.:| Confession d'Une Soeur d'Autrefois {Pv} |:.

Invité

C’était un soir sans lune. Le ciel n’était qu’un drap noir qui, tendrement, me prenait dans ses bras. Le vent murmurait à mon oreille, des ombres étranges et terrifiantes dansaient la valse autour de moi, le bruissement des feuilles était infernales. Il me semblait avancer dans un jardin des enfers. Les plantes avaient fanés, les récoltes n’avaient pas été bonne, comme le témoignait certaines légumineuses pourris au bout de leur tige. Le ciel était couvert de nuages gris et menaçant. Un loup hurla au loin, l’écho de son hululement se propageant dans la cité. Je regardai le morceau de pierre rectangulaire planté dans le sol, fièrement érigé dans les jardins royaux du Palais. Le type de pierre choisis était d’un blanc immaculé, et on avait gravé en son centre le nom du défunt, à côté des autres membres de sa famille, qu’il avait finit par rejoindre, bien avant qu’on l’aurait souhaité. Je lisais lentement chaque syllabe gravé dans la roche, comme pour m’assurer de bien mémorisé l’image de la pierre tombale. Je n’étais pas sûr qu’un jour, j’aurai le courage de revenir faire face à mon … frère. Je soupirai et abaissai le capuchon du long manteau noir que je portai cette nuit-là, comme pour décliner mon identité auprès du défunt. Ridicule, quand on y pensait. Azure ne saurait jamais que j’étais venue lui rendre visite, en cette nuit de Décembre, pour enfin vider mon cœur de tout ce dont je lui tenais vigueur depuis ses 18 dernières années. À vrai dire, personne ne le saurait jamais, sauf moi. J’étais enfin prête à m’adresser à lui, et même si j’étais quelqu’un de plutôt réaliste, je me disais que, bien qu’il n’entendrait jamais le discours que j’étais venue lui chanter, j’irai me coucher le cœur moins lourd, et c’était la seule raison pour laquelle j’étais venue me recueillir devant un vulgaire morceau de terre. De toute façon, de tout mon vivant, je n’aurais jamais eue le courage de lui dire ce que j’allais lui dire maintenant. C’est tellement ironique, pensai-je. On a la volonté de faire quelque chose que lorsqu’on est certain qu’aucune conséquence ne peut en retirer. Que pourrait bien me faire Azure depuis sa tombe ? Il n’allait certes pas se retourner dans sa tombe. Je me raclai la gorge, qui, depuis mon arrivé, était devenue sèche, et pâteuse. Un nœud s’était formé, prêt à m’empêcher de m’expliquer clairement avec mon… Petit frère.

Je me laissai littéralement tombé à genoux devant la tombe d’Azure, alors que les larmes me montaient aux yeux. Je bredouillai quelques paroles intelligibles, avant d’exploser finalement en sanglot, cachant mon visage dans mes mains. Pourquoi me retenir d’avantage, alors que le besoin de pleurer était tellement brûlant ? Il n’y avait personne dans les alentours pour m’épier alors que je dédiais quelques paroles, et plusieurs larmes à mon frère. Pendant de longues, longues minutes, je fus incapable de reprendre le contrôle. Mon corps était secoué de violent tremblement, mes dents claquaient ensemble, alors que pourtant, j’étais bien habiller. Il me semblait que, tout d’un coup, je réalisais qu’Azure était réellement mort. C’était comme si un froid intense circulait dans mes veines, en plus d’une fatigue étrange et d’une douleur cuisante qui me prenais à la poitrine. Je plaquai une main sur mon abdomen en sanglotant. Comment avais-je pus rester aussi longtemps insensible à la mort de mon frère ? Comment ? Comment … Je revis dans ma tête les images des jours précédents, au moment même où Ismérie avait plongé sa lame dans son cœur. Je pris mon crâne entre mes mains en serrant les dents. Je revoyais son corps se vider de son sang, sur les dalles froides de la Tour des Nuages. Je n’avais pas pus le sauver… Je n’avais pus protégé mon petit frère…
Azure…

« Pardonne-moi… » Murmurai-je en levant des yeux larmoyants sur la pierre.

Je baissai lamentablement le regard, comme si dire ces deux mots m’avaient pris tout le courage du monde. Je soupirai et repris mes moyens. Je m’assis en Indien devant la tombe d’Azure, reprenant mon masque de froideur. J’avais remarqué, étrangement, que depuis sa mort, mes yeux s’étaient assombris. Il était maintenant quasi impossible de discerner les prunelles des iris. Mon côté Elfe de Pénombre se révélait … Je séchai rageusement du revers de la main, les larmes encore présent sur mon visage et je m’adressai à la pierre tombale, comme si Azure lui-même aurait été devant moi.

« Pourquoi, Azure, pourquoi !? Pourquoi m’avoir fais ça !? Pourquoi !? POURQUOI ! »

Je repris mon calme aussi rapidement que je l’avais perdue.

« Pourquoi m’as-tu abandonné…? » demandai-je d’une petite voix. « Ne savais-tu pas à quel point je t’aimais, toi mon frère ? Pourquoi m’avoir toujours repoussé ? Pourquoi m’as-tu fais revenir en Otian, si c’était pour avoir la même complicité que nous avions quand je n’étais pas là –ce qui veut dire aucune- ? Hein, pourquoi ? N’aurais-je été qu’une figurante dans ta petite existence qui n’aura duré que 18 ans !? Pourquoi ne m’as-tu pas laissé te sauver des ténèbres, mon frère ? Pourquoi, pourquoi ? Tu es partie en emmenant tout avec toi, Azure … Tu as emmené le cœur de ta sœur, tu as emporté la paix … Tu es partie en laissant un vide que toi seule pouvait combler… »

Mon dieu si seulement il aurait été là … Si seulement, à cette instant, j’aurai pus le prendre dans mes bras, le serrer fort contre moi … J’aurai voulue revoir ses beaux grand yeux bleu, son visage angélique, ses longs cheveux aux reflets azurés, ce pourquoi il tenait si fièrement son nom … Si seulement la vie n’était pas ainsi faite, c’est-à-dire aussi cruelle. Rien n’avait jamais souris à Azure. Ni père, ni mère, ni la chance, ni le pouvoir.. La vie elle-même semblait l’avoir condamnée, tout ça parce qu’il n’avait jamais été souhaité. Je poussai un soupir à fendre l’âme. Aujourd’hui je n’avais plus rien, Azure m’avait emporté dans sa folie, puis sans sa mort …

« Tu étais tout ce que j’avais ! Tout ce que j’ai fais, au cours de mon existence, je l’aie fais pour toi, mon frère ! Je t’aie tout donné … Je ne t’aie jamais négligé … Je t’aie aimé comme une sœur, comme une mère … Je t’aie aimé comme une amie … Et aujourd’hui tu me quittes en laissant derrière toi des questions qui resteront à jamais sans réponse … Azure, mo dheartháir… »

Je tendis la main et la pausai contre la pierre froide. Une larme naquit dans mon œil, vécue sur ma joue et mourut sur mes lèvres. Je murmurai, à peine audible…

« Je t’aimais … »

Je me relevai et quittai l’endroit, en laissant derrière moi la dernière chose qui me restait : Mon cœur. Je rabaissai le capuchon de mon manteau sur ma tête et disparus dans la nuit. Aujourd’hui, je jurai devant les seules témoins, c’est-à-dire dieu, les étoiles ainsi que la lune.
Je tuerai Ismérie.

Et ce, au péril de ma vie …