, en bon patriote tu ne devrais donc pas accepter une rétribution monétaire… Mais par contre, tu sauras accepter un… Coup de main, pour trouver ce que tu cherches, n’est-ce pas? Contrairement à toi, mon potentiel complice, je sais voir ce que beaucoup ne voit pas et je sais obtenir ce que plusieurs jugent impossible. Cela vaut le coup de tenter quelque chose, tu ne penses pas? Tu m’aides avec ma mission d’espionnage et je t’aide avec ta propre quête personnelle. Un marché presque honnête, considérant que tu en sors gagnant et que moi je me retrouve à perdre un temps précieux… »

Ce n’était pas tout à fait vrai que de dire que Nero Hiems en sortirait gagnant. En fait, Caym pourrait très bien assister le jeune homme dans sa propre quête et s’en servir comme appât pour détourner l’attention de sur sa personne. De toute façon, les chances étaient qu’ainsi arrangé, cet homme ne pourrait jamais reconnaître Caym s’il le revoyait à Rugilian. Peut-être que l’espace d’un instant, il pourrait avoir un doute… Mais Caym était un prédateur dangereux dans le genre humain et depuis tout petit, il savait effacer ses traces et disparaître. Général d’exception, stratège de génie, combattant hors pair, espion talentueux, manipulateur difficilement égalable et même assassin compétent… La guerre et ses artifices, tout ses artifices, semblait comme une seconde nature pour le général qui, si on se fiait simplement à son style, serait très certainement malheureux en tant de paix… Mais encore là, les apparences, chez Caym, étaient doublement trompeuse car il avait pour habitude de mettre un masque sur un autre masque… Certaines mauvaises langues disaient qu’il avait soit du sang d’ombre, de démon ou d’elfe de la pénombre dans le sang… Et Caym, doué comme il était pour s’entourer de mystère, n’Avait jamais commenté ou démenti quoi que ce soit. Le monde étant ce qu’il set, les questions sans réponses ont le même effet qu’une belle tranche de viande saignante au milieu d’une meute de loups affamés… Tous cherchaient à le percer à jour sans aucun succès. Même sa propre famille et la femme de sa vie ne connaissait que ce qu’il daignait bien révéler… Sans rien de plus. Caym était à ce point une énigme…
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